PARIS - Deux ans après avoir été sacrés champions du monde, voilà les All Blacks lancés sur une incroyable série de 14 victoires, toutes obtenues lors d'une année 2013 parfaite qui préfigure d'un avenir radieux.

Qui peut les arrêter? En 2013, ce ne fut personne, en dépit de déplacements périlleux en Afrique du Sud, en Australie, en Angleterre et… en Irlande, seule équipe à les avoir fait trembler jusque dans les dernières secondes.

Le XV de France, lui, n'est pas passé loin non plus, mais s'est tout de même cassé les dents quatre fois, dont trois fois en matchs tests au pays du Long nuage blanc.

L’année 2013 fut donc spectaculaire et surtout sans tache, ce qui est déjà un trait notable. La dernière année d'invincibilité d'une équipe All Blacks remontait à 1997, avec onze victoires et un nul. Pour trouver une année uniquement victorieuse, il faut plonger avant l'ère professionnelle, en 1989, mais avec seulement sept matchs.

« On a affronté des styles de jeu très différents. On a été mis à l'épreuve de toutes les manières et on en est sortis chaque fois par le haut », s'est ainsi félicité le capitaine Richie McCaw, revenu de son congé sabbatique en juillet pour ajouter un nouveau titre du Tournoi des quatre nations à son impressionnante collection.

Les champions du monde ont joué sur les nerfs de tous leurs adversaires au terme de matchs parfois épiques, comme lors de l'époustouflante « finale » du Four Nations en Afrique du Sud (27-38), ou en Irlande le 24 novembre quand, menés 19-0 au bout de 20 minutes, ils se sont sauvés grâce à un essai à la dernière minute (22-24).

Le bilan de la machine néo-zélandaise est éloquent : 51 essais marqués, une moyenne de 32 points par match, un écart moyen de 15 points...

« Laisser une trace dans l'histoire »

Depuis le titre de champion du monde, une partie de l'effectif a pourtant été renouvelée avec les intégrations d'Aaron Smith (24 ans), Aaron Cruden (24 ans), Sam Cane (21 ans), Brodie Retallick (22 ans), Ben Smith (27 ans), Julian Savea (23 ans)... et le rendement de l'équipe n'a nullement diminué!

Au contraire, ils ont intensifié leur emprise sur les matchs, usant à merveille de leur stratégie d'épuisement de l'adversaire. Toujours impeccables dans le combat, y compris face aux entreprises de démolition comme l'Afrique du Sud, les Néo-Zélandais ajoutent une technique individuelle inégalée, chez les trois-quarts comme les avants, qui leur permet de trouver la faille dans toutes les défenses et de punir immédiatement toute erreur adverse.

Le monde du rugby ne s'y est pas trompé en attribuant à cette équipe toutes les distinctions personnelles et collectives possibles en cette fin d'année. Le no 8 Kieran Read, archétype du troisième-ligne moderne, tant pour son rôle en conquête que pour son influence énorme dans le jeu courant, a ainsi été logiquement décoré du titre de meilleur joueur du monde IRB.

Reste à cette équipe à « laisser une trace dans l'histoire des All Blacks », comme l'exhortait Richie McCaw début novembre dans un entretien à l'AFP.

En route pour les records

L’année 2014 pourrait passer par un autre record : celui du nombre de succès d'affilée, soit 18, détenu par la Lituanie. Les All Blacks s'étaient arrêtés à 17 entre 1965 et 1969, tout comme les Sud-Africains (1997-1998).

Pour égaler la marque, il faudra d'abord remporter trois victoires à domicile en juin 2014 face à l'Angleterre puis un succès en ouverture du Tournoi des quatre nations à Sydney contre l'Australie le 16 août. Tout cela avant un éventuel triomphe dans son Eden Park d'Auckland le 23 août, encore face aux Wallabies.

En ligne de mire, il y a surtout le Mondial 2015 en Angleterre. La Nouvelle-Zélande espérera devenir la première équipe à conserver sa couronne depuis la création de la compétition en 1987.

Incontestable première au classement IRB, elle semble intouchable. Sa seule crainte : que le train vers le sacre planétaire ne soit pas parti trop vite et trop fort, au risque de s'essouffler avant l'échéance.