MONTRÉAL - Le bosseur Alexandre Bilodeau a décidé de faire une croix sur la saison 2011-12 afin de se concentrer sur les Championnats du monde de 2013 et les Jeux olympiques de Sotchi, en 2014.

En compagnie de son entraîneur, Michel Hamelin, et de son préparateur physique, Scott Livingston, le champion olympique et du monde mettra l'accent sur l'entraînement tout au long de la saison afin de parfaire sa technique dans les moindres détails.

«Au cours des dernières saisons, j'ai toujours été blessé en fin de calendrier, a indiqué Bilodeau. Même après les Jeux de Vancouver, je n'ai pas été en mesure de compléter la saison. L'an dernier, j'ai skié toute la fin du calendrier avec une contusion au talon, je n'aurais pas dû. Ça m'a forcé à rater un ou deux mois d'entraînement cet été.

«Alors je veux être à 100 pour cent de ma forme aux Mondiaux et aux Jeux. On ne sait pas ce qui peut arriver. Je ne veux pas avoir cette excuse-là.»

Même au niveau de l'entraînement, la charge de travail sera diminuée: Hamelin a parlé d'une baisse de régime d'environ 33 pour cent. Mais il devrait tout de même passer deux heures par jour en skis.

La grosse différence, c'est que le ski se fera lui aussi à cadence réduite.

«Pour vraiment travailler sur des points techniques, il faut baisser de régime à 70 ou 80 pour cent», a dit Bilodeau. Ce rythme permettra à Hamelin de déceler les failles dans la technique de son protégé.

«Il faut descendre à ce rythme, sinon, les erreurs sont imperceptibles», a-t-il noté.

L'athlète de 24 ans ne craint pas que cette pause de compétition lui fasse prendre du retard face à ses principaux opposants, bien au contraire.

«Non, car mes adversaires ne pourront pas développer de nouveaux sauts ou améliorer leur technique. En compétition, tu n'as pas le temps de faire ça. Tu ne penses qu'à descendre le plus rapidement possible et tu te contentes de faire les sauts avec lesquels tu es à l'aise, afin de soutirer le plus de points aux juges.

«En m'entraînant, je pourrai travailler sur ma vitesse, mon toucher ski-neige et mes sauts.»

«Je n'ai aucun doute dans mon esprit que dès son retour à la compétition, il sera parmi les meilleurs, a dit Hamelin. Pour lui, c'est très facile de se mettre en mode compétition sur demande. Même à l'entraînement, quand je lui dis que je vais prendre le temps de sa prochaine descente, je sens dans sa voix qu'il adopte une autre attitude.»

Pour l'instant, Bilodeau a indiqué à l'Association canadienne de ski acrobatique (ACSA) qu'il ne participerait qu'à l'épreuve de Deer Valley, en Utah, en février. Il se réserve toutefois le droit de changer d'avis pour le reste du calendrier, particulièrement pour l'épreuve du Mont-Gabriel, en janvier.

«Aucune avant Noël, c'est certain, a-t-il souligné. Après Deer Valley, je me donne le droit de reconsidérer ma décision et de peut-être accompagner le reste de l'équipe pour la fin de la saison en Europe et en Asie.»

Mais l'objectif premier de cette «pause» est surtout d'éviter les blessures au cours de cette saison qui ne compte aucun véritable objectif important, si ce n'est la conquête du globe de cristal.

En parallèle avec son nouveau programme d'entraînement, Bilodeau profitera de cette année moins chargée pour faire progresser ses études en finances, à l'université Concordia.

L'ACSA appuie Bilodeau dans cette décision et profitera de l'occasion pour donner sa place en Coupe du monde à de plus jeunes skieurs.

«Nous avons discuté avec Peter Judge (le président de l'ACSA) et il nous appuie là-dedans. Il comprend bien la réalité de notre sport. On l'a vu l'an dernier avec le champion olympique (l'Australien) Dale Begg-Smith. On le voit aussi dans d'autres sports, comme avec (le sprinter) Usain Bolt ou (le nageur) Michael Phelps.»

L'athlète de 24 ans reviendra à temps plein à la compétition en 2012-13 avant d'y mettre un terme définitif à l'issue de la saison 2013-14.

Son approche n'est pas sans rappeler celle de Jennifer Heil, qui a sacrifié deux années de compétition (2002-03 et 2007-08) afin de maximiser ses efforts vers les Mondiaux et les JO.

«La grosse différence, c'est que pour Jenn, c'était vraiment un problème de blessures, a spécifié Livingston, qui travaille avec Bilodeau (et Heil avant sa retraite) depuis sept ans. Ce qu'on a fait avec elle, c'est d'enlever complètement ce qui lui nuisait en compétition et de lui redonner une nouvelle base biomécanique pour son ski.

«Avec Alex, ce n'est pas un projet d'une envergure aussi importante. Il s'agit seulement d'apporter des petites modifications à certains aspects, comme la préparation physique et la puissance. En ayant plus de temps pour le faire, ça nous aidera grandement.»