J'ai finalement disputé ma dernière épreuve en sol québécois au cours du dernier week-end. Si humainement, la fin de semaine a été forte en émotions, je n'ai pas obtenu le résultat que j'aurais aimé même si j'ai le sentiment d'avoir bien skié au Mont-Gabriel. J'ai commis de petites erreurs qui m'ont coûté cher lors des qualifications.

Avec le début de saison difficile que j'ai connu -j'ai brisé un bâton et j'ai été malade- il était important pour moi de démontrer aux gens qui sont venus m'encourager que je n'étais pas revenu sur les pistes que pour le plaisir et que j'étais vraiment compétitif. Je pense que j'ai réussi à le faire alors, c'est mission accomplie pour moi. En gagnant mon premier duel de façon aussi décisive, les gens ont tripé un peu plus.

Je me sentais bien même si je savais que c'était ma dernière course au Mont-Gabriel. J'étais heureux de voir plusieurs personnes importantes dans ma vie vivre l'événement avec moi. L'équipe de marketing de Cascades, les gens de l'école de parachutisme Voltige avec Mario, Martine et Guillaume Lemay-Thivierge à qui j'ai prouvé que je ne faisais pas seulement que du parachute! J'étais content de les voir dans un autre environnement que celui de l'été dernier. En plus, il y avait aussi tous les habitués du Mont-Gabriel.

C'était particulier de skier à Gabriel en sachant que c'était ma dernière course au Québec, mais je vais répéter que c'était beaucoup plus prenant l'an dernier. Cette année, j'étais surtout concentré sur le ski et je voulais tellement performer que j'étais complètement en mode compétition. J'ai fait en sorte de laisser les émotions de côté pour donner le meilleur de moi-même. J'étais le premier à l'entraînement pour faire mes sauts et je vous dirais que ce n'est pas dans mes habitudes. J'étais dans ma bulle comme si je participais aux championnats du monde ou aux Jeux olympiques.

Finalement, mon aventure s'est terminée en quarts de finale quand j'ai été battu par le Russe Sergey Volkov. J'avais changé de parcours, j'étais dans le rouge que je connaissais moins. J'ai eu du mal avec mon atterrissage en haut et j'ai dû m'attarder à faire du rattrapage en allant plus vite que lui pour le faire sortir de piste. Je ne me suis pas aperçu que je l'avais rattrapé alors je n'ai pas forcé la note. J'ai préféré arrêter parce que j'estimais que mon saut du bas n'allait pas être fantastique, que je risquais de me blesser et que j'étais loin d'être assuré de gagner. Ça ne me servait à rien de prendre un risque inutile si je n'étais pas sûr de l'emporter.

Le circuit de la coupe du monde s'arrête à Lake Placid en fin de semaine, mais je vais faire l'impasse sur cette épreuve. Comme j'ai connu des ennuis depuis le début de la saison, il y a quelqu'un d'autre qui a eu de meilleurs résultats que moi qui prendra ma place. Comme Alexandre Bilodeau a décidé d'y participer, il était évident qu'on allait lui trouver une place dans l'équipe. Mais je serai au départ de l'épreuve de Calgary la semaine suivante. C'est ce qui arrive quand vous êtes membre d'une équipe aussi puissante.

Ça me fait un peu peine, mais rater une course en fin de carrière, ça me dérange moins.

Mikaël Kingsbury est parfait

Mikaël Kingsbury a de nouveau été dominant comme il l'est depuis le début de la saison. Ce jeune-là est simplement parfait. Une erreur à ses yeux ne serait pas une erreur pour un autre concurrent. Son niveau de ski a atteint un niveau incroyable, mais il travaille tellement fort à l'entraînement pour y arriver. Il a aussi la capacité mentale pour dominer et il mérite amplement ce qui lui arrive. Il n'est pas imbattable, mais sa constance est phénoménale.

Dans un éventuel duel entre Michaël et Alex Bilodeau, c'est difficile de déterminer qui gagnerait l'épreuve. Je pense qu'ils seraient nez à nez et j'aurais du mal à favoriser l'un par rapport à l'autre. Quand deux athlètes sont si proches comme ça, les petits détails feraient la différence. Sur une piste, un skieur serait plus favorisé que l'autre et l'inverse serait aussi vrai sur une autre piste. Ça pourrait aussi être une question de disposition physique ou encore mentale la journée de la course qui ferait la différence entre les deux.

Une bonne pensée pour Sarah Burke

Sarah Burke, grièvement blessée à la tête la semaine dernière lors d'une chute survenue à l'entraînement, est une personne que je connais depuis 15 ans. Elle n'est pas une amie proche, mais on se salue toutes les fois et on discute à l'occasion, mais sans plus. J'ai toutefois beaucoup d'amis qui sont proches d'elle et ils me donnent des nouvelles de sa condition. Je suis derrière elle et j'espère qu'elle va se remettre.

Il y a dix ans j'ai subi une fracture au cou, mais la blessure à Sarah est plus sérieuse que la mienne. Moi, je n'étais pas sombré dans le coma. Je n'ai pas d'opinion sur sa condition parce que je n'en connais pas assez au niveau médical, mais je lui souhaite que le meilleur.

Je sais qu'elle est une personne solide au niveau physique et mental. Je suis convaincu qu'elle va s'en sortir et redevenir une grande skieuse.

*propos recueillis par Robert Latendresse