« Je pense bien que je viens de me faire un prénom. »

Au bout du fil, Alex Harvey résume bien, en une phrase, la saison qu'il vient de connaître. Alors que les meilleurs fondeurs de la planète atteignent leur apogée aux alentours de la mi-vingtaine, Alex Harvey a fait écarquiller bien des yeux en Coupe du monde cette saison. Il n'a que 20 ans.

Le fils de Pierre Harvey a pris les bouchées doubles cette année. Plus d'une trentaine de départs (33 pour être plus précis) que ce soit en Coupe du monde ou en Coupe Nor-Am. Là-dessus, deux podiums. Le bronze au sprint par équipe sur le site olympique de Whistler mais surtout, le bronze au 50 kilomètres classique lors de la Coupe du monde en Norvège. Harvey était le deuxième plus jeune fondeur à prendre part à l'épreuve.

« Je ne pensais pas que ça arriverait si vite. Mon objectif était de terminer dans le top 30 et me voilà qualifié pour les Jeux olympiques», lance le jeune fondeur.

Comment explique-t-il ce bond gigantesque parmi les meilleurs? « Ça a débloqué. Je n'ai pas d'explications précises, mais ce que je peux constater, c'est que l'entraînement a payé. »

«C'est fou, je me suis retrouvé sur le podium avec des athlètes qui se trouvaient sur des "posters" dans ma chambre il y a deux ans», ajoute-t-il en riant. « Je commence tranquillement à faire ma place. Je parviens à discuter avec les meilleurs… »

En terminant au 26e rang du classement général de Coupe du monde, Harvey voit automatiquement toutes ses dépenses de déplacements être payées par la FIS (Fédération internationale de Ski).

L'effet Harvey

Alex sait fort bien que s'il portait le nom d'Alex Tremblay, il n'aurait pas autant d'attention médiatique. Porter le nom de Harvey n'a jamais été un fardeau pour lui. Même que fiston semble en avance sur son père au même âge. Faut dire qu'au début de la vingtaine, Pierre était davantage un cycliste qu'un fondeur.

« Quand j'ai gagné ma médaille de bronze en Norvège, mon père n'en revenait pas. Il croyait qu'il devait y avoir une erreur dans l'affichage des résultats. Même moi, je pensais que c'était impossible », explique Alex.

« Pendant une partie de la course, j'étais en avant. J'entendais les spectateurs scander mon nom. J'étais en Norvège! Disons que ma troisième place, c'était comme si l'Allemagne remportait le Championnat du monde de hockey… »

Médaille à Vancouver?

Récemment, Pierre Harvey y allait d'une affirmation à l'effet que si son fils terminait parmi les 10 premiers aux Jeux olympiques, ce serait extraordinaire. Pourquoi? Selon le paternel, il y aura des tricheurs à Vancouver en ski de fond. Une réflexion que partage Alex.

« Une chose est certaine, tous les athlètes vont arriver au sommet de leur forme à Vancouver. Des tricheurs, il y en aura. Les instances en attrapent à toutes les saisons. »

Le jeune Harvey ne se laisse toutefois pas aveugler par ses performances en Coupe du monde. Certains pourraient penser qu'il peut viser une médaille à Vancouver. Harvey se montre plus réaliste.

« Personnellement, je ne mets pas de pression. Mon objectif, c'est vraiment les Jeux de 2014. La date est déjà cochée sur mon calendrier. »

Une affaire de famille

Alex Harvey est reconnaissant envers les gens qui l'entourent. Certes, son père est d'une aide précieuse, mais il mentionne rapidement le nom d'Yves Bilodeau pour expliquer une partie de son succès.

« C'est mon technicien pour les skis. Il est excellent. De plus, c'est le parrain de ma jeune sœur Laurence.»

Un peu de repos avant le dernier droit

Avant de reprendre l'entraînement en vue de la prochaine saison, Alex entend bien prendre quelques jours de repos à Cuba à la fin avril. Du repos bien mérité, car il pourrait se retrouver en camp d'entraînement dès le mois de mai.

Imaginez, à travers toutes ses occupations de sportif, Alex trouve le temps de poursuivre des études en droit.

C'est tout à votre honneur, M. Harvey.