Devant les résultats décevants de l'équipe nationale féminine cette saison, les entraîneurs ne sont pas passés par quatre chemins pour nous dire leur façon de penser. Une façon que j'ai détestée. Ce n'était pas une attitude objective, constructive et professionnelle. C'était lundi soir dernier.

J'ai eu besoin de quelques jours avant de me dépomper. Je sais que je dois en prendre et en laisser parce que tout ce qui a été dit ne me concernait pas toujours.

Disons que janvier est difficile pour moi. Les résultats en piste ne sont pas au rendez-vous après une fin décembre prometteuse. J'étais encouragée après un temps des fêtes qui m'a permis de découvrir Prague en République tchèque, la plus belle ville que j'ai visitée dans ma vie. Voilà sur le plan touristique, parlons plutôt de cette fameuse rencontre.

On s'est fait crier après nous, pour se faire dire que les entraîneurs étaient insatisfaits de nos résultats et que nous étions sous-performant. Je trouve que les entraîneurs sont durs et impatients. Ils ont des objectifs à atteindre, je le comprends mais moi, je n'ai jamais performé en me faisant invectiver de la sorte et en recevant des bêtises.

Je reviens d'une opération à une jambe et mon retour est plus difficile que prévu. Le scénario idéal aurait été un top 30 à Solden mais ça ne s'est pas produit. Les résultats sont sous mes attentes mais je ne remets pas en doute la qualité de mon ski et de ce dont je suis capable. Ma 15e place à Semmering en Autriche à la fin décembre n'était pas un hasard. Ma réhabilitation est simplement plus longue que prévu.

On a donc réuni l'équipe dans une salle. Nous étions assises à une table et l'entraîneur nous parlait individuellement mais devant tout le monde et sur un ton qui ne laissait place à aucun doute sur son état d'esprit. Il m'a reproché de n'avoir réussi qu'un top 30 en cinq courses.

Chacun des membres de l'équipe a goûté à cette médecine. Les plus jeunes n'ont pas eu la même réaction que moi, sans doute une question de maturité.

C'est vrai que nos performances ne sont pas à la hauteur mais il y a une façon de dire les choses. Le discours des entraîneurs n'avait rien de motivant. On était loin du discours de motivation d'Al Pacino dans le film "Any given sunday".

Le lendemain de cette rencontre, j'étais encore furieuse. Je suis rentrée à l'hôtel après seulement deux manches tellement j'étais hors de moi. J'ai eu besoin de quelques jours pour retrouver mon calme. J'en ai profité pour aller tirer la situation au clair avec mon entraîneur, qui m'a avoué qu'il voulait secouer les plus jeunes de l'équipe. Il veut qu'elles se rendent compte qu'elles sont membres d'une équipe de coupe du monde et qu'elles doivent agir comme des professionnelles.

J'ai 28 ans et je reviens d'une opération majeure. Je tente encore de retrouver mon rythme en participant notamment à diverses courses en Europe. Un discours comme celui-là ne me motive pas du tout. Ma béquille actuellement, elle est mentale. J'ai des doutes et ça me ralentit. J'ai toujours eu besoin de plusieurs bons résultats pour me convaincre que j'étais sur la bonne voie. Je suis dure avec moi-même et je sais que c'est peine perdue de rechercher un feeling parfait, je l'ai constaté à Maribor où je n'ai pas terminé la première manche. Une descente sans erreur n'existe pas.

À la recherche de bons feeling

En fin de semaine, ça se passe du côté de Cortina en Italie. Je suis heureuse d'y être parce que c'est une piste que j'aime et où j'ai eu des bons résultats par le passé. C'est le meilleur endroit pour repartir du bon pied.

propros recueillis par Robert Latendresse