Depuis les 10 dernières années, l'apparition des médias sociaux a changé la mécanique des relations interpersonnelles. C'est aussi vrai dans le monde sportif. Autrefois restreint à des contacts via des fans clubs ou des activités promotionnelles organisées, le partisan a maintenant la possibilité d'interagir avec l'athlète à tout moment.

« Je pose des questions. Mais c'est rare qu'on a des réponses. Je trouve ça divertissant », confie l’une d’entre elles.

« Durant le lock-out j'ai parlé un petit peu à Brandon Prust et Colby Armstrong », se félicite quant à lui un autre de ces fidèles des médias sociaux.

Souvent les expériences sont heureuses et positives, comme l'hiver dernier, alors que les amateurs se sont réunis à la demande du défenseur du Canadien Josh Gorges.

Or, l'interaction avec les amateurs peut aussi tourner au cauchemar.

En février 2013, Rebecca Marino a annoncé sa retraite du tennis professionnel à l'âge de 22 ans. L'ancienne joueuse du top-40 souffrait de dépression. La Canadienne était particulièrement vulnérable aux commentaires négatifs qu'elle recevait via les médias sociaux.

« Cette décision était difficile, mais c'était la meilleure chose à faire », avait-elle alors expliqué.

« Les messages disaient que je devais mourir et aller en enfer », révèle Marino

« Elle a eu des menaces, souvent ce sont des gens qui gagent, et je voyais tout de suite son visage changer, elle versait une larme et elle avait de la misère à s'entraîner pendant une journée ou deux », se souvient son ancien entraîneur Simon Larose.

Le CH pas épargné

Au cours de leur désastreuse saison 2011-2012, plusieurs joueurs du Canadien recevaient fréquemment des messages d'insultes, principalement via leur compte Twitter. Abonné à Twitter pour se rapprocher des partisans, le Québécois Mathieu Darche n'a pas été épargné par les critiques.

« Des insultes, tu en as. Il y a en a même eu un qui disait que mon frère était un long snapper dans la NFL et que l'on devrait me long snapper hors de Montréal. Lui je l'ai retweeté, car il était original. »

Darche et ses anciens coéquipiers trouvaient toutefois le moyen de dédramatiser la situation.

« On a du plaisir avec ça entre nous. On se lit des insultes que l'on reçoit et c'est drôle. J'en parlais avec Carey Price car il en reçoit constamment. Et la plupart des gens, ce ne sont pas leur nom, pas leur photo », renchérit l’ancien attaquant du Tricolore.

Les personnes ne réagissent pas de la même manière face aux critiques qui leur sont adressées. La majorité des athlètes rencontrés affirment bien vivre avec la critique, mais il y a tout de même des conséquences psychologiques à cette forme de cyberintimidation. Ce sera d'ailleurs le sujet de notre prochain reportage, publié demain.

*D’après un reportage de Jean-Luc Legendre