Le bonheur, Mary-Sophie Harvey y a touché à Sherbrooke, en obtenant deux médailles de bronze même si elle est la cadette de la délégation québécoise, mais surtout, en nageant aux Jeux du Canada, tout simplement.

Affichant une joie de vivre peu commune, la Trifluvienne de 13 ans mordait dans la vie au sortir de la piscine du centre sportif de l’Université de Sherbrooke après sa dernière épreuve jeudi soir.

Pourtant, rien n’indiquait à ses débuts au club Mégophias, à l’âge de six ans, qu’elle terminerait troisième au 400 m quatre nages et au relais 4x200 m libre, en plus de finir quatrième au 200 m brasse et cinquième au 200 m quatre nages cette semaine.

« À mon premier cours au club, j’ai eu peur de l’eau. Je voulais aller dans l’eau, mais j’ai bloqué dès que je suis arrivée sur le bord de la piscine. Je m’accrochais au bord et je ne voulais pas y aller. J’ai dû faire mes cours de la Croix-Rouge. J’ai recommencé trois fois le niveau 1, où on doit réussir à faire l’étoile. », rigole Harvey.

C’était pourtant à sa demande que ses parents l’avaient inscrite chez les Mégophias, eux qui ont participé aux sélections olympiques canadiennes des Jeux d’Atlanta en 1996.

Son père était un adepte des sprints, participant à des courses de 50 et 100 m libre et papillon, alors que sa même aimait le travail de longue haleine, nageant le 800 et 1500 m libre ainsi qu’en eau libre.

Quant à Harvey, elle n’a pas encore choisi son camp. « Je suis entre les deux. Je fais des 100, 200 et 400 m et je me débrouille au 800 et 1500 m. J’aime bien nager le papillon, la brasse et les épreuves quatre nages. Je ne suis pas tellement difficile », constate-t-elle en souriant.

Après avoir finalement accédé au club, son désir de la compétition a tôt fait de l’allumer. « J’ai progressé quand même rapidement. J’enchaînais les meilleurs temps et je me donnais à l’entraînement. Plusieurs étaient là pour s’amuser alors que moi, j’aimais déjà la compétition. »

« Ça me met de la pression, mais je l’aime cette pression », ajoute la protégée de Hanna Shcherba, qui quitte d’ailleurs le Séminaire Saint-Joseph pour poursuivre sa troisième année du secondaire cet automne au sein du programme sport-études des Estacades.

Avec ses plus récentes performances et l’attention médiatique dont elle a fait l’objet, il lui sera difficile d’être discrète avec ses amis à propos de sa carrière sportive. « Au début, je disais juste à mes amis que je me débrouillais. Quand elles ont lu un premier article sur moi, elles sont venues me voir pour me dire que finalement, je devais être bonne », se remémore avec amusement Harvey.

Dubaï l’attend

L’athlète de Trois-Rivières est passée par toute la gamme des émotions ces deux dernières saisons, mais elle vit des moments exaltants depuis quelques semaines.

« Il y a deux ans, je battais mes records à chaque compétition. Ça allait vraiment bien. L’année dernière, j’ai plafonné un peu. Je m’entraînais tout aussi fort, mais les résultats étaient moins là. Cette saison, je suis revenue en force », résume celle qui a réussi à se tailler une place au sein de l’équipe canadienne qui participera aux Championnats du monde juniors à la fin du mois.

« Je quitte dans trois jours (dimanche), le jour de ma fête. C’est vraiment un beau cadeau. On dirait que je ne le réalise pas encore », admet l’athlète qui célèbrera ses 14 ans en prenant un vol pour Barcelone, où la délégation nationale sera en camp d’entraînement avant les mondiaux, qui se dérouleront à Dubaï, du 26 au 31 août.

C’est en se classant au troisième rang du 200 m papillon, toutes catégories d’âge confondues, lors des récents Championnats canadiens que Harvey a obtenu son laissez-passer pour les Émirats arabes unis.

Il s’agira de sa deuxième expérience au sein d’une délégation du pays, elle qui a pris part en août 2012 à la Coupe du défi nord-américain, qui a réuni dans différentes catégories d’âge des nageurs américains, mexicains et canadiens à Edmonton.
Et à quoi rêve-t-elle en tant qu’athlète? « C’est sûr que j’aimerais me rendre aux Jeux olympiques! » lance Harvey avec conviction.

L’objectif est élevé, mais si à 14 ans elle se mesurera déjà à l’élite mondiale junior, on ne peut pas dire qu’il est irréaliste.