BRIGHTON, Royaume-Uni - Le Japon a créé la sensation samedi à Brighton lors du Mondial 2015 en battant 34 à 32 l'Afrique du Sud, double championne du monde, grâce à un essai dans le temps additionnel après une fin de match époustouflante.

Ahurissant! Les hommes d'Eddie Jones se sont payé le luxe de refuser de tenter une pénalité pour accrocher le match nul alors qu'ils étaient menés de trois points (32-29) à l'approche de la sirène. Croyant en leurs chances, ils ont tout tenté et finalement réussi à envoyer Karne Hesketh marquer en coin l'essai de la victoire... après quatre minutes de temps additionnel.

Coup d'éclat du Japon

Le sélectionneur Heyneke Meyer voulait lever des doutes après un été pourri, marqué par un Four Nations complètement manqué (trois défaites) et des accusations de racisme, c'est raté: les Springboks sont réellement en plein marasme, après déjà une première défaite historique contre l'Argentine chez eux à Durban.

Eddie Jones, son homologue du Japon, voulait gagner le respect de la planète ovale: c'est réussi pour le pays hôte de la prochaine Coupe du monde.

Les Japonais ont tout tenté et presque tout réussi. Ils s'offrent ainsi leur première victoire en Coupe du monde depuis celle contre le Zimbabwe en 1991, leur deuxième succès seulement en 25 matches de Mondial.

Approximations

Les Sud-Africains empruntés, à l'image de cette chistera manquée de Schalk Burger, ou du jeu au pied de Zane Kirchner, complètement approximatif, ont mis plus d'un quart d'heure avant de rentrer dans le match.

Avant, ils avaient été complètement submergés par la furia nippone: relance depuis les 22 mètres, percée de l'arrière Ayumu Goromaru, ballons gagnés au sol, l'équipe d'Eddie Jones a tout fait pour emballer le match.

Ils ouvraient même le score sur une pénalité de Goromaru (0-3, 8).

Mais le capitaine Jean De Villiers, très remonté, remettait ses Springboks dans le droit chemin. Du jeu à une passe, des impacts dévastateurs... Les Sud-Africains retournaient aux fondements de leur rugby.

C'était plié, pensait-on dans les travées du Brighton Community Stadium. Le buzz nippon faisait pschittt... Finalement, les Japonais n'avaient pas tant progressé que ça.

Sauf que la mêlée japonaise, entraînée par l'ancien international français Marc Dal Maso, même si mise sur reculoir, offrait des ballons rapides aux arrières des Brave Blossoms.

Et puis, pas encore franchement sereins, les Boks se faisaient même pénaliser en mêlée (24). Perturbés par les montées en pointe des défenseurs japonais, ils ne parvenaient pas à installer leur jeu.

Abnégation

Les joueurs de l'Archipel se permettaient de défier physiquement les « Boks ». À 12 dans le maul, ils échouaient sur la ligne (28). Mais ils recommençaient sur la pénalité à suivre et envoyaient le capitaine Michael Leitch à l'essai (7-10, 28).

Une nouvelle fois, dans ce chassé-croisé effréné, l'équipe d'Heyneke Meyer, ripostait par un essai sans passe de Bismarck Du Plessis (12-10, 32) pour virer en tête à la pause.

C'est finalement Lodewyk De Jager qui mettait un terme à la mauvaise plaisanterie, pensait-on dans les tribunes, deux minutes plus tard. Bénéficiant d'un plaquage manqué, le géant deuxième ligne allait aplatir sous les poteaux pour redonner un peu d'air aux Sud-Africains (19-13, 45).

Sauf que non. Crânement, les coéquipiers de Leitch continuaient de jouer. À fond. La botte de Goromaru leur permettait de recoller (19-19, 52).

À l'heure de jeu, le talonneur Adriaan Strauss, lancé comme une boule de bowling dans la défense donnait l'avantage aux Boks (29-22, 63).

Mais les Brave Blossoms se relevaient une nouvelle fois grâce à une combinaison: l'ailier Kotaro Matsushima envoyait Goromaru (29-29, 70).

Pat Lambie pensait avoir fait le plus dur quelques minutes plus tard, mais c'était sans compter sur les incroyables abnégation et audace nippones.

Un culot qui les faisait entrer dans l'histoire du rugby.

La France gagne en ouverture

La France, portée par la réussite de ses buteurs, a lancé très correctement sa campagne mondiale en éteignant une faible Italie (32-10), au terme d'un match haché par une indiscipline chronique des deux côtés, à Twickenham.

Les Français ont quasiment assuré une place en quarts de finale de la Coupe du monde, à condition de venir à bout de la Roumanie (23 septembre) et du Canada (1er octobre). L'équipe de Philippe Saint-André jouerait ensuite vraisemblablement la première place de la poule D le 11 octobre à Cardiff contre l'Irlande.

Dans l'ensemble, la France s'est montrée très solide sur ses bases habituelles, à savoir la défense, la conquête statique et le jeu au sol, où elle a été largement supérieure.

À l'inverse, pour l'Italie, l'horizon est bien bouché. Accrocheuse mais minée par une pelletée de fautes à tous les coins du terrain (19 contre 16 à la France...), elle n'a jamais semblé vraiment en mesure de renverser la France. Les hommes de Jacques Brunel ont subi la plupart du match, se contentant d'un baroud d'honneur par un essai de Giovanbattista Venditti (52).

Du coup, la qualification pour les quarts s'annonce plus qu'ardue et il faudra sans doute vaincre les Irlandais le 4 octobre au Stade olympique de Londres pour y parvenir.

Rapidement menés 6 à 0, après deux pénalités de Frédéric Michalak (auteur de 19 points au total), les Italiens n'exploitaient pas un passage à vide français au coeur de la première période. Les Bleus ont en effet semblé accuser le coup après s'être vu refuser un essai de Noa Nakaitaci (10e), sur un arbitrage vidéo très tardif.

Les Français renouaient le fil dans les dernières minutes de la première période, par un missile longue distance de Scott Spedding puis un autre coup de pied de Michalak.

À 15-3 à la pause, les Français étaient assis sur un matelas confortable, qu'ils épaississaient encore par une entame de seconde période canon. En cinq minutes, par une pénalité puis un essai, ils scellaient le sort du match.

Le talonneur Guilhem Guirado relayait admirablement la percée de l'ailier Noa Nakaitaci et le pilier droit Rabah Slimani récupérait un petit coup de pied rasant astucieux de Frédéric Michalak pour s'affaler dans l'en-but.

Les Français ont ensuite géré une fin de match marquée par l'inquiétante sortie sur blessure de l'ailier Yoann Huget et un essai en force de Nicolas Mas.

Bon départ pour la Géorgie

Révélation du Mondial 2011, les Îles Tonga ont commencé la Coupe du monde par une défaite (17-10) face à la Géorgie, articulée autour d'un pack dévastateur, samedi à Gloucester.

Où est passé le bel enthousiasme de 2011? Cette savante alliance de puissance et d'engagement qui avait permis aux Tongiens de battre la France (19-14) et d'échouer aux portes des quarts de finale? Ensevelie sous des quintaux de muscles géorgiens!

Dans le sillage de leur capitaine Mamuka Gorgodze, les Lelos, pas franchement portés sur la recherche d'intervalles et les arabesques, ont concassé les Îliens en mêlée fermée et sur les points de rencontre. Constamment dans l'avancée, ils ont inscrit deux essais « à zéro passe » par Gorgodze (28) et Tkhilaishvili (57).

Leur défense hyper agressive a longtemps enrayé les attaques adverses, jusqu'à l'essai inscrit par Vainikolo en fin de match (72).

Trop tard. La victoire avait choisi son camp. La Géorgie, promise à une victoire face à la Namibie, semble bien partie pour décrocher la 3e place de la poule, qualificative pour l'édition 2019.

Dans quatre ans, la Géorgie serait alors au Japon vraisemblablement avec un demi de mêlée nommé Lobzhanidze, âgé de 18 ans, devenu samedi le plus jeune joueur aligné en Coupe du monde. Et il fait déjà preuve d'une belle assurance.