Léo Grandbois, un des plus beaux espoirs du biathlon au pays accroche sa carabine… mais pas ses skis. L’athlète a décidé de donner une nouvelle direction à sa carrière pour pratiquer le ski de fond à temps plein, alors qu’il s’est joint au Centre national d’entraînement Pierre-Harvey (CNEPH), au mont Sainte-Anne, le printemps dernier.

C’est après une semaine d’entraînement au CNEPH, à l’été 2018, que l’idée de changer de sport a commencé à germer dans l’esprit du jeune homme aujourd’hui âgé de 20 ans.

« En biathlon, c’est le ski qui m’intéressait le plus, même si j’aimais tirer. Je gagnais et j’étais bon en biathlon, mais je me suis rendu compte qu’en m’entraînant avec la gang du CNEPH, c’est ce qu’il me fallait : un groupe de gars plus vieux qui peuvent me tirer vers le haut. Je n’avais pas ça en biathlon. »

Le départ de Grandbois laisse un trou dans la relève du biathlon comme le constate son ancien entraîneur Jean-Philippe Le Guellec, qui l’a supervisé pendant un an et demi et qui œuvre au développement du sport à la Fédération québécoise de biathlon.

« C’est un gars qui a besoin de se faire pousser et il ne sentait pas que c’était là en biathlon. C’est la suite logique et là, il se retrouve avec un groupe d’entraînement intéressant. […] Je me mets dans la peau d’un athlète qui veut se faire pousser et le CNEPH est une super belle alternative. L’athlète ne nous appartient pas et tout ce que nous pouvons faire, c’est de le soutenir. »

N’empêche, Le Guellec trouve que le coup est dur à encaisser pour son sport qui compte sur un bassin d’athlètes plutôt limité.

« Je ne m’attendais pas à ce qu’il me sorte ça pendant les Championnats canadiens (de biathlon) en mars. J’aurais préféré qu’il reste dans le biathlon, il n’y a pas de doute. C’est un bon athlète Léo. »

Ironiquement, la décision de Grandbois survient au moment où un athlète québécois est de retour dans l’équipe nationale masculine avec l’arrivée de Jules Burnotte qui a pris part à quelques Coupes du monde la saison dernière.

L’entraîneur du CNEPH, Louis Bouchard, dit comprendre la situation des entraîneurs de biathlon.

« C’est le défi en biathlon : il n’y a pas une grosse masse d’athlètes dans ce sport. Je suis ami avec Jean Paquet (NDRL l’ancien entraîneur de Jean-Philippe Le Guellec) et ç’a été son défi de carrière de garder un groupe d’athlète. »

Un premier été sans tirer

Après avoir passé les dix derniers étés à s’entraîner en biathlon, Léo Grandbois mentionne ne pas s’ennuyer des séances de tir. Celui qui a mis sa carabine en vente est totalement dédié à son nouveau sport.

« Je ne regrette aucunement mon choix et je suis tellement content d’être ici à m’entraîner avec ces gars-là. Je tripe! Ils sont tous mes amis et la relation avec Louis va super bien. »

Le biathlon se pratique uniquement en style libre (pas de patin) et Grandbois aura donc un rattrapage plus grand à faire en style classique, un style qu’il pratique à peine depuis deux ans.

« Là, j’en fais autant que je fais du skate et je vois déjà une grosse amélioration, mais je ne sais pas si cet hiver je vais déjà être capable de rattraper le retard sur les autres. D’ici deux ans, je vais être bon en classique parce que j’ai une bonne shape pour ça. »

Bouchard croit quant à lui que la maîtrise de ce nouveau style est plus rapide que prévu.

« Sa progression est excellente parce qu’il est fort du haut du corps. Dès qu’il y a de la double poussé, il est dans le coup. Il a une très bonne technique de pas alternatif qu’il a pu améliorer au cours de l’été. Il est aussi redoutable en sprint, alors qu’il a obtenu le meilleur résultat canadien senior en qualifications aux Championnats américains l’hiver dernier. Il figurait déjà dans les dix meilleurs canadiens seniors, même s’il était encore d’âge junior. Il est de très haut niveau national. »

L’ancien entraîneur d’Alex Harvey délaissera le circuit de la Coupe du monde la saison prochaine, ce qui lui permettra de faire un suivi encore plus serré auprès des 13 athlètes du CNEPH.

« Il est motivé, engagé et il travaille fort. L’an dernier, il aurait eu un poste aux Championnats du monde juniors, sauf qu’il était en biathlon au moment des sélections », poursuit-il.

Grandbois a déjà annoncé ses couleurs pour la saison à venir : il veut participer aux Championnats du monde des moins de 23 ans.
« Si ça va bien, je voudrais aussi participer à une des Coupes du monde qui aura lieu en Amérique du Nord. Je pense que c’est atteignable. Et aussi ramasser des médailles en masse aux Championnats canadiens ! »

Restera maintenant à voir s’il pourra à nouveau viser dans le mille, mais ailleurs que sur un pas de tir d’un parcours de biathlon.