Je suis vraiment très, très heureux de ma fin de saison. J'ai fait deux beaux duels en fin de semaine à Voss, en Norvège, où se déroulait la dernière étape du circuit de la Coupe du monde. Tellement que je suis passé à un cheveu d'avoir le dessus sur Guilbaut Colas, qui était l'homme à battre sur les pentes cette année.

Je me réjouis beaucoup des succès de Guilbaut, qui a finalement réussi à mettre la main sur le globe de cristal qui lui passait entre les doigts depuis quatre ans. Guilbaut, c'est vraiment un très bon ami, un complice.

À part Alex Bilodeau, il n'y a personne de qui je suis aussi proche sur le circuit de la Coupe du monde. Il vient fêter le Jour de l'An chez moi et il m'a même prêté l'auto de sa mère pendant deux semaines. En avez-vous beaucoup, vous, des amis qui vous prêteraient l'auto de leurs parents?

Guilbaut, je le considère presque comme un coéquipier. Le plus souvent possible, on mange ensemble, on fait des activités ensemble. On est même régulièrement co-chambreurs pendant la saison, ce qui n'est pas très fréquent pour deux skieurs de nationalités différentes.

En Norvège, Guilbaut s'est assuré du premier rang du classement général avec une victoire dès son premier duel. Il n'y avait donc plus vraiment d'enjeu pour lui lors de notre face-à-face. Quand on s'est retrouvé en haut de la piste, on s'est serré dans nos bras et il pleurait encore. Je lui ai dit que j'étais fier de lui et j'ai trouvé ça très cool de pouvoir souligner ce beau moment en skiant à ses côtés.

D'un point de vue purement compétitif, je me dis que d'avoir été capable de tenir tête au meilleur gars de duels au monde, à l'âge que j'ai, c'est quelque chose.

Je termine la saison 2011 avec une septième place au classement général. C'est excellent, d'autant plus que j'ai raté deux courses. Sérieusement, je ne pensais jamais être aussi bon que ça cette année.

Pourquoi m'arrêter maintenant?

La dernière saison a tellement été au-delà de mes attentes que je considère fortement revenir sur mes paroles et remiser mes plans de retraite pour l'année prochaine. Je n'ai pas d'annonce officielle à faire, je dois notamment faire le tour de mes commanditaires, mais je penche fortement vers cette option.

Je pourrai sans doute vous en dire plus après les championnats canadiens, qui se dérouleront en fin de semaine à Val Saint-Côme.

Pour être honnête, je ne m'attendais vraiment pas à faire face à ce dilemme. Après les Jeux de Vancouver, j'ai eu une grosse baisse d'énergie, une bonne dépression post-olympique. Je ne voyais pas comment je pourrais retrouver l'énergie nécessaire pour skier. Mais dès que la saison est commencée, j'ai recommencé à adorer ça. Sans compter que je suis toujours en bonne forme physique et le moral est au poil.

Bref, il n'y a pas beaucoup de raisons qui jouent contre moi pour arrêter.

En plus, je me dis que plus j'ai de temps pour planifier mon après-carrière, meilleure elle sera. Continuer pour une autre saison, ça serait aussi me donner une chance de magasiner un peu plus, de me poser des questions, de me préparer une transition la plus facile possible.

Si je continue, je vais avoir tout l'été et toute la saison prochaine pour essayer de me trouver des bases solides pour me trouver un emploi ou, encore mieux, m'en créer un.

Présentement, une grande partie de moi est impliquée dans le parachutisme. D'ailleurs, je travaillerai cet été chez Voltige, une école de parachutisme à Joliette. J'ai aussi des projets d'affaires et je veux commencer à me placer les pieds en tant que conférencier.

Une équipe exceptionnelle

Mes dernières compétitions de l'année ne veulent rien dire pour aucun classement, mais j'ai quand même six titres canadiens à mon actif. J'aimerais bien en ajouter un septième... Surtout qu'en cette ère faste pour le ski acrobatique au pays, il n'y a pas beaucoup de différence entre un championnat canadien et une Coupe du monde!

Quand j'étais plus jeune, le championnat canadien, c'était l'événement d'une vie pour moi. Je voyais toutes mes idoles skier sur les mêmes pistes que moi. Aujourd'hui, c'est important pour moi d'être là pour passer le flambeau aux jeunes qui veulent poursuivre notre tradition d'excellence.

On a fait un souper avant de quitter la Norvège. Notre entraîneur s'est levé pour faire un toast et il a tenu à souligner que c'était la première fois, de mémoire d'homme, que chaque membre de l'équipe avait réussi au moins un top 5 au cours de la saison.

On est vraiment, de loin, l'équipe la plus forte au monde. Ça ne fait plus aucun doute maintenant. Et quand je vois que je suis encore capable, à mon âge, de tirer mon épingle du jeu parmi tout ce beau monde, je trouve ça super.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.