PRETORIA - Le procès du champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius est entré lundi dans sa quatrième semaine avec un nouveau témoignage faisant état de cris terrifiants et de coups de feu la nuit où l'athlète a tué sa compagne en février 2013.

Anette Stipp, une voisine citée par l'accusation, a dit avoir entendu des coups de feu, puis une femme crier, puis d'autres coups de feu aux premières heures du matin de la Saint Valentin.

« J'ai entendu trois... ce qui m'a semblé être des coups de feu », a témoigné Mme Stipp. « Et puis, c'était quelques instants après les coups de feu, j'ai entendu une dame crier. Des cris de terreur, de terreur. »

Son témoignage, qui concorde avec de précédentes déclarations, vient contredire la version de l'accusé.

La défense a fait valoir que les coups de feu qui ont tué Reeva Steenkamp ont été trop rapprochés pour qu'elle puisse crier et alerter son ami. Lui affirme qu'il croyait à la présence d'un intrus dans les toilettes.

« Après la première série de coups de feu, une femme a clairement crié pendant un certain temps », a témoigné Mme Stipp qui dit avoir également entendu une voix d'homme. Puis "juste avant la deuxième série de coups de feu il y a eu un hurlement d'homme, et puis après les coups de feu c'est redevenu tranquille".

D'autres témoins habitant plus loin avaient entendu des cris, puis un coup de feu, puis les hurlements d'une femme, puis trois autres coups.

Les lumières étaient allumées chez Oscar Pistorius, et la fenêtre de la salle de bain était ouverte, a encore dit Anette Stipp à la Cour, comme son mari avant elle. L'accusé a affirmé qu'il avait tiré dans l'obscurité totale.

« Parfois j'ai peur de toi »

Reeva Steenkamp, la défunte petite amie de Pistorius, lui avait reproché ses scènes de jalousie dans un texto envoyé peu avant le meurtre, disant qu'il la rendait « heureuse 90 % du temps » mais qu'il lui faisait peur parfois.

Le 27 janvier 2013, Reeva Steenkamp assistait aux fiançailles d'un de ses meilleurs amis. Par messagerie instantanée sur son téléphone portable décrypté lundi à l'audience par un expert de la police sud-africaine, elle s'est plaint en ces termes : « Depuis que tu es rentré du Cap, tu m'agresses constamment et je comprends que tu sois malade, mais c'est méchant. [...] Je ne flirtais avec personne aujourd'hui. Ça me rend malade que tu aies suggéré ça et que tu aies fait une scène à table qui nous a fait partir plus tôt ».

Elle exprimait sa « déception », et se plaignait d'une « relation déséquilibrée » où il a le droit d'être « en colère » ou « distant », mais pas elle.

Et d'ajouter : « Parfois j'ai peur de toi, comment tu me parles et comment tu réagis. [...] Tu me rends heureuse 90 % du temps et on est super ensemble mais je ne suis pas une autre de ces pétasses rabat-joie. [...] Pourquoi continuer? Je me fais agresser et tu te plains que tu n'aimes pas ma voix et mon accent ». 

Ce message contredit la version d'Oscar Pistorius donnée après les faits affirmant que le soir de la Saint-Valentin 2013, quelques heures avant le meurtre, Reeva et lui étaient « très amoureux ».

Un autre message retrouvé dans le téléphone portable de Reeva confirme que Pistorius était très inquiet de voir sortir dans la presse l'incident du Tashas, un restaurant à la mode de Johannesburg où il a déchargé le pistolet d'un ami, Darren Frescoe, manquant de blesser un autre ami boxeur attablé avec eux, en janvier 2013.

« S'il te plaît, mon ange, ne dis rien à personne. Darren a dit à tout le monde que c'était de sa faute. Je ne peux pas me permettre que ça sorte. Les mecs ont promis de ne rien dire », lui avait-il écrit.