ATHENES (AFP) - Le Sud-Africain Roland Mark Schoeman, révélation des épreuves de sprint des Jeux olympiques d'Athènes, avec (déjà) une médaille d'argent sur 100 m et une d'or au relais 4x100 m, est l'homme à battre sur le 50 m nage libre vendredi.

"Deux médailles pour moi, c'est extraordinaire", s'est exclamé Schoeman.

L'inconnu du début de semaine est, en effet, devenu le favori du 50 m après avoir poussé, du haut de ses 198 cm, le double champion olympique Pieter van den Hoogenband dans ses derniers retranchements lors de la finale du 100 m remportée par le Néerlandais. Après avoir aussi conduit le relais 4x100 m sud-africain au record du monde (3:13.17) en finale dimanche.

Visage émacié, regard noir, Roland Mark Schoeman, 23 ans, fait donc son entrée en fanfare dans la cour des grands quatre ans après avoir complètement raté ses Jeux à Sydney pour un péché de jeunesse. Bien placé dans les bilans mondiaux 2000, il était resté aux portes de la finales du 50 m (10e temps, 22 sec 41).

"J'étais arrivé trop confiant, voire arrogant. J'étais N.1 au classement mondial sur 50 m et je pensais que tout allait couler de source. Ce fut ma plus grande erreur", se souvient-il.

Piscine et poésie

Cet Afrikander a effectué ses premiers longueurs dans les piscines de Pretoria à l'âge de six ans au temps de l'apartheid. A 15 ans, il décroche ses premiers lauriers nationaux en même temps que des prix de poésie à son lycée. Trois ans plus tard, se sentant à l'étroit dans son pays, il traverse l'Atlantique pour rejoindre son compatriote Ryk Neethling à l'Université d'Arizona, à Tucson.

Officiellement, il étudie en vue de devenir psychologue du sport, mais, comme la plupart des athlètes universitaires américains, il passe plus de temps aux entraînements et en compétition qu'en salle de cours.

Ses progrès sont réels: dès sa deuxième année en Arizona, il bat le record du monde du 50 m en petit bassin aux Championnats universitaires américains (2000).

Revenu brutalement sur terre après sa désillusion australienne, il tire les leçons de cet échec et se remet au travail. Avec des résultats quasi immédiats sous la forme d'une médaille de bronze aux Mondiaux-2001 à Fukuoka. "J'ai changé d'attitude", affirme-t-il. Pourtant deux ans plus tard à Barcelone, il échoue encore lamentablement dès le premier tour des séries du 50 m nage libre.

Son étonnante carrière en dents de scie semble rebondir vers le haut à Athènes au point de renaître à l'ambition. "Je vais poursuivre mon entraînement et dans quatre ans, peut-être, pourrais-je battre Pieter van den Hoogenband. Les premiers 50 m constituent mon avantage."

Il est attendu dès ce jeudi soir en demi-finales et vendredi en finale.