EDIMBOURG - La Nouvelle-Zélande a fait preuve d'une coupable nonchalance dimanche à Murrayfield, qui ne l'a pas empêchée d'écraser comme prévu une faible équipe écossaise (40-0) et de se qualifier pour les quarts, mais peut donner des motifs d'espoirs à ses futurs adversaires du Mondial.

Le XV du Chardon doit aux imprécisions des hommes du sud (20 fautes de mains...) de ne pas avoir connu la plus grosse défaite de son histoire, l'écart record ramené de Dunefield en 2000 devant les mêmes adversaires (20-69) tenant toujours.

Les Ecossais avaient hissé le drapeau blanc avant le coup d'envoi en n'alignant pas leurs titulaires, ménagés dans la perspective du match décisif pour la qualification en quarts face à l'Italie le 29 septembre.

Il faut reconnaître aux All Blacks - qui arboraient une fois n'est pas coutume une tunique grise - qu'ils ont parfaitement respecté les lois de l'armistice. Leur plus intense moment d'agressivité a été leur "haka" et ils ont par la suite surtout fait étalage de leur nonchalance (suffisance?).

Pourquoi se montrer impitoyable face à l'agneau qui implore grâce? Surtout quand on n'a plus faim, rassasié par 27 essais passés aux Italiens (11) et aux Portugais (16)...

La Nouvelle-Zélande a dû attendre l'heure de jeu pour inscrire le point du bonus offensif quand Ali Williams accélérait pour échapper en coin à quatre placages écossais faiblards (62).

Pas de match intense avant les quarts

Auparavant, Richie McCaw, tirant profit d'une croisée de Rodney So'oialo (5), Doug Howlett, qui devenait le meilleur marqueur d'essais de l'histoire des All Blacks (15), et Byron Kelleher, servi par Chris Masoe qui traînait deux Ecossais sur cinq mètres (33), avaient concrétisé la supériorité des visiteurs.

Dan Carter se faisait ensuite pardonner ses errements au but (4 sur 9) en récupérant un ballon perdu au milieu du terrain par les Ecossais pour un cinquième essai (65), avant qu'Howlett ne réussisse le doublé (74).

La décision de Carter de tenter deux pénalités (24 et 56) sous les huées de Murrayfield, a illustré le manque d'appétit néo-zélandais.

Il va falloir le retrouver car les All Blacks, assurés de la première place du groupe C, vont aborder leur quart de finale à Cardiff le 6 octobre contre les Français ou les Irlandais, sans avoir disputé de rencontre rythmée, intense, les Roumains ne semblant pas en mesure de la leur offrir samedi.

Ils voulaient utiliser ce match, dont le résultat ne faisait aucun doute, pour effectuer des réglages, en mêlée et en touche.

S'ils ont campé dans le camp d'Ecossais balayés devant, s'ils ont remporté tous leurs lancers et pris le tiers de ceux de leurs adversaires, la faiblesse de l'opposition ne permet pas d'en tirer des conclusions.

Pas plus qu'il ne faut trop se rengorger des 93% de placages réussis face à des Ecossais venus régulièrement s'empaler et qui ont passé moins de 4 minutes dans les 22 m adverses.

En revanche, les en-avant venus vendanger un nombre incalculable d'essais auront rappelé à Graham Henry qu'il ne suffit pas d'être grandissime favori pour gagner le Mondial.