PERTH (AFP) - L'Angleterre et l'Afrique du Sud s'affrontent samedi à Perth (ouest) pour le match phare du premier tour du Mondial 2003 (Groupe C), un choc revanchard qui sent la puissance et la poudre, déterminant pour les prétentions mondiales de ces deux poids lourds.

L'enjeu immédiat est la route des phases finales. Le vainqueur de Perth, quasi-assuré de terminer en tête du groupe C, affrontera en quart de finale le 2e du groupe D, sans doute le pays de Galles, puis probalement la France ou l'Irlande en demi-finale.

Le vaincu en revanche s'ouvre un chemin de croix avec en quart de finale le vainqueur du groupe A, à coup sûr les All Blacks, puis, en cas de victoire, un rendez-vous en demi-finale avec les champions de monde en titre, les Australiens, à Sydney.

La tension monte au Mondial, l'intérêt aussi. Après une semaine de scores-fleuves illustrant le fossé entre nantis et démunis du jeu, une puissance du rugby va trébucher et voir ses prétentions à la Coupe Webb Ellis un peu refroidies.

Ce choc dès le premier tour souligne l'évolution survenue au sommet de la hiérarchie mondiale en quatre ans, depuis l'élimination de l'Angleterre en quart de finale du Mondial-99 à Paris par les Springboks (44-21).

Ces derniers sont têtes de série mais leur victime d'il y a quatre ans est désormais classée N.1 mondial.

Force tranquille

Angleterre (84-6 face à la Géorgie) et Afrique du Sud (72-6 contre l'Uruguay) ont chacune déroulé sans souci au premier match, deux sorties dont chaque camp reconnaît n'avoir "pas beaucoup appris les uns sur les autres", comme le résume le capitaine anglais Martin Johnson.

Nul besoin d'ailleurs. Côté sud-africain comme anglais, on admet préparer depuis longtemps ce 18 octobre, le "plus gros test depuis Paris il y a quatre ans", estime l'entraîneur anglais Clive Woodward.

Au Mondial-99, l'Afrique du Sud avait pris à la gorge un XV anglais trop lent à s'adapter. Cinq drops de Jannie de Beer avaient fait le reste (44-21).

Plus marqués physiquement par le premier match que les Sud-Africains, les Anglais, malgré des frayeurs pour leurs demis de mêlée Dawson et Bracken, alignent un XV inchangé, l'ossature du Grand chelem 2003 au Tournoi, des six nations, auteur de victoires historiques en Australie et en Nouvelle-Zélande.

A cette force tranquille, l'Afrique du Sud oppose l'impétuosité d'une équipe jeune mais à peine stabilisée dont les avants comptent 13 sélections de moyenne, contre 44 au pack anglais, sans compter les 107 de Jason Leonard sur le banc.

Bataille d'usure

Les Springboks ont apporté quatre changements au XV vainqueur de l'Uruguay, avec le retour du capitaine Corne Krige, du centre Jorrie Muller, l'inclusion surprise du pilier Bezuidenhout (1 sélection) et du très offensif arrière Jaco van der Westhuyzen.

Ni cette sélection, ni la débauche d'essais du week-end dernier, ne sauraient tromper sur la nature du duel: fidèle aux Angleterre-Afrique du Sud, il promet un engagement physique intense, une bataille d'usure pour l'ascendant dans un petit périmètre, et le patient contrôle du ballon.

Il appartiendra au 30 acteurs, et à l'arbitre australien Peter Marshall, que le choc ne bascule pas dans la confrontation excessive, à l'image de la victoire anglaise de novembre 2002 (53-3) qui a nourri une année de ressentiments et de guerre des mots entre les deux camps.

"Nous sommes meilleurs qu'en 1999, nous nous sommes développés, nous sommes plus professionnels", résume le maître buteur anglais Jonny Wilkinson.

"Nous ne sommes les favoris de personne, mais nous sommes au top physiquement, estime l'entraîneur sud-africain Rudof Straeuli. Ce sont nos points communs avec l'équipe de 1995". Celle championne du monde.