WELLINGTON - L'Irlande a raté samedi le rendez-vous avec l'histoire qu'aurait représenté pour elle une première qualification en demi-finale de Coupe du monde de rugby et va devoir gérer la transition, avec de nombreux cadres sur le départ ou en fin de carrière.

La bande des O'Driscoll, O'Gara, O'Connell ou encore O'Callaghan rêvait d'accomplir quelque chose de spécial, un exploit qui corresponde à l'appellation de "génération dorée" dont ils ont été affublés tout au long de leur carrière.

Après avoir remporté le Grand Chelem dans le tournoi des six nations en 2009, après 61 ans d'attente, devenir le premier XV du Trèfle à se qualifier pour les demi-finales d'une Coupe du monde aurait sans nul doute constitué le nouvel exploit de ces "golden boys".

Équipe la plus âgée du tournoi - six trentenaires dans le XV de départ samedi - l'Irlande avait retrouvé une nouvelle jeunesse, à l'occasion de la phase de pool, terminant première et battant au passage l'un des favoris, l'Australie (15-6).

Mais la cure de jouvence a pris fin à Wellington.

"L'expérience, dans certains cas, est un avantage, mais elle peut aussi être un inconvénient quand les mêmes vieux joueurs essaient de répéter les mêmes vieilles combinaisons, en cherchant des réponses", avait déclaré en souriant l'entraîneur gallois des avants, Robin McBryde, la veille du match.

Et le quart de finale lui a donné en grande partie raison. Le XV irlandais n'est pas parvenu à trouver le soupçon d'inventivité supplémentaire qui lui aurait sans doute permis d'aller plus loin dans la compétition.

Conduits par un Ronan O'Gara en manque d'inspiration, notamment dans son jeu au pied, l'Irlande est essentiellement restée bloquée dans le petit périmètre, usant et abusant des retours à l'intérieur pour se fracasser sur la troisième ligne galloise, particulièrement armée pour résister aux assauts dans ce secteur.


Un réservoir de joueurs


En seconde période, la fatigue aidant, la jeunesse galloise a trouvé des brèches dans une défense irlandaise plus relâchée.

"On a donné trop facilement des occasions d'essais aux Gallois et on ne peut pas se permettre ça à ce niveau", constatait, amer, le capitaine Brian O'Driscoll, qui par ses angles de course trop rentrants, a aussi symbolisé le manque de lucidité des siens.

"Collectivement et individuellement, on n'aura pas la possibilité de revivre ce genre d'évènement et ça craints, mais la vie continue", soulignait-il.

Le baroud de la vieille garde s'achève donc sur une note désagréable. "On voulait atteindre les demi-finales. Mais on rentre à la maison lundi. C'est donc un échec, mais quand on aura le temps de revenir sur ce tournoi, nous retiendrons le fait que nous avons eu de très grands moments dans cette Coupe du monde", expliquait, après match, le talonneur Rory Best.

Évidemment déçu, il se montrait cependant confiant dans l'avenir du rugby irlandais.

"On a des joueurs d'expérience bien sûr, mais je pense aussi que nous avons derrière un gros réservoir de joueurs dont l'âge moyen est autour de 26 ans", soulignait-il, avant de détailler: "Cian Healy vient d'avoir 24 ans, Keith Earls, Tommy Bowe, Rob Kearney, ou encore Jonathan Sexton, on a beaucoup de jeunes bons joueurs".

"Je pense que d'ici un, deux, trois ou quatre ans, il y a des joueurs qui vont se retirer, mais nous avons ces jeunes. C'est sûr que les gars qui ont joué ces dix dernières années ont établi de vraies références, mais je pense que les jeunes vont chercher à se hausser à leur niveau", a-t-il ajouté.