WELLINGTON - L'Afrique du Sud, championne du monde en 2007, se dit armée pour défendre son titre mais son niveau de jeu réel reste un mystère, au regard de ses dernières performances dans le Tri-Nations et de la composition de sa sélection, parfois considérée comme vieillissante.

"On est là pour la gagner de nouveau" : le vice-capitaine et deuxième ligne des Springboks, Victor Matfield, n'y va pas par quatre chemins quand il s'agit d'afficher les intentions des siens, avant de disputer leur premier match, face au Pays de Galles, dimanche à Wellington.

Mais devenir la première équipe à remporter trois fois la compétition mondiale risque de ne pas être une mince affaire pour les Sud-Africains, si l'on se réfère à leurs ultimes sorties.

Derniers du Tri-Nations remporté par l'Australie, ils ont engrangé une seule victoire en quatre matches.

Déjà, à l'automne, lors de leur tournée européenne, les champions du monde avaient eu bien du mal à assumer leur statut (défaite face à l'Écosse, courtes victoires contre l'Irlande, le Pays de Galles et l'Angleterre).

Et l'annonce de la sélection pour le Mondial néo-zélandais n'a pas particulièrement rassuré les supporteurs. L'entraîneur, Peter de Villiers, s'est essentiellement appuyé sur l'effectif victorieux de 2007, ce qui donne à l'équipe une image vieillissante.

À l'image de son capitaine, le talonneur John Smit, 33 ans, dont la légitimité fait débat au vu des performances de son concurrent direct, Bismarck du Plessis, 28 ans, dix joueurs sur un effectif de trente ont dépassé la trentaine.

Plus inquiétant, ce qui faisait la force du jeu springbok, à savoir une défense agressive et hermétique ainsi qu'une férocité acharnée dans les phases de combat, a semblé faire défaut aux hommes de de Villiers, ces derniers mois.

L'Afrique du Sud a ainsi concédé treize essais, lors du récent Tri-Nations.

La nation la plus compétitive

Enfin, les champions du monde devront se dépêtrer d'une "poule très difficile", selon Matfield, avec le Pays de Galles, Fidji, Samoa, récent vainqueur de l'Australie, et les modestes Namibiens.

Faut-il pour autant enterrer les Springboks? Pas sûr. "Ces derniers temps, nous avons souvent dû aligner une équipe diminuée", explique le coach adjoint, Dirk Muir.

"On a dû laisser des joueurs à la maison. Les fins de saison sont des moments où ils sont souvent fatigués ou blessés et vous ne pouvez pas toujours mettre la meilleure équipe sur le terrain", a-t-il souligné.

De Villiers n'a en effet aligné qu'une seule fois son équipe la plus compétitive lors du Tri-nations, avec à la clé une victoire probante face aux All Blacks (18-5).

En 2007, son prédécesseur, Jack White, avait lui aussi laissé filer le Tri-Nations pour, deux mois plus tard, remporter le trophée Webb-Ellis.

D'autre part, l'Afrique du Sud reste la nation de loin la plus compétitive en Coupe du monde : en quatre participations (1995, 1999, 2003, 2007), elle a remporté deux fois le trophée (1995, 2007), remportant 88% de ses matches, un record.

"C'est une sélection avec des gars expérimentés, habitués à jouer sous la pression et leur capacité à prendre les bonnes décisions peut être la clé", a estimé Muir.

Et si, en plus, la flèche Bryan Habana, meilleur marqueur de la dernière édition mais muet depuis juin 2010 en sélection, se réveille, cela peut devenir très compliqué pour les Gallois.