EDIMBOURG - L'Irlande rêve toujours du deuxième Grand Chelem de son histoire qu'elle tentera d'arracher chez les tenants gallois, après sa victoire en Écosse samedi (22-15), sa quatrième dans le Tournoi des Six nations 2009.

Une défaite de moins de treize points pourrait suffire pour un premier sacre depuis 1985 sauf si la France battait l'Angleterre et l'Italie assez largement pour rattraper une différence de points défavorable.

L'Irlande n'aurait alors que faire que son triomphe soit celui du réalisme et de l'intransigeance défensive plus que du panache et du jeu. Il offrirait des similitudes avec les sacres européens du Munster (2006 et 2008), mitonnés par le désormais sélectionneur Declan Kidney.

Une de ses formules d'après-match résume la philosophie de l'Irlande 2009 : "Ce n'était pas particulièrement joli, mais nous sommes ravis."

Après avoir capitalisé sur la fragilité défensive française (30-21) puis pris le meilleur d'un point sur l'Angleterre lors d'un match sinistre (14-13), l'Irlande n'a eu besoin que d'un essai à Murrayfield, par le troisième ligne Jamie Heaslip (51).

À l'exception du match contre l'Italie, dont la défense avait fait faillite (38-9), les ailiers (Luke Fitzgerald et Tommy Bowe) n'ont d'ailleurs pas marqué. Difficile de leur reprocher puisqu'ils ne voient guère le ballon.

Défense intransigeante

Pour le reste, l'Irlande s'est reposée sur la botte de Ronan O'Gara (auteur de 17 points) et une défense impressionnante, incarnée par Bowe, qui a réussi deux plaquages cruciaux sur Simon Danielli (2) et Chris Paterson (40).

La chance écossaise était passée, et les Irlandais montraient la différence entre un postulant au sacre et une formation de seconde partie de classement.

D'abord dominatrice devant et séduisante, l'Écosse n'a pas capitalisé sur ses temps forts, se contentant des pénalités de Paterson. "L'écart à la pause aurait dû être bien plus important", regrettait l'entraîneur écossais Franck Hadden, qui devra battre l'Angleterre à Twickenham s'il veut garder son poste.

À l'inverse, l'Irlande exploitait son premier (seul?) véritable mouvement dans les 22 m adverses, orchestré par un Peter Stringer virevoltant qui servait Heaslip (51, 16-12). Quand O'Gara passait un drop après une séquence classique de "pick and go" façon Munster (57, 19-12), les jeux étaient faits, même dans l'esprit des Écossais qui baissaient les bras. Reste à savoir si la recette sera suffisante au pays de Galles.