MONTRÉAL - L'Association canadienne de ski acrobatique (ACSA) n'a plus les moyens de présenter des épreuves de bosses et de sauts dans les deux étapes de Coupe du monde disputées sur son territoire. Elle a donc annoncé mardi qu'elle coupait la poire en deux.

L'ACSA présentera donc une épreuve de sauts à Val St-Côme le 12 janvier et une de bosses à Calgary, deux semaines plus tard.

Le Canada tient habituellement deux étapes au cours desquelles les deux épreuves sont disputées. Toutefois, l'association canadienne n'a plus de commanditaires. Les trois ententes majeures qu'elle détenait depuis quelques années avec Bell, RBC et Postes Canada - une douzaine d'années pour cette dernière - et qui étaient valides jusqu'à la conclusion de la dernière saison de la Fédération internationale de ski n'ont pas été renouvelées, ce qui représente un manque à gagner de près de 1,4 million $.

« Ça se passe après chaque cycle olympique. Les compagnies revoient, repensent leurs engagements envers le sport amateur, a noté Peter Judge, chef de la direction de l'ACSA. Nous avons été suffisamment chanceux de pouvoir prolonger ces ententes le plus longtemps que nous avons pu, soit jusqu'à la fin de la saison 2011-12, et nous espérions alors renouer avec ces partenaires-là ou en attirer de nouveaux.

« Malheureusement, notre plus gros obstacle pour réaliser cela est la conjoncture économique actuelle. Je pense que ça a grandement joué contre nous », a ajouté celui qui tente de combler la perte de ces commanditaires depuis le printemps dernier.

Cette importante perte jumelée aux coûts reliés à la tenue de deux épreuves lors d'une même étape ont mené l'ACSA à prendre cette décision, qu'elle a retardée le plus possible, dans l'espoir de trouver de nouveaux partenaires.

« C'est très décevant pour nous, a ajouté Judge. De ne pas pouvoir tenir une compétition de bosses au Québec, alors que les Québécois forment possiblement l'une des deux meilleures équipes au monde, c'est très décevant. Mais on croit que cette situation ne sera que de courte durée. »

C'est la première fois depuis 1978 que les bosses ne sont pas au calendrier au Québec, une décision que comprend Alexandre Bilodeau, champion du monde et olympique en titre, mais qui ne manque pas de le décevoir.

« C'est bien dommage, j'aime toujours pouvoir prendre part à une compétition devant mes parents et amis, a-t-il dit de Zermatt, en Suisse, où il s'entraîne présentement. C'est aussi dommage pour les jeunes athlètes du Québec, qui pouvaient prendre part à cette importante compétition en raison de sa tenue chez nous.

« Mais pour côtoyer bien des dirigeants d'entreprises et des gens d'affaires, je comprends que la situation économique actuelle ne se prête pas à la commandite. »

Les coûts et la logistique ont dicté la décision prise par la fédération en ce qui a trait au choix des épreuves présentées dans chaque province. Comme les sauteurs s'entraînent au Québec et qu'il en coûte près de 40 000 $ de moins pour construire les sauts ici qu'en Alberta, la décision s'est imposée d'elle-même.

Forcée à faire les choses autrement

Si l'ACSA déjà tendu plusieurs perches vers d'éventuels commanditaires, cette situation a forcé la fédération à faire les choses différemment.

« Quand on l'a évaluée, on s'est rendu compte qu'on devait changer notre façon de faire, a dit Judge. On a uni nos forces à celles de tous les autres sports 'de neige' (ski alpin, biathlon, surf des neiges, ski de fond, ski nordique, saut à ski) afin d'offrir nos offres de partenariat en tant qu'une seule entité. Ça permettra à certaines compagnies qui pouvaient rejeter tel ou tel sport pour des raisons démographiques ou géographiques de repenser leur approche. »

Malheureusement, la perte de ces trois commanditaires majeurs aura aussi un certain impact sur les athlètes.

« Ça ne se verra pas au niveau des athlètes qui font partie du programme Haute Performance (comme Bilodeau ou Mikaël Kingsbury en bosses), puisqu'ils sont sous la gouverne du programme 'À nous le podium', a indiqué Judge. Mais ceux des échelons inférieurs (comme les bosseurs Maxime Dufour-Lapointe et Cédric Rochon) pourraient s'en ressentir.

« Ce sont ces athlètes qui profitaient de l'apport des commanditaires corporatifs. C'est avec ces sommes que nous payions toutes les dépenses. Mais maintenant, nous ne pourrons plus couvrir ces frais. Ils devront se débrouiller par leurs propres moyens. ils de vront se soucier du prix de leur prochain billet d'avion au lieu de seulement avoir la tête à l'entraînement. Ça pourrait nous quitter de bons athlètes : certains pourraient décider de quitter prématurément le sport en raison de cela. Si la situation ne change pas, ce sera vraiment inquiétant après (les Jeux de Sotchi de) 2014. »