Avec les deux meilleures équipes au monde sur le terrain, on s’attendait à une finale de Coupe du monde de rugby grandiose. Elle l’a été! Et le match a commencé bien avant le coup d’envoi.

Dans le couloir d’accès au terrain, la tension était palpable. Côte à côte, les deux capitaines avaient la mâchoire crispée, le regard perçant, les biceps déjà gonflés à la pensée des échanges qui s’annonçaient. Les hymnes nationaux ont été entonnés avec cœur et solennité. Les 80 000 spectateurs qui remplissaient les estrades à craquer étaient prêts, eux aussi.

Les All Blacks de la Nouvelle-Zélande contre les Wallabies de l’Australie, la finale rêvée, la finale souhaitée. L’une de ces équipes allait remporter un troisième titre, une première dans l’histoire de la Coupe du monde. Et les deux étaient armées pour le faire. Les All Blacks ont lancé les hostilités avec l’exécution de leur traditionnel haka qui avait quelque chose de magique en cette journée d’Halloween.

Dès que le coup d’envoi a été donné, le règne des All Blacks a commencé. Ils étaient partout sur le terrain, vifs, percutants, précis et affamés. Dan Carter, qui allait carrément survoler le match, a ouvert le score avec sa septième pénalité du tournoi… c’est qu’on marque plutôt des essais chez les Néo-Zélandais, il avait  21 transformations à son compteur! La pénalité réussie par l’ouvreur australien Bernard Foley à la 14e minute allait être l’unique occasion, en première demie, pour l’Australie de s’approcher de la zone défendue par leurs adversaires. Les All Blacks ont dominé totalement, avec des possessions de ballon et de terrain allant au-delà de 75 %.

Juste avant la pause, Milner-Skudder réussit un premier essai dans le match, et écrase, tout sourire, le ballon dans le coin. Carter réussit la transformation difficile et c’est 16-3. Dès le retour, les All Blacks reprennent là où ils avaient laissé. Nonu marque un superbe essai sur une accélération impressionnante malgré ses 106 kilos. Vitesse et percussion forment un mélange redoutable. Alors que la Nouvelle-Zélande semblait disposée à écraser son adversaire, tout comme elle l’avait fait de la France, l’arrière Ben Smith reçoit un carton jaune pour un plaquage « cathédrale » sur Drew Mitchell. Dix minutes à songer à son méfait sur le banc des pénalités. Dix minutes qui profiteront aux Australiens qui reviennent avec deux essais coups sur coup.

Pocock et Kuridrani font renaître l’espoir. Mais il sera de courte durée. Alors que l’écart n’est plus que de quatre points, Maître Carter assène un coup sans appel. Un drop de 40 mètres, à dix minutes de la fin, assène le coup fatal aux Australiens. Les Wallabies, touchés au cœur, n’auront plus la force de revenir. Dans une ultime tentative, ils ouvrent des espaces derrière eux et Barrett leur donne le coup de grâce avec un dernier essai.

Le Haka devant le trophée

L’Australie s’est inclinée en fière combattante et n’a pas à rougir de sa performance. L’entraîneur Michael Cheika, visiblement déçu, l’a quand même dit : « nous ne faisons que commencer ». Mais en face, ils étaient tout simplement trop forts. Dominants dans toutes les phases du jeu, jouant avec une assurance et une confiance qui les mettait hors d’atteinte, ces All Blacks ont mérité grandement la victoire, remportée avec brio et avec panache. Deux de leurs figures de proue quittent maintenant le rugby international; Dan Carter, nommé sans surprise joueur du match (en attendant son troisième titre de joueur de l’année sans aucun doute) et le capitaine Richie McCaw, immensément fier de ses hommes dont il a été l’inspiration à maintes reprises. Mais les Retallick, Whitelock, Savea, Barrett, Aaron Smith et autres ont encore de belles années et cette équipe demeurera redoutable.

Cette victoire vient ponctuer la plus belle édition de la Coupe du monde de rugby. Il y a eu des drames, l’éviction de l’Angleterre en phase de poule, des surprises, la victoire du Japon sur l’Afrique du Sud, des déceptions, le Canada bredouille dans ce Mondial, mais surtout du jeu, de la passion de l’engouement. Le rugby aura été le grand gagnant au terme de ces sept semaines de compétition et ce sport magnifique, où les guerriers côtoient les artistes, aura bénéficié de l’une des plus belles vitrines qui soient, avec des ambassadeurs mythiques, portant fièrement la fougère argentée.

Les All Blacks forment l’équipe la plus recherchée sur Google, et avec leur victoire d’aujourd’hui, ils resteront encore longtemps en tête de lice. Première équipe à remporter deux Coupes du monde consécutives, la Nouvelle-Zélande a déjà les yeux tournés vers le Japon pour 2019.

Au sommet du monde