MONTRÉAL – Jeff Bean, entraîneur de l’équipe canadienne de ski acrobatique (sauts), ne tarit pas d’éloges lorsqu’il parle de la relève, qui compte majoritairement des athlètes de la Belle Province parmi ses rangs. Du lot, on retrouve Marion Thénault, une athlète au parcours aussi atypique qu’impressionnant.

Il y a à peine trois ans, son nom était encore inconnu dans le monde du ski acrobatique. Les choses ont toutefois bien changé depuis sa présence remarquée au Camp des recrues RBC, en 2017.

Grâce à ses nombreuses années d’expérience en gymnastique artistique et en trampoline, la Sherbrookoise a rapidement attiré l’œil des dirigeants de Freestyle Canada, et ce, même si elle n’avait jamais enfilé une paire de skis auparavant. 

« Ils ont tout de suite remarqué son talent acrobatique exceptionnel », indique Bean qui, à l’époque, était à la barre de l’équipe nationale australienne.

Après un an d’entraînement sur les pentes de ski et sur la rampe d’eau, Thénault a connu des débuts fracassants dans le circuit NorAm, concluant au troisième rang du classement général à l’issue de la saison 2018-2019. 

Ses succès se sont poursuivis au cours de la plus récente campagne, où elle a littéralement dominé ses opposantes. En huit sorties, elle a récolté quatre victoires et une médaille de bronze, lui permettant d’être sacrée championne du circuit.

Un exploit presque inimaginable, mais qui n’étonne pas le pilote de la formation canadienne. 

« C’est seulement sa deuxième année sur la neige, mais déjà, on voit qu’elle a tous les outils. Elle a le physique, la technique et le mental. En plus, c’est une des travailleuses les plus acharnées que j’ai vues ! » affirme-t-il.

La saison 2019-20 a également marqué une première présence en Coupe du monde pour Thénault, classée 18e à Deer Valley en février dernier. Une performance qui prouve, aux dires de son instructeur, que la prodige de 20 ans cogne aux portes de la scène internationale.  

« On devrait la voir plus souvent en Coupe du monde la saison prochaine », a-t-il lancé, sans se gêner pour élever ses attentes. « De ce que j’ai vu cette année, elle aurait de bonnes chances de se qualifier pour les Jeux en 2022. »

La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre 

Contrairement à sa comparse, Miha Fontaine baigne dans le ski acrobatique depuis son plus jeune âge. Le fils de Nicolas Fontaine, ex-champion du monde et médaillé d’argent aux Jeux olympiques d’Albertville en 1992, établit à son tour sa marque.

Et son talent fait écarquiller bien des yeux. 

À 16 ans seulement, Fontaine vient de connaître la meilleure saison de sa carrière, remportant le titre de champion NorAm, fort d’une récolte de six médailles, dont quatre de suite en or pour conclure la campagne.

« Le mot qui me vient en tête quand je le vois aller, c’est wow ! Ses qualités acrobatiques sont indéniables et on voit tout de suite que c’est inné chez lui. En plus, au-delà de ses attributs sur la piste, il a un mental de fer », fait valoir Jeff Bean au sujet du jeune homme qui passe de nombreuses heures à visionner des compétitions du temps où son père et Bean représentaient l’unifolié. 

« Il aime tellement son sport ! Il analyse de vieilles compétitions de Nicolas et moi et des fois, il me raconte des choses que je ne me rappelais même pas ! Il n’hésite jamais à poser des questions. Il veut sans cesse s’améliorer. »

À l’image de Thénault, Fontaine a lui aussi pu effectuer ses premiers sauts en Coupe du monde à Deer Valley, obtenant le 13e échelon, à seulement 5,03 points de la finale. Malgré cette prestation pour le moins « spectaculaire », pas question de précipiter son passage au niveau supérieur. 

« L’école est très importante pour lui et sa famille. De plus, notre programme met l’accent sur la réussite scolaire, alors il fera une autre année complète en NorAm avant de potentiellement rejoindre l’équipe de Coupe du monde à temps plein », poursuit l’entraîneur, qui croît que cette année supplémentaire lui permettra également de peaufiner plusieurs aspects techniques.

« Nous avons le temps avec lui et on ne veut pas pousser son corps. Il passera une autre saison à faire des doubles périlleux et ce sera très bénéfique pour sa base acrobatique. Quand viendra le temps d’exécuter des triples ou des quadruples, il sera prêt. » 

Un « beau » problème

Certes, Marion Thénault et Miha Fontaine ont su attirer l’attention lors de la dernière année, mais ils sont loin d’être les seuls Québécois à exceller. 

À ces noms, on peut ajouter Émile Nadeau et Pierre-Olivier Côté, respectivement deuxième et troisième au classement NorAm, de même qu’Alexandre Duchaine et Nicolas Martineau, qui à 17 ans, est l’aîné du groupe.

« Nous avons tellement de talent, ça devient un beau problème ! » explique Jeff Bean.

Ce dernier peut d’ailleurs compter sur des alliés de taille pour assurer le bon développement des jeunes sauteurs. C’est pourquoi il collabore avec Rémi Bélanger, qui travaille davantage avec la relève, de même qu’avec Nicolas Fontaine, qui gravite toujours dans le giron du ski acrobatique canadien.

« Quand je suis arrivé à la barre de l’équipe, mon but était de mettre le meilleur programme possible en place pour le Canada. Pour ça, il faut tirer avantage de toutes les ressources que nous avons et Rémi et Nicolas en font indéniablement partie. Nous sommes une équipe et nous travaillons tous ensemble. »