BRISBANE (AFP) - L'Angleterre, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et la France, favoris dans la course au titre, ont passé sans encombre la première journée de la Coupe du monde de rugby, confirmant au passage l'existence d'un gouffre entre les meilleures équipes et les autres.

Les quatre grands avaient adopté une stratégie identique. Pour le premier match du Mondial-2003, chaque entraîneur avait choisi d'aligner sa meilleure équipe, sans tenir compte de la valeur de l'adversaire.

Cette approche a entraîné des scores démesurés, puisque l'Angleterre a infligé douze essais à la Géorgie (84-6), les All Blacks ont passé onze fois la ligne italienne (72-6), alors que les Français n'ont incrit "que" sept essais face aux Fidjiens (61-18). Les Australiens, eux, n'ont pas surclassé les Argentins, battus (24-8), mais ils étaient confrontés à un adversaire de haut niveau et surtout à l'environnement particulier du match d'ouverture.

Les performances des Australiens et des Français sont les plus significatives, face à des adversaires de calibre international et quasiment au grand complet.

En revanche, les résultats des autres matches suscitent certaines interrogations.

Les Anglais ont joué au petit pas face aux Géorgiens, comme l'Afrique du Sud face à l'Uruguay, balayée (72-6).

Plus préoccupant: les All Blacks, au grand complet, ont été confrontés à une équipe d'Italie "bis", amputée de ses meilleurs éléments, que John Kirwan, l'entraîneur néo-zélandais de la Squadra, réserve pour les matches capitaux dans la course à la deuxième place de la poule D, synonyme de qualification pour les quarts de finale.

Les autres candidats à la deuxième place, Tonga, Canada et pays de Galles, pourraient être incités à adopter la même attitude et "lâcher" le match face aux All Blacks, considéré comme perdu d'avance, tout en ménageant les meilleurs joueurs.

Ce genre d'attitude pourrait s'avérer préjudiciable pour l'image de la Coupe du monde mais aussi pour les Néo-Zélandais, qui, dans ce cas, devraient patienter jusqu'au quarts de finale, les 8 et 9 novembre, pour rencontrer un adversaire motivé et de calibre international.

La stratégie adoptée par les Canadiens, prochains adversaires des All Blacks, vendredi à Melbourne, pourrait servir de référence aux Gallois et aux Tonguiens.

Sans adversaire à leur mesure, les Néo-Zélandais ont également déploré la première grave blessure de la Coupe du monde, qui a frappé l'emblématique centre Tana Umaga, vraisemblablement absent jusqu'au terme du Mondial à la suite d'une rupture de ligament (croisé postérieur) du genou gauche.

Le renoncement probable d'Umaga, conjugué à l'indisponibilité provisoire de l'ailier Joe Rokocoko, touché à une cuisse, constitue un coup dur pour les All Blacks, qui devront rôder un nouveau "milieu de terrain" en vue de la phase finale.

L'entraîneur John Mitchell devra trancher entre Daniel Carter et Aaron Mauger pour le poste de premier centre alors que Ma'a Nonu semble bien placé pour enfiler le maillot N.13 jusqu'alors dévolu à Umaga.

Le premier match a également laissé des traces chez les Anglais, dont deux des trois demis de mêlée, Matt Dawson et Kyran Bracken, sont légèremment touchés, ainsi que chez les Wallabies, dont le deuxième ligne David Giffin souffre d'une épaule.

Ces blessures pourraient influencer la stratégie des entraîneurs, confrontés à une équation insoluble: ils doivent peaufiner le jeu de leur équipe en vue des quarts de finale, ce qui nécessite une certaine stabilité dans les compositions d'équipe, tout en évitant les blessures et en assurant l'implication des trente joueurs à disposition.

Un véritable casse-tête !