Je n'ai jamais eu à m'adapter à un décalage horaire aussi violent que celui vécu à mon retour de la Chine, il y a deux semaines. Pourtant, j'étais déjà allé au Japon à quelques reprises et le retour n'était pas trop pénible, mais je dois l'avouer, la Chine m'est rentrée dans le corps!

J'ai eu besoin de plus d'une semaine pour m'en remettre. Après dix jours, il m'arrivait encore de tomber endormi sur l'heure du souper. Rien pour aider, on est revenu en plein temps des Fêtes. Il a fallu courir partout pour les cadeaux et ensuite les célébrations en famille.

Malgré tout, je me suis bien reposé après un début de saison pour le moins éreintant. Je n'ai pas skié beaucoup puisque les conditions n'étaient pas idéales, mais depuis trois jours, je suis au nouveau centre d'entraînement à Val Saint-Côme, qui compte sur une piste de calibre mondial. Vous pouvez me croire sur parole quand je vous dis qu'elle n'a rien à envier à celle de Deer Valley ou celle des Jeux de Vancouver, ce qui est vraiment fantastique pour les skieurs de notre équipe.

Je me sens présentement en grande forme. J'ai fait de super bons entraînements au cours des derniers jours et je suis d'attaque pour l'épreuve de Coupe du monde du Mont-Gabriel en fin de semaine prochaine. Et sachant qu'Alexandre Bilodeau et Mikael Kingsbury donnent du ski solide ces temps-ci, je ne peux m'empêcher de rêver à un autre triplé canadien en sol québécois.

Évidemment, comme il s'agira d'une épreuve en duels, Dame Chance devra être de notre côté pour que le triplé se concrétise puisque c'est notre rang en qualifications qui déterminera les affrontements subséquents. Il se peut donc fort bien que deux compatriotes soient forcés de s'entre-tuer avant les rondes finales.

Malgré tout, je suis content que le comité organisateur de l'événement ait opté pour la présentation de duels, une première au Mont-Gabriel pour une épreuve de la Coupe du monde. Je me sens à l'aise dans cette formule et la dernière fois que les championnats canadiens ont été tenus à cet endroit, j'avais décroché la deuxième place.

La présentation d'une épreuve de duels est une excellente nouvelle pour les amateurs qui se déplaceront pour venir nous encourager. Les duels, c'est beaucoup plus excitant que la formule plus conventionnelle parce qu'ils donnent lieu à plus de descentes en peu de temps. Les compétiteurs sont plus agressifs, ils se poussent à la limite et tentent de provoquer l'erreur chez leur vis-à-vis. On ne sait vraiment jamais ce qui peut arriver.

En plus, en simple, tu vois les meilleurs skieurs à l'œuvre seulement deux fois tandis qu'en duels, les finalistes doivent descendre la piste un total de six fois. Pour les spectateurs, c'est vraiment super.

Je vois les choses différemment

Personnellement, je sens que j'ai tous les outils pour être compétitifs. Je me répète, mais on dirait que mes 14 dernières années sur les pistes rapportent vraiment des dividendes présentement. J'ai un important bagage d'expérience et je suis capable d'aller puiser dedans pour m'aider lors des compétitions.

Les choses sont beaucoup plus faciles pour moi. Avant le début du calendrier, je me disais que j'allais simplement faire une dernière saison et essayer d'être compétitif lorsque les conditions seraient favorables. Mais là, je regarde ce que j'ai fait jusqu'à présent et je me dis que je suis vraiment dans la game! Je m'attendais à l'avoir difficile, à avoir beaucoup de fil à retordre, mais ce n'est pas le cas.

C'est probablement ma dernière saison quand même, mais reste que tout d'un coup, je vois les choses différemment.

Et comme je le mentionnais dans ma chronique précédente, je vais chercher beaucoup de satisfaction dans le fait que tous les membres de l'équipe masculine canadienne de ski de bosses font partie des 13 meilleurs au monde présentement. Je me réjouis du succès de mes coéquipiers, parce que j'essaie de passer le plus de temps possible à les motiver, à les coacher, à leur donner le plus de trucs possible. Évidemment, ce n'est pas moi qui fais le travail à leur place et je ne suis pas le grand responsable de leurs succès, mais je ne peux pas croire qu'il n'y a pas un petit peu de moi là-dedans.

En fin de semaine, il y a plusieurs jeunes qui évoluent sur le circuit de la coupe NorAm (l'équivalent des ligues mineures de notre discipline) qui disputeront la première étape de Coupe du monde de leur carrière. Retenez les noms de Simon Pouliot-Cavanagh, Marc-Antoine Gagnon et Pascal-Olivier Gagné. Ce sont tous des bons gars qui sont là pour les bonnes raisons, des passionnés qui sont aussi d'excellents skieurs.

J'ai hâte de les voir à l'œuvre et ne vous gênez pas pour les encourager en fin de semaine. Ce sont eux qui vont nous représenter sur la scène mondiale dans quelques années!

Je vous reviens dimanche avec mes impressions sur mon week-end!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.