La vétérane lutteuse de Sorel ou de Montréal, Japon si vous préférez a trouvé la meilleure façon de terminer sa quinzième année de carrière en devenant la première lutteuse au Canada à remporter un titre majeur masculin. Pour celle qui lutte, et ce, à tous les niveaux, afin de promouvoir la qualité de la lutte féminine et pour amener un certain équilibre entre les hommes et les femmes dans ce domaine, c'était un moment inespéré.

Samedi dernier à Québec, LuFisto est devenue la toute nouvelle championne de la NSPW. Après vérification, aucune femme n'a déjà remporté le titre principal d'une promotion canadienne d'importance. Avec le statut de promotion de l'année au Québec en 2011, une année 2012 aussi bonne et d'anciens champions tels que Kevin Steen et El Generico, la NSPW fait aisément partie de cette catégorie. LuFisto devient ainsi la première lutteuse à remporter un tel honneur.

Après une rivalité de plusieurs mois avec le champion sortant Simon Martel (ancien élève de Lance Storm), après de nombreuses minutes passées à donner une clinique de lutte technique et après l'intervention d'Urban Miles en faveur de Martel, intervention qui s'est avérée se retourner contre ce dernier, Martel y alla d'un superkick suivi d'un 450 splash. Alors que tout le monde dans la foule croyait voir le match se terminer ainsi, coup de théâtre! LuFisto avec l'énergie du désespoir leva l'épaule à 2. Miles monta sur les abords de l'arène pendant que Martel empoigna l'arbitre. LuFisto vit l'opportunité, poussa Martel sur Miles et appliqua son Burning Hammer pour la victoire. Une vraie fin hollywoodienne.

La NSPW tout comme sa championne entre donc dans l'histoire de la lutte canadienne avec cette décision qui ne fait cependant pas l'unanimité de tous. Encore en 2012, on voit la lutte comme un sport pur où les rapports de force entre les hommes et les femmes ne devraient pas s'entremêler.

« Ceux qui me connaissent savent que je suis plus ou moins à l'aise à porter la ceinture d'une promotion, mais je dois avouer que je suis très fière d'avoir celle de la NSPW autour de ma taille. C'est l'aboutissement d'un combat que je mène depuis des années à être reconnue en tant que lutteuse à part entière et égale à tout adversaire et non comme une femme qui lutte. C'est d'autant plus important pour moi que cette ceinture, je l'ai eu chez moi, dans ma propre province. Je suis extrêmement reconnaissante et honorée par la confiance que les dirigeants de la NSPW ont en moi en me donnant cette opportunité, » affirmait Geneviève Goulet, alias LuFisto quelques jours après sa victoire.

Personnellement, je crois que la lutte est maintenant reconnue beaucoup plus comme un spectacle et dans la mesure où on demeure crédible dans la façon de le faire, je n'y vois pas d'inconvénients. Si la Catwoman peut vaincre des hommes, que Rey Mysterio peut devenir champion mondial et que Sara Del Rey peut battre El Generico, LuFisto peut facilement devenir une valable championne. Autre temps, autre mœurs dit-on.

Cependant il s'agit d'un combat pour lequel Goulet s'est battue pendant 15 ans et malgré cette récente victoire, le combat est loin d'être terminé.
______________________________

-Au début des années 2000, Goulet avait remporté une bataille face à la commission athlétique de l'Ontario qui ne permettait pas aux femmes de lutter contre des hommes. Non seulement la commission a renversé sa décision, mais par le fait même, a décidé de se retirer de la lutte professionnelle.

-Malgré que ce soit son premier titre majeur masculin, notons que LuFisto a déjà remporté d'autres titres supposément réservés aux hommes, dont les titres Olympic et Provincial de la ICW, le titre Canadien de la ASW, le titre LLF Extrême au Mexique de même que le titre Iron-Man de la CZW.
______________________________

Si vous avez des questions ou commentaires, n'hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@videotron.ca, via les réseaux sociaux au www.facebook.com/patlaprade et www.twitter.com/patlaprade, ainsi que sur mon site Web au www.lutte.com

Le livre sur l'histoire de la lutte professionnelle au Québec, intitulé « Mad Dogs, Midgets and Screw Jobs : The Untold Story of How Montreal Shaped the World of Wrestling » et écrit par Pat Laprade et Bertrand Hébert, sera disponible à compter de février 2013. Il est présentement disponible en pré commande sur au www.amazon.ca