Dans sa grande sagesse, Stéphane Richer – en passant il est le dernier marqueur de 50 buts dans l’histoire du Canadien – a déjà rappelé aux journalistes et partisans en colère après lui et ses coéquipiers qu’il n’y avait pas que le hockey dans la vie.

C’était vrai à l’époque. Ce l’est encore aujourd’hui. Ce l’est même plus que jamais en ce beau lundi alors que vous êtes invités à aller voter.

Une invitation que je vous lance également. Surtout que tout va tellement bien avec le Canadien par les temps qui courent, que vous pouvez accorder aux élections toute l’attention qu’elle mérite.

Voter, c’est un droit fondamental. C’est aussi un privilège.

Au terme d’une campagne au cours de laquelle les chefs ont échangé plus d’insultes que les joueurs du Canadien et des Bruins en échangent dans le cadre d’une saison, plusieurs semblent peu pressés de se prévaloir de leur droit de vote.

Ce serait dommage.

Oui! Bouder une élection est une façon de dire aux chefs et aux partis qu’ils dirigent qu’ils ne valent pas la peine qu’on se déplace pour eux. Remarquez qu’ils ont déjà encaissé une solide correction plus tôt dans la campagne lorsque Guy Nantel a effectué un coup de sonde qui en dit long sur l’importance qu’occupe la politique dans la tête et le cœur des Québécois. Ou de certains Québécois.

Le fait que les joueurs du Canadien, et je ne parle pas ici seulement de Carey Price, P.K. Subban et des autres vedettes, mais des joueurs de soutien et même des espoirs en développement dans les mineures, soient plus connus des Québécois que les ministres et mêmes premiers ministres a de quoi soulever bien des questions et des remises en question.

Mais bouder une élection, à mes yeux, ne rend service à personne. Pis encore, ce geste ne respecte pas un droit de vote acquis au rythme de plusieurs batailles, voire de guerres. Des batailles et des guerres que plusieurs électeurs potentiels n’ont pas encore gagnées ailleurs dans le monde.

Voter, c’est s’exprimer

Pas question pour moi de vous dire pour qui voter. Pas question non plus de vous dire pour qui je vais voter. Surtout que pour la première fois de ma vie d’électeur, je ne sais vraiment pas encore pour qui je vais voter. Mais je vais voter. Et je vous invite à aller voter.

Si vous pensez vraiment ne pas y aller parce que vous en avez marre des promesses non tenues, de la corruption, des vire-capot et de tout ce qui fait que les politiciens nagent dans les critiques et plus encore dans la désillusion et le cynisme, je vous invite, incite même, à y aller quand même. Ne serait-ce que pour annuler simplement votre vote en cochant toutes les cases sur le bulletin qui vous sera remis.

Car un vote annulé demeure un vote exprimé.

Et si le DGE - directeur général des élections - devait nous annoncer un soir qu’un million de bulletins ont été rejetés parce que les électeurs ont décidé de tout cocher au lieu de laisser croire qu’ils se sont peut-être juste trompés, le message serait lourd et clair.

Et il aurait plus d’impact qu’un simple faible taux de participation. Mille et une raisons peuvent être soulevées pour expliquer pourquoi un électeur n’est pas allé voter. Mais s’il y va et qu’il annule son vote, il parle aussi fort que tous ceux et celles qui ont décidé de faire confiance à l’un ou l’autre de leurs candidats en lice, à l’un ou l’autre des chefs.

En annulant son vote, l’électeur lance un cri du cœur, un cri d’alarme, que les gouvernements seraient bien bêtes de ne pas entendre.

Enjeux sportifs bafoués

Je l’écrivais plus haut, la campagne a été moche, terne, sans saveur et sans réel enjeu sur l’avenir du Québec et de sa population.

Elle l’a été plus encore sur le plan sportif.

RDS a fait sa part encore en invitant les chefs de tous les partis à défiler devant Yanick et Fred au 5 à 7. Une belle initiative qui a permis d’en apprendre un peu plus sur les chefs, mais pas beaucoup sur ce qu’ils entendent faire pour que nos jeunes, et moins jeunes, bougent plus, soient moins gros, soient en meilleure santé.

Car oui, le sport, c’est la santé.

Et une population en santé étudie mieux, travaille mieux, est moins malade. Elle engorge donc moins les urgences et les hôpitaux et permet au trésor public d’économiser des sous. Beaucoup de sous.

Bon! On ne sait pas toujours ce que le gouvernement fera avec ces économies. Peut-être les gaspillera-t-il ici ou là. Sais pas! Sais plus! Mais les économies seront là.

Alors pourquoi, au lieu de se lancer de la boue tous les jours, les chefs n’ont pas fait la promesse de nettoyer la boue qui mine les cours d’école et les parcs afin d’inciter nos jeunes à aller y jouer plus souvent.

Pourquoi ne pas avoir imposé des périodes quotidiennes de sport dans les grilles horaires des étudiants de niveaux primaire et secondaire? Pourquoi ne pas profiter du sport pour réduire les risques de décrochage en gardant les jeunes, gars et filles, au gym après l’école en leurs proposant des ligues de basket, de handball, de volley, de gym, de courses, d’arts martiaux, de badminton, de tennis, de n’importe quel sport qu’ils pourraient découvrir et ensuite aimer au point de le pratiquer le reste de leur vie active?

Bien non! C’est tellement plus simple de les « abandonner » à leurs sorts, voire à leurs mauvais sorts, en se disant que les parents prendront leurs responsabilités.

Et pourquoi pas imposer du sport plus régulièrement au cégep et dans les universités?

Pourquoi ne pas avoir innové en incitant les employeurs à modifier les horaires de travail pour dégager des plages qui permettraient à leurs employés d’aller s’entraîner?

Le sport, ce n’est pas juste les grandes questions de financement des grands stades et par la bande des équipes professionnelles.

Le sport, c’est les petites choses : c’est la marche, la course, le ski, le patin, le vélo pour le plaisir ou aller travailler. Le sport, c’est un tas de petites choses qui une fois mises ensemble ont de grandes conséquences sur la vie et la population qui la vit.

Il faut croire que nos politiciens, trop occupés par leurs grands enjeux bien théoriques et par l’importance de gagner la guerre des boutons qui les opposent les uns les autres, ne l’ont pas compris. Ou pas assez, car il est vrai que le PQ a un volet sportif bien caché dans son vaste programme.

Mais pour m’assurer de pouvoir mettre de la pression sur celui ou celle qui héritera de la responsabilité de s’occuper de la condition physique de la population québécoise, je vous assure que je vais aller voter.

En passant, la responsabilité de cette condition physique devrait revenir au ministre de la Santé bien plus qu’au ministre de l’Éducation.

En fait non! La condition physique et l’environnement sont des enjeux tellement importants pour la société d’aujourd’hui et son avenir que leur gestion, à mes yeux, devrait être retirée du gouvernement et confiée à un organisme parallèle qui n’aura par à composer avec les fluctuations associées aux préoccupations réelles des partis héritant du pouvoir.

Mais bon! C’est un autre débat.

Pour toutes ces raisons que je juge bonnes et même très bonnes, je vous invite tous et toutes à aller voter. Et vous savez quoi? Ne serait-ce que pour joindre l’utile à l’agréable, on devrait tous y aller à pied!

François Legault au 5 à 7
Françoise David au 5 à 7
Pauline Marois au 5 à 7
Philippe Couillard au 5 à 7