Jean-Philippe Le Guellec a fait les choses en grand samedi en devenant le tout premier biathlonien canadien à monter sur le podium de la Coupe du monde, lui qui s'est imposé au sprint de 10 kilomètres à Östersund, en Suède.

La meilleure prestation d'un représentant du pays en Coupe du monde datait de 1993 et avait été réussie par l'Albertain Glenn Rupertus, sixième de l'épreuve individuelle de 20 kilomètres d'Oberhof.

Le plus haut classement pour Le Guellec en Coupe du monde était jusqu'à présent une septième place, obtenue à la poursuite d'Antholz-Anterselva, en Italie, en janvier 2009.

Sa sixième place au sprint des Jeux olympiques de Vancouver était cependant son meilleur résultat dans le cadre de compétitions internationales seniors.

Depuis son expérience aux Jeux de 2010, l'athlète de Shannon n'avait pu faire mieux qu'un huitième rang, à deux occasions. Pour lui, sa prestation est donc évidemment un grand accomplissement, mais surtout, un grand soulagement.

« C'est plus un soulagement je dirais. Depuis les Jeux olympiques, ma mire était fixée vers l'objectif de monter sur le podium. Je me suis dit enfin en traversant la ligne. »

« Les implications de cette victoire, qui est une surprise, parce que je n'aurais jamais pensé ça en début de saison, sont énormes. »

« Ça démontre que nous avons un bon programme au Canada. J'ai toujours voulu démontrer que c'est possible pour les Canadiens, que ce ne sont pas juste les Européens qui peuvent gagner. Un peu comme l'ont fait Devon Kershaw et Alex Harvey en ski de fond. »

Parfait au tir, mais lent début

Le Guellec a ramené un chrono de 25 min 10,4 s, en étant notamment impeccable au champ de tir.

« Il ventait quand même un peu aujourd'hui. C'était une belle opportunité de bien tirer », a-t-il expliqué, en faisant allusion à la possibilité de se démarquer de la concurrence. Seulement trois de ses adversaires ont d'ailleurs été parfaits avec leur carabine.

Le Français Alexis Bœuf s'est classé deuxième, après avoir raté une cible et terminé à 18,1 secondes. Aussi pénalisé une fois, l'Autrichien Christoph Sumann a fini troisième, en retard de 24,8 secondes.

Le Guellec a par ailleurs connu un début d'épreuve plus ou moins rapide. Il a conséquemment obtenu le 17e meilleur temps des 103 participants en lice pour la première boucle.

« Je suis parti un peu tendu honnêtement. C'est environ à la moitié de mon premier tour où je me suis dit qu'il fallait que je relaxe et que je skie comme je skie d'habitude. »

La prise de conscience du biathlonien de 27 ans a été efficace, mais il n'a pas eu la chance de le constater aussi rapidement qu'il l'aurait peut-être voulu.

« Pendant mes deux premiers tours, les gens sur le bord de la piste me disaient de ne pas lâcher, de continuer, que ça regardait bien. Je n'avais toutefois pas plus d'information que ça et je me demandais où j'étais. »

« Finalement, au dernier tour, après mon tir en position debout, on m'a dit que j'étais cinq secondes devant le deuxième. C'était la surprise totale, mais ça m'a donné le feu que j'avais besoin. »

Une longue attente

Parti 38e, Le Guellec a dû attendre plusieurs minutes avant d'avoir la confirmation de sa victoire.

« Quand j'ai traversé la ligne, je ne voulais pas fanfaronner, la course était encore jeune. C'est le fun de voir ton nom en haut quand tu finis, ça veut dire que tu vas sûrement terminer dans le top-5 ou le top-10, mais que ça tienne jusqu'à la fin... C'était inespéré. »

Fidèle à son habitude, le vainqueur du jour savourait son accomplissement avec beaucoup de modestie.

« Oui, c'est une victoire, mais je pense que j'ai encore des preuves à faire. Ça démontre que c'est une possibilité et le but va être de remettre le pied dans la porte le plus souvent possible cet hiver. »

Deux autres Canadiens ont pris le départ du sprint de 10 kilomètres. Le Saskatchewanais Scott Perras et l'Albertain Nathan Smith ont respectivement pris les 45e et 61e échelons.

Au sprint de 7,5 kilomètres, chez les femmes, l'Albertaine Zina Kocher s'est classée 10e, à 46,2 secondes de la gagnante, la Norvégienne Tora Berger. Les deux ont raté une cible.

L'Albertaine Rosanna Crawford et la Manitobaine Megan Imrie ont quant à elle pris les 54e et 79e rangs.

Dimanche, Le Guellec sera l'homme à battre à la poursuite de 12,5 kilomètres.

« Mon but va être de refaire ce que j'ai fait aujourd'hui, donc me concentrer sur mon ski et rester relaxe. Si je réussis à faire ça demain, il n'y a rien qui me laisse croire que ça ne sera pas encore une fois une bonne course. »