ST ANTON (Autriche) (AFP) - Le jeune autrichien Mario Matt a été prophète en son pays, samedi à St Anton, en remportant devant quelque 50.000 spectateurs le slalom des Championnats du monde de ski alpin, dernière épreuve de la manifestation. Habitant à Flirsch, à quelques kilomètres, Matt est aussi la nouvelle gloire du centenaire Ski-Club Arlberg.

L'athlétique (1,88 m) jeune homme a précédé de 15/100 son compatriote Benjamin Raich, meilleur temps pour 4/100 de la manche initiale, et le Slovène Mitja Kunc, troisième à 70/100.

Les présidents russe Vladimir Poutine et autrichien Thomas Klestil ont suivi la lutte finale, debout dans la tribune d'honneur de l'aire d'arrivée. Quand Matt a amélioré le temps total de Kunc, assurant ainsi la médaille d'or à l'Autriche, Poutine a félicité son homologue en lui serrant la main.

Avec un avantage de 24/100 sur Heinz Schilchegger, l'expérimenté (29 ans) Kunc a empêché un tiercé autrichien dans une spécialité que la Wunderteam a outrageusement dominée cette saison. Elle avait atteint son sommet à Wengen, en janvier, où les "aiglons" avaient occupé les cinq premières places.

Kunc s'est renversé sur le dos pour fêter sa médaille, "à laquelle je ne m'attendais pas". "J'ai réalisé une formidable seconde manche. Mais, en ce moment, les Autrichiens sont imbattables", a-t-il dit.

Pour Matt, "le grand rêve s'est réalisé", devant ses parents Hanni et Hubert, sa fiancée en larmes, ses amis, et des milliers de supporteurs. Raich, 22 ans, avait également le soutien d'une légion fournie d'inconditionnels, venus de la vallée tyrolienne du Pitztal, à moins d'une heure de voiture.

Favori en vertu de sa trilogie de janvier (victoires à Wengen, Kitzbuehel, Schladming), Raich a avoué des "sentiments partagés". "Je voulais l'or. Mais nous avons un digne champion du monde", a-t-il consenti.

Matt avait fait sensation l'an dernier sur la scène prestigieuse de Kitzbuehel, en gagnant le slalom avec le dossard 47. Il avait confirmé cette performance par des succès à Schladming et, cette saison, à Madonna di Campiglio.

Culture

Par son potentiel et sa jeunesse, la nouvelle école du slalom autrichien est la meilleure de l'histoire du pays, dont la dernière médaille mondiale dans la spécialité remontait à Rudi Nierlich en 1989. La culture de la descente, nourrie par une pléiade de champions, avait jusqu'à présent relégué le slalom au rang de parent pauvre.

Au début des années 90, Mario Reiter, Thomas Stangassinger (champion olympique 1994) et Thomas Sykora comptaient parmi les meilleurs. Mais ils étaient restés dans l'ombre, surtout médiatique, de l'ineffable italien Alberto Tomba, avant que la vague norvégienne ne s'impose entre les piquets.

Samedi, les Nordiques ont été en retrait. Le champion olympique Hans-Petter Buraas est tombé dans la première manche, son aîné Kjetil Andre Aamodt a terminé 7e.

Les Slovènes, qui possèdent, eux, une véritable culture du slalom, qui s'exprime sur les pentes moins sévères de leurs montagnes, ont placé deux autres représentants dans les dix premiers: René Mlekuz (5e) et l'ancien Jure Kosir (8e).

Les Français Pierrick Bourgeat (9e) et Sébastien Amiez (12e) ont fourni une prestation conforme à leurs résultats de la saison.