DUBLIN (AFP) - Le XV de France, branché sur courant alternatif depuis le début du Tournoi des six nations de rugby, s'attaque à un périlleux défi samedi (13h30 locales, 14h30 françaises) à Dublin: briser la dynamique de l'Irlande, portée par le fol espoir de réaliser le deuxième Grand Chelem de son histoire.

Cinquante-sept ans d'attente ! L'Irlande caresse le rêve de décrocher le Grand Chelem depuis 1948 et l'époque des crampons-godillots et des casques en cuir.

Deuxièmes en 2003 et en 2004, les Irlandais, qui se déplaceront au pays de Galles lors de la dernière journée le 19 mars, ont franchi la première grosse étape vers le sans-faute, en battant l'Angleterre (19-13) le 27 février avec une génération de joueurs à maturité (43 sélections de moyenne pour les 15 titulaires), portée par une confiance inébranlable (6 victoires consécutives).

Le XV du Trèfle a confié son sort au pack, articulé autour de la deuxième ligne O'Kelly - O'Connell, à la charnière Stringer - O'Gara, et au génie de Brian O'Driscoll, l'un des meilleurs centres de la planète. Sans oublier le talent de l'arrière Geordan Murphy, sous-utilisé depuis le début du Tournoi.

Les douze avants

La démolition prochaine du vétuste stade de Lansdowne road, où l'Irlande dispute probablement le dernier match de son histoire, renforce la croyance que 2005 doit être l'année du Trèfle.

Dans cet environnement passionnel, le XV de France, dont la dernière victoire à Dublin remonte à 1999, passera avant tout un test de caractère. Battus à la course à pied par les Gallois, victorieux (24-18) au Stade de France le 26 février, les Bleus devront répondre présent sur les phases de conquête et en défense. Bref: d'abord dans le combat.

Dans ce contexte, le jeu à douze avants (huit titulaires et quatre remplaçants entrant en cours de match) pourrait permettre de contenir le pack irlandais, qui maîtrise parfaitement l'art de s'organiser en touche et de progresser sur les ballons portés.

On s'interroge aussi sur le jeu pratiqué par le XV de France, campé sur un modèle très restrictif mais vainqueur face à l'Ecosse et l'Angleterre, puis lancé dans un rugby plus ouvert et spectaculaire, mais battu par le pays de Galles.

La défaite face aux Gallois a mis un terme aux espoirs de réaliser un deuxième Grand Chelem consécutif et incité l'encadrement à rajeunir les troupes avant la Coupe du monde 2007, le jour où le capitaine Fabien Pelous entrera dans le cercle restreint des cinq joueurs à 100 sélections ou plus.

Le centre du Stade Toulousain Benoît Baby, 21 ans, va ainsi se voir propulser titulaire, après les forfaits de Damien Traille et Ludovic Valbon.

L'envie de jouer manifestée face aux Gallois devra toutefois se conjuguer avec le réalisme exposé face à l'Angleterre et à l'Ecosse.