MONTRÉAL - En janvier dernier, l'Agence mondiale antidopage s'est interrogée sur les insuccès des tests dans la lutte au dopage. 

La solution retenue : passer en deuxième vitesse, c'est-à-dire effectuer les tests au bon moment.

« Le nerf de la guerre est là, dit sans équivoque Christiane Ayotte, directrice du Laboratoire du contrôle de dopage de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS). L'échantillon d'urine et de sang doit être recueilli au bon moment. Autrement dit, ce n'est pas juste de dire qu’on a fait 3000 tests cette année, mais plutôt « quand, comment et dans quelles circonstances? »

« Le dopage n'est pas forcément le jour de la compétition. Le dopage est beaucoup dans la préparation à cette compétition », fait remarquer l’analyste d’athlétisme Jean-Paul Baert.

« On teste seulement pendant la saison. C'est une invitation à prendre les programmes de stéroïdes pendant la saison morte », simplifie l’ancien président de l’AMA Dick Pound.

« Nos tests doivent être imprévisibles, ajoute Mme Ayotte. Souvent, les athlètes me disent qu’ils savent quand ils seront testés. Un athlète qui se dope saura bien jouer avec ça. »

« Floyd Landis et Tyler Hamilton ont expliqué qu'au début, ils prenaient des grosses doses, poursuit-elle. Par la suite, ils utilisaient des doses plus fines, plus filées et plus répétées. Si on parle de la testostérone par voie orale par exemple, on a à peu près 12 à 15 heures par la détecter dans l'urine. On évite les injections intramusculaires qui peuvent être détectées pendant des semaines et on utilise plutôt les produits en gel, en timbres. »

Pour améliorer les chances de détection, le passeport biologique pourrait s'avérer être une des solutions.

« Pour un athlète X, Y, Z, on va avoir les données de leur profil qu'on suit, les paramètres qui vont avec la testostérone par exemple. À partir de là, on va voir si c'est normal ou anormal pour eux », explique Mme Ayotte.

« On peut utiliser ces variations comme preuve de dopage », précise M. Pound.  

« Mais encore une fois, si on vient toujours collecter les données de l'athlète aux mêmes dates, je pense que ça ne prend pas la tête à Papineau pour toujours éviter les trop grandes variations », renchérit Mme Ayotte.  

Ajoutez à cela que nous serons un jour confrontés, si ce n'est déjà le cas, au dopage génétique, qui vise à modifier des molécules du corps humain afin de stimuler la production d'EPO, de testostérone ou encore d'hormones de croissance de façon naturelle... si le mot « naturelle » peut encore s'appliquer.

*D’après un reportage de Sébastien Boucher.