LE CAP - L'entraîneur sud-africain Jake White, qui vient de conduire les Springboks à la victoire en Coupe du monde de rugby, a annoncé mercredi qu'il allait quitter son poste en décembre et accusé les autorités du rugby sud-africain de l'avoir poussé à cette décision.

"Le match contre les Barbarians à Twickenham (le 1er décembre) sera mon dernier en tant qu'entraîneur des Springboks", a-t-il dit lors d'une conférence de presse au Cap (sud-ouest). "Je pars sans regret mais avec beaucoup de tristesse."

Le contrat de White, 43 ans, à la tête de la sélection sud-africaine depuis 2004, expire à la fin de l'année et l'entraîneur n'avait pas postulé à sa propre succession.

Il a toutefois accusé les autorités du rugby sud-africain de l'avoir poussé vers la sortie, en faisant savoir qu'ils avaient une liste de candidats pour le remplacer.

"Mon contrat d'entraîneur des Springboks stipule clairement que je ne suis pas obligé de postuler à ma succession et que toutes ces questions doivent être abordées dans un entretien annuel", dont le prochain était prévu pour décembre, a-t-il assuré.

"J'ai demandé du temps pour considérer mes options et je voulais faire attention à ne pas prendre une mauvaise décision sous le coup de l'émotion. Mais ce temps ne m'a pas été offert et c'est particulièrement décevant", a-t-il poursuivi.

L'Australie ? L'Angleterre ? Le pays de Galles ?

Jake White avait laissé entendre à plusieurs reprises qu'il quitterait les Springboks en cas de sacre mondial. "Je l'ai fait, maintenant je peux passer à autre chose", avait-il notamment lancé juste après la victoire à Paris.

Mais, à son retour en Afrique du Sud, il avait laissé la porte ouverte à une prolongation. "La meilleure chose à faire est de prendre du temps pour réfléchir. Je veux rencontrer mes patrons, discuter avec eux, avec mes joueurs et prendre une décision dans le meilleur intérêt de tous."

Mercredi, Jake White n'a rien révélé de ses projets. Mais l'Union du rugby australien a confirmé mardi des contacts avec son agent au sujet du poste vacant d'entraîneur des Wallabies. Il a également été évoqué comme possible entraîneur de l'Angleterre ou du pays de Galles.

Quant à son successeur, la presse évoque Chester Williamsand, ancien ailier des Springboks, Pieter de Villiers, entraîneur des Espoirs Springboks, Allister Coetzee, actuel adjoint de White et Heyneke Meyer, entraîneur des Northern Bulls de Pretoria, vainqueurs du Super-14 en 2007.

Jack White a souhaité bonne chance à celui qui sera retenu, soulignant qu'il "aurait besoin du support de tout le monde, parce que même si c'est merveilleux d'être l'entraîneur de l'Afrique du Sud, on peut se sentir très seul parfois."

Une bande d'idiots

Son départ met un terme à de tumultueuses relations avec les autorités du rugby, qui l'avaient convoqué au pays en novembre 2006, au milieu d'une tournée européenne, pour lui signifier son renvoi.

Mais ses joueurs l'avaient sauvé, en remportant une nette victoire face à l'Angleterre.

Avant même que White ne tienne sa conférence de presse, le président de la Fédération sud-africaine de rugby, Oregan Hoskins, l'a accusé de jouer au martyr.

"Jake est quelqu'un qui n'est jamais prêt à livrer une histoire en entier. Il compte sur les sentiments du public après le titre mondial pour soutenir sa cause de martyr", a-t-il estimé dans un entretien avec le quotidien The Star.

"Jake est maintenant dépeint comme la victime et le conseil (du rugby) comme une bande d'idiots qui ne l'aiment pas", a-t-il ajouté.

"Mais c'est injuste et ce n'est pas toute l'histoire. Nombreux sont ceux dans le rugby sud-africain qui se sont tenus à ses côtés et l'ont soutenu même dans les heures sombres", a-t-il conclu.