LAVAL - Le ski alpin est-il devenu un sport trop rapide? C'est ce qu'à déclaré le chef de l'équipe féminine autrichienne de ski alpin, au cours du week-end, après avoir vu sa protégée Nicole Hosp subir une déchirure ligamentaire au genou droit à l'occasion du slalom géant de Solden, en Autriche.

Herbert Mandl a alors réclamé des parcours moins rapides pour limiter les risques de blessures.

La skieuse québécois Geneviève Simard a participé à cette épreuve, terminant au 47e rang. Elle a confirmé que le tracé était effectivement plus dangereux que d'habitude.

"C'était plus un tracé de gars, d'ailleurs les femmes ont réussi des temps plus rapides que les hommes en fin de semaine, ce qui est rare. La distance entre les piquets était plus grande qu'on le voit normalement chez les femmes, et ça devient plus difficile de contrôler sa vitesse dans ce contexte-là", a expliqué l'athlète de Val-Morin, mardi, en marge des activités de la 15e Rencontre au sommet Telus organisée par Ski Québec alpin.

Erik Guay, qui a également participé à l'événement tenu à Laval, a reconnu qu'effectivement, ça lui avait déjà effleuré l'esprit que les skieurs dévalaient peut-être les pentes un peu trop rapidement.

"Quand on voit le nombre de plus en plus élevé de blessures.... Mais ce n'est pas étonnant que ce soit devenu comme ça. C'est spectaculaire de dire que les skieurs vont à 160 km/h", a-t-il souligné.

Guay est d'avis, comme Mandl, qu'il faudrait changer la configuration des tracés.

"Si on regarde comment ça se passait dans les années 1970, les descendeurs y allaient autant à fond, mais la piste n'était pas damée aussi à plat qu'aujourd'hui. On laissait plus de bosses, donc on assistait à beaucoup d'action même si, dans les faits, les skieurs allaient moins vite."

Selon Guay, le ski alpin aurait intérêt à revenir à cette façon de faire, ce qui augmenterait l'intérêt des amateurs puisque ça donnerait des courses plus spectaculaires.

"Quand on regarde une course à la télé, on veut voir que ça bouge quand le skieur descend. A l'heure actuelle, on sait en théorie que le skieur va vite, mais on a l'impression que ce n'est pas le cas tellement la piste est lisse et que ça ne brasse pas."

François Bourque a fait remarquer que le ski alpin est comme la Formule 1, en ce sens qu'on a beau mettre en place des règlements dans le but de limiter la vitesse et de réduire les risques d'accident, les fabricants d'équipement trouvent toujours le moyen de les contourner.

"Les compagnies réussissent à faire des produits qui sont performants quand même, a-t-il souligné. A un moment donné, on est dans un sport où la vitesse est un élément essentiel, et si on en vient à faire que ça n'avance plus, ça enlève le 'punch'. Le but, ça reste quand même d'aller le plus vite possible en bas de la piste.

"On ne va pas nécessairement plus vite, en vitesse de pointe, que dans les années 1980, c'est juste que les parcours deviennent de plus en plus techniques, nos skis tournent plus, a expliqué Bourque. Personne n'est à l'abri d'une blessure. J'essaie de voir comment on pourrait les prévenir. Faudrait-il aller jusqu'à mettre des armures de je ne sais pas trop quelle matière?

"Ca fait partie de l'enjeu, et si quelqu'un a peur de se blesser, qu'il ne skie pas, qu'il choisisse de faire autre chose dans la vie, a ajouté Bourque, qui a raté la saison 2008-09 presqu'au complet à cause d'une déchigure ligamentaire à un genou. Il y a des risques inhérents à ce sport et quand tu décides d'y aller à 100 pour cent, tu dois être prêt à vivre avec les conséquences."

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