Montréal – La fondeuse Dasha Gaïazova a annoncé sa retraite sportive mardi. Au cours de sa carrière, l’Olympienne des Jeux de Vancouver et de Sotchi s’est mesurée à l’élite mondiale du ski de fond pendant une dizaine d’années au cours desquelles elle a notamment obtenu deux troisièmes places en Coupe du monde et une sixième place aux mondiaux de 2011.

Un an avant les Jeux de Sotchi, Gaïazova et Perianne Jones étaient montées sur la troisième marche du podium au sprint par équipe classique à la Coupe du monde qui servait d’événement préparatoire pour les Jeux de 2014. Cette course restera le meilleur souvenir de celle qui a immigré au Canada à l’âge de 15 ans.

Forte de caractère, cette spécialiste des épreuves de sprint en style classique avait ce qu’il fallait pour conserver sa place lorsque venait le temps de batailler contre les autres fondeuses dans un virage serré. C’est aussi ce tempérament qui lui aura nuit dans ses relations avec certains membres du personnel de la fédération canadienne, ce qui l’aura poussée en partie à une retraite qui aurait pu être prise plus tard, elle qui n’est âgée de que 30 ans.

Exclue de l’équipe nationale de développement

Les équipes nationales ont été nommées par Ski de fond Canada à la fin mai. L’athlète d’origine russe s’attendait à ne pas être retenue dans l’équipe de Coupe du monde, car le critère de sélection était deux Top-12 en Coupe du monde, ce qu’elle n’a pas été en mesure de réaliser la saison dernière. Gaïazova a toutefois été surprise de voir que son nom ne faisait pas partie de celle de l’équipe de développement non plus.

« Oui, l’année a été difficile et c’est une de mes pires saisons depuis cinq ans », a indiqué celle dont les deux meilleurs résultats individuels en 2013-2014 ont été des 13e et 14e places. « Ne pas avoir été retenue dans l’équipe de développement même si je répondais aux critères pour faire partie de cette équipe a influencé ma décision. »

À titre d’exemple, sa coéquipière du sprint par équipe de Sotchi, Perianne Jones, a été sélectionnée avec des résultats semblables aux siens, ses deux meilleurs résultats individuels étant une 10e et une 24e place. Elle a également terminé 13e au sprint par équipe style classique de Nove Mesto (République tchèque), en compagnie de Gaïazova.

« Il y a beaucoup de politique et je croyais que j’aurais fait partie de l’équipe de développement. Ils ont leurs raisons, sauf que j’ai été surprise », indique celle qui a appris la nouvelle la veille de son départ pour l’Écosse, alors qu’elle partait en vacances pour faire un voyage de cyclotourisme en compagnie de son père.

Après avoir contemplé les paysages écossais, la Québécoise d’adoption n’avait plus le goût de se livrer à des luttes politiques. Exclue des dernières Coupes du monde de la saison parce qu’elle n’avait pas respecté le couvre-feu pendant les Jeux - elle était sortie célébrer la dernière course de la carrière de sa coéquipière Chandra Crawford - Gaïazova n’a jamais caché qu’elle n’avait pas d’atomes crochus avec l’entraîneur-chef Justin Wadsworth.

« (À Sotchi), j’ai brisé la règle et j’ai eu ma punition. En partant pour l’Écosse, je savais que ce serait le moment pour prendre une décision. J’étais sortie d’un environnement où je côtoie toujours des gens de ski de fond et, à la fin du voyage, c’était clair dans ma tête que le moment était venu d’arrêter et de passer à autre chose. »

Compte tenu de cette fin de carrière plutôt abrupte, aurait-elle fait les choses autrement dans ses relations avec certaines personnes?

« Je suis faite comme ça. Les athlètes de haut niveau sont aussi souvent des personnes difficiles. J’ai travaillé avec Louis Bouchard, à Québec, et ça allait super bien. Et c’était la même chose en 2008 et 2011 lorsque je n’étais plus avec l’équipe nationale et que je me suis entraînée avec des clubs. J’avais mes idées et l’équipe nationale avait les siennes. Il était difficile de gérer tout ça. »

Quel avenir?

L’absence de représentantes canadiennes dans l’équipe nationale de Coupe du monde en vue de la prochaine saison inquiète la nouvelle retraitée qui croit que cela pourrait avoir des répercussions sur la prochaine génération de fondeurs.

« Tout le personnel est encore là, sauf qu’il n’y a plus de femmes dans l’équipe nationale. Ceux qui sont dans l’équipe de développement devront débourser environ 30 000 $ cette année et c’est la même chose pour Perianne qui est allée deux fois aux Jeux olympiques. Lorsque j’avais 20 ans, nous avions beaucoup plus de soutien. C’est triste. Il n’y a pas de vision à long terme. »

Dasha Gaïazova compte demeurer dans le monde du ski de fond et elle hésite entre demeurer à Canmore, où elle s’entraînait, ou bien revenir à plein temps au Québec. Avant d’arrêter son choix entre le marché du travail ou un retour aux études, elle commencera à suivre ses formations d’entraîneur afin de travailler auprès des jeunes.

« J’ai toujours fait les choses à ma façon et ma passion du ski de fond sera là pour le reste de ma vie. Si je peux inspirer de jeunes athlètes, ce sera le plus grand cadeau de ma carrière sportive. »