« C’est un quatre de sept... »

Mikaël Kingsbury ne pouvait choisir meilleure analogie pour décrire le duel épique qui l’opposera à son bon ami et compatriote Alexandre Bilodeau aux Jeux olympiques de Sotchi.

En effet, c’est chacun avec trois victoires dans leurs valises que les deux bosseurs québécois sont débarqués au village olympique. Kingsbury a enlevé les trois premières épreuves du calendrier du circuit de la Coupe du monde et Bilodeau a s’est imposé lors des trois suivantes.

La table est donc mise pour le « match no 7 ».

La rivalité Kingbury-Bilodeau

« C’est assurément l’un des plus gros duels de ces Jeux olympiques », anticipe le skieur acrobatique Olivier Rochon, qui agira à titre d’analyste sur les ondes de RDS lors de la finale masculine des bosses le 10 février prochain.

D’un côté, Kingsbury a tout raflé la saison dernière, des globes de cristal au championnat du monde. De l’autre, Bilodeau a démontré depuis le début du calendrier de la coupe du monde qu’il ne cédera pas son trône olympique aussi facilement.

« Ce sera le talent et la jeunesse contre l’expérience. Kingsbury en sera à ses premiers Jeux, alors que Bilodeau s’y présentera pour la troisième et dernière fois sans doute », enchaîne Rochon, qui s’est déjà entraîné avec Kingsbury avant de dévier des pistes de bosses vers les rampes de lancement du saut acrobatique.

« L’an passé, il aurait été un peu plus facile de départager un favori, mais le retour en force de Bilodeau change tout », insiste Rochon, qui a dû renoncer aux Jeux olympiques en raison d’une déchirure totale du ligament croisé antérieur du genou gauche.

« Mikaël excelle dans l’art de repousser ses propres limites. Même s’il skie parfois aux frontières de celles-ci, il demeure calme tout au long de sa descente. Pour sa part, Alexandre demeure toujours posé. Quand il perd l’équilibre, il ne panique pas. Il sait quoi faire et réagit toujours très bien », décrit Rochon.

Dans un duel qui promet d’être aussi enlevant que serré, la moindre erreur risque donc d’être capitale. « Ils n’ont pas le choix, ils se doivent d’effectuer des descentes sans faille, pour ne pas dire parfaites », opine Rochon.

Deux skieurs à la fois « fluides et agressifs », Kingsbury et Bilodeau auront aussi tout intérêt à être très rapide.

La paire monarchique des bosses

« S’ils sont fidèles à leurs habitudes et qu’ils sont toujours aussi bons techniquement tant dans leurs descentes que dans leurs sauts, leur vitesse sera déterminante. C’est ce qui risque de faire la différence entre une médaille d’or et une médaille d’argent. Le moindre centième de seconde importera », estime Rochon.

Mais qui est donc le skieur le plus rapide?

« Il y a eu un temps où c’était Alexandre, répond d’abord Rochon. Puis, ce fut au tour de Mikaël. Là encore, c’est 50-50… »

Kingsbury et Bilodeau peuvent donc aisément prétendre à un podium. Et qui sait, s’ils y montent, ils pourraient être accompagnés d’un autre coéquipier, Philippe Marquis.

« Il a déjà prouvé qu’il est capable de monter sur le podium. Il a d’ailleurs terminé troisième lors d’une épreuve préolympique présentée à Sotchi l’an dernier », rappelle Rochon.

Une rivalité fraternelle

Outre le duel Kingsbury-Bilodeau, la piste de Sotchi sera aussi le théâtre d’une rivalité fraternelle, alors que les sœurs Maxime, Chloé et Justine Dufour-Lapointe seront le l’épreuve féminine des bosses.

Ce sera alors la première fois en 54 ans que trois sœurs prendront part à une même olympiade. En 1960, à Squaw Valley aux États-Unis, les skieuses françaises Thérèse, Anne-Marie et Marguerite Leduc étaient de la compétition.

Si un podium à 100 % Dufour-Lapointe relève peut-être de l’utopie, les chances de médaille sont néanmoins bien réelles pour les membres de ce trio.

« Elles sont toutes les trois excellentes », note d’emblée Rochon avant d’enchaîner.

« Justine, la plus jeune des trois, est animée d’une belle rage de vaincre. Chloé a pour sa part participé aux Jeux de Vancouver, alors que Maxime, après avoir été quelque peu dans l’ombre, a prouvé avec quelques bons résultats qu’elle peut elle aussi gagner une médaille. »

Si Justine semble sur une lancée cette saison avec cinq podiums cette saison, dont deux premières places , difficile de prédire laquelle des trois sœurs a le plus de chances de revenir au Canada médaille au cou, ajoute Rochon.

« Dans un monde idéal, les trois sœurs Dufour-Lapointe monopoliseraient le podium », rêve Rochon.