Dan Severn a fait sa marque dans les sports de combats en étant un lutteur amateur recordman redoutable, en devenant champion de la National Wrestling Alliance, l'un des plus prestigieux titres dans le monde de la lutte professionnelle et en devant l'un des pionniers de ce qu'on appelle maintenant les arts martiaux mixtes et de la promotion de l'heure dans le domaine, la UFC. Samedi prochain, il recevra le Prix George Tragos lors de l'introduction annuelle des nouveaux membres du George Tragos/Lou Thesz Hall of Fame et sera l'une des têtes d'affiches, en compagnie des Kurt Angle, JBL, Road Warrior Animal et Bill Apter, une classe 2012 des plus relevées.

La lutte professionnelle ne contient pas uniquement un nombre assez incroyable de promotions, mais aussi plusieurs Temple de la Renommée et remise de prix diverses. Certains sont des Temples virtuels comme celui du Wrestling Observer Newsletter et d'autres sont plus que physique tel que celui à Amsterdam, New York. Mais un seul reconnait les lutteurs qui se sont démarqués autant dans la lutte amateur qu'après être devenus professionnels. Le George Tragos/Lou Thesz Hall of Fame, situé à Waterloo, Iowa reconnaît justement ces athlètes qui ont su performer sur plusieurs niveaux au cours de leur carrière. Depuis deux ans, on y reconnaît aussi les lutteurs amateurs qui sont devenus des combattants de l'octogone.

« Être reconnu par ses pairs est tout un honneur, de dire Severn, maintenant âgé de 54 ans. Ce prix représente bien la transition entre la lutte amateur et les arts martiaux mixtes. »

Ce prix justement est le George Tragos, nommé en l'honneur de l'ancien lutteur amateur et professionnel. Tragos était un lutteur amateur de renom dans sa Grèce natale, ayant représenté son pays aux Jeux Olympiques avant de déménager aux États-Unis pour entre autres y avoir une carrière professionnelle. Il faisait bien évidemment partie de ce qu'on appelle les « shooters », ces lutteurs professionnels qui pouvaient tout aussi bien se débrouiller si leur adversaire décidait d'appliquer de vraies prises pour se sauver avec une victoire ou un championnat.

Le Prix George Tragos a été remis pour la toute première fois l'an dernier à l'ancien combattant Pat Miletich, mais c'eut été d'un problème d'horaire, c'est Dan Severn qui aurait été le tout premier récipiendaire.

« Ils voulaient que je reçoive le prix l'an dernier, que je devienne le premier à l'obtenirr, mais malheureusement, je m'étais déjà engagé pour cette journée et je ne pouvais pas annuler ce que j'avais de prévu. », relate Severn, qui deviendra quand même le deuxième à recevoir ce nouveau prix.

Il est logique pour le Tragos/Thesz HOF d'honorer aussi des combattants des arts martiaux mixtes car de plus en plus de lutteurs amateurs deviennent des combattant des différentes organisations telles que UFC, Bellator ou Strikeforce au dépend de devenir lutteur professionnel pour la WWE ou la TNA.

« L'évolution de la lutte professionnelle d'une compétition sportive scriptée avec de vrais athlètes à du pur divertissement ne fait plus aussi bon ménage avec un lutteur amateur qui désire être un vrai compétiteur comme c'était le cas dans le temps des Verne Gagne, Danny Hodge, Dick Hutton et plusieurs autres par la suite. », écrit le journaliste Dave Meltzer pour expliquer pourquoi on ne voit presque plus de lutteurs amateurs devenir lutteurs professionnels.

Gagne, Hodge et Hutton sont d'ailleurs tous les trois admis au Tragos/Thesz HOF, qui a ouvert ses portes en 1999. Depuis, la plupart des grands y ont été admis tels que Frank Gotch, Lou Thesz, Jack Brisco, Billy Robinson, Antonio Inoki, Strangler Lewis et sans oublier Paul et Maurice Vachon.

Dan Severn répond donc à tous les critères qu'on demande pour faire partie de ce club élite.

Une triple carrière bien remplie
De 1976 à 1992, il fut l'un des meilleurs lutteurs amateurs, ayant remporté deux championnats à l'Université d'Arizona State, en plus d'avoir eu le record aux États-Unis pour le plus grand nombre de victoires par tombé durant cette période.

Puis, ce que bien des gens ignorent, c'est que Severn est devenu un lutteur professionnel avant de devenir un combattant. Il a même été entraîné par lutteur que les amateurs de la ECW, de la WWE et maintenant de la TNA connaissent bien.

« J'étais intrigué en regardant la lutte professionnelle. Je pratiquais même des manœuvres avec mon frère. Puis, alors que j'étais entraîneur à l'Université du Michigan, la personne en charge de la lutte professionnelle là-bas m'a amené en Ohio où j'ai rencontré Al Snow qui m'a entraîné à mes débuts. », dévoile celui qui avait 34 ans à l'époque. Snow l'accompagnera d'ailleurs à ses premiers combats avec la UFC.

Cependant, passer des amateurs aux professionnels n'est jamais une mince tâche et n'est pas toujours bien vu.

« J'ai eu des problèmes avec plusieurs lutteurs amateurs. Ils disaient que j'étais vendu au tout-puissant dollar. Pourtant, il y a un monde de différence entre la lutte amateur et la bonne vieille lutte. »

Après avoir lutté pour la UWFI, une promotion de lutte professionnelle au Japon qui vendait ses matchs comme étant réels, il commença sa carrière de combattants ultimes comme on les appelait à l'époque.

« La UWFI m'a aidé à bien commencer ma carrière de combattants. Ce fut une expérience très enrichissante. »

En 1994, il faisait donc ses débuts pour la UFC après n'avoir eu que quelques semaines d'entraînement, n'ayant pris connaissance de ce nouveau style de combats que peu de temps avant. Il fut instantanément sa marque en se rendant en finale du tournoi, alors qu'il s'agissait du format sous lequel la UFC présentait ses shows à ce moment là. Son combat face à Royce Gracie, malgrélsa défaite, a fait écarquiller bien des yeux sur l'homme alors âgé de 36 ans, ou comme il aime le dire, « presque 37… »

Deux mois plus tard, voulant capitaliser sur la popularité de l'athlète et voulant aussi redonner ses lettres de noblesse à un titre qui en avait grandement besoin, la NWA décida de faire de Severn leur champion mondial. Le 24 février 1995, il battait Chris Candido pour remporter l'un des plus prestigieux titre de l'histoire de la lutte professionnelle, titre qu'il allait garder pendant plus de quatre ans, l'un des plus long règnes de l'histoire de la promotion.

Le 7 avril 1995, Severn passait à l'histoire en battant Dave Beneteau pour remporter son premier tournoi à la UFC. On donnait alors une ceinture au gagnant des tournois et les photos de Severn avec la ceinture de la UFC et de la NWA avaient fait les manchettes dans le milieu, particulièrement au Japon, où les deux sports étaient très populaires.

« Cinq jours avant UFC 4, j'ai appris que j'étais pour devenir le prochain champion de la NWA. Lors du UFC, j'ai alors montré ce que j'étais capable de faire, brisant les barrières du monde de la lutte amateur vers les arts martiaux mixtes. UFC 5 a donné une grande couverture au titre de la NWA. Plusieurs anciens lutteurs m'ont même remercié pour avoir redonné du prestige au titre. », se souvient Severn.

Un an plus tard, après avoir battu Oleg Taktarov dans le premier tournoi tout étoile du UFC (Ultimate Ultimate 95), il remporta la victoire face à Ken Shamrock pour mettre la main sur le championnat Superfight du UFC, l'ancêtre de ce qui deviendra le titre poids-lourd de la promotion.

Il demeurera le seul athlète à être reconnu champion à la UFC et à la NWA en même temps, quelque chose qui ne serait plus possible aujourd'hui, même pas pour Brock Lesnar avec la WWE.

Il n'aura que deux autres combats avec la UFC, mais deviendra quand même une légende du sport, autant aux États-Unis qu'au Japon. Encore aujourd'hui, il continue à se battre et montre une fiche de 101-19-7 à vie.

À titre de champion de la NWA, dans l'angle d'invasion de la NWA à la WWF menée par Jim Cornette, il travaillera pour la promotion de Vince McMahon quelques temps, ayant une rivalité avec Owen Hart et bien sûr, son ennemi de toujours, Ken Shamrock.

« Je suis le premier à avoir obtenu un contrat qui n'était pas exclusif à la lutte, alors que le mien stipulait que je pouvais continuer à me battre dans une cage. », précise celui qu'on surnomme « The Beast ».

Il remportera une autre fois le titre de la NWA en 2001, mais sa carrière de lutteur professionnel n'était plus ce qu'elle avait été.

Lutteur ou combattant, telle est la question
Que serait-il arrivé si Dan Severn avait eu l'opportunité de choisir entre la lutte professionnelle et les arts martiaux mixtes, dans la situation où les deux auraient été à leur apogée? Serait-il quand même devenu lutteur?

La réponse lui vient assez rapdiment.

« Je serais devenu un combattant, sans aucun doute. Les arts martiaux mixtes sont 100% vrais tandis qu'un lutteur professionnel c'est comme être à l'Halloween, de se déguiser et de se battre avec d'autres personnes ce soir là bien précisément. »

Un commentaire qui laisserait surement perplexe ceux qui ont rendu la lutte professionnelle si populaire, mais qui en même temps n'est pas tellement loin de la réalité, cette fameuse réalité qui a été si longtemps cachée aux fans.

D'autres lutteurs de renom seront aussi intronisés
Et c'est à un seul endroit qu'on retrouve cette dualité d'amateurs et de professionnels, de combattants et d'entertainers. Faisant partie du National Wrestling Hall of Fame and Museum et étant une division du Dan Gable Museum, le George Tragos/Lou Thesz Hall of Fame permet de faire le lien et de voir l'évolution de la lutte sous toutes ses formes. De ses débuts avec le Catch-as-Catch can, la lutte gréco-romaine et la lutte de style libre, aux succès que la lutte professionnelle a connus pendant de nombreuses années, et finalement jusqu'aux arts martiaux mixtes, que plusieurs considèrent comme étant la lutte professionnelle des années 2000 et qui jouit d'une popularité aussi grande, ce temple de la lutte reconnait la carrière de tous ceux qui l'ont marqué.

Je serai sur place le 14 juillet prochain pour assister à l'introduction de tous ces grands. Kurt Angle, John Bradshaw Layfield (JBL), Joe Laurinaitis (Road Warrior Animal), Don Curtis et Bill Apter joindront Severn dans la classe de 2012.

Il s'agira d'ailleurs du 2e prix pour Severn qui a remporté le prix Frank Gotch en 2002, remis au lutteur qui a contribué à bien faire paraître la lutte professionnelle à l'extérieur du ring.

Pas né à la bonne époque
Qui sait si Dan Severn aurait connu une carrière différente comme lutteur professionnel s'il était né 20 ans plus tôt. Ou bien comme combattant s'il était né 20 ans plus tard. Cette remarque a d'ailleurs fait réfléchir le principal intéressé.

« Je réalise que je suis né au beau milieu de deux époques dans lesquels j'aurais été bien plus à ma place. Plusieurs me taquinaient à cause de ma moustache et de la façon que je me conduis en me disant que je n'étais pas né à la bonne époque, que j'avais l'air d'un lutteur d'une époque depuis longtemps révolue. »

Il aurait certainement pu dominer la lutte professionnelle à une certaines époque.

À l'opposé, s'il avait été à son meilleur comme combattant lorsqu'il a commencé ou si la UFC était à cette époque ce qu'elle est aujourd'hui, les fans auraient pu voir à l'œuvre Dan « The Beast » Severn et certainement comprendre pourquoi il avait un tel surnom.

Pour en savoir davantage sur Dan Severn, vous pouvez visiter son site Web au www.dansevern.com

Également, pour en savoir plus sur le National Wrestling Hall of Fame and Museum et sur le George Tragos/Lou Thesz Hall of Fame, veuillez consulter le www.nwhof.org

Si vous avez des questions ou commentaires, n'hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@videotron.ca, via les réseaux sociaux au www.facebook.com/patlaprade et www.twitter.com/patlaprade, ainsi que sur mon site Web au www.lutte.com

Le livre sur l'histoire de la lutte professionnelle au Québec, intitulé « Mad Dogs, Midgets and Screw Jobs : The Untold Story of How Montreal Shaped the World of Wrestling » et écrit par Pat Laprade et Bertrand Hébert, sera disponible à compter de février 2013. Il est présentement disponible en pré commande sur au www.amazon.ca