Opéré aux artères iliatiques dans l'entre-saison, Alex Harvey sera désormais à armes égales
Ski de fond mercredi, 25 nov. 2015. 10:14 vendredi, 13 déc. 2024. 05:43
MONTRÉAL – Même s’il est déjà un des meilleurs fondeurs de la planète, Alex Harvey pourra désormais lutter à armes égales avec ses adversaires. Au terme de la dernière saison, l’athlète de St-Ferréol-les-Neiges a été opéré aux artères iliaques afin de favoriser la circulation sanguine qui n’était pas optimale dans ses jambes lorsqu’il gravissait des montées pentues.
Le problème étant maintenant chose du passé, c’est avec une confiance renouvelée qu’il entamera la saison de Coupe du monde vendredi, à Ruka, en Finlande.
À son premier entraînement postopératoire, Harvey a rapidement constaté le changement. « J’étais content de voir que ça marchait! La chirurgienne était satisfaite de l’opération, sauf que tant que tu ne le vois pas sur le terrain, ça reste à confirmer. En ski à roulettes, j’ai vu que j’étais capable de continuer à pousser. Avant, à 155 battements cardiaques par minute, ça faisait vraiment mal et j’étais bloqué. Là, à 160 j’étais encore confortable et je pouvais monter jusqu’à 175. »
Régler ce problème lui a permis de faire des entraînements estivaux qu’il n’avait jamais pu faire auparavant. « Je peux maintenant faire des intensités en course à pied ou en montée et maintenant, je peux pousser la machine à 100 pour cent. »
Louis Bouchard, qui entraîne Alex Harvey depuis maintenant dix ans, a fait les modifications nécessaires dans la préparation de son athlète.
« Il a fait plus d’entraînement en zone intensive et ça reste un pari parce que c’est nouveau. Ça peut être une source de fatigue plus importante, mais on risque aussi de voir une différence dans les courses de distance. Dans les longues montées, Alex va se sentir comme un nouvel athlète », commente l’entraîneur en ajoutant que son protégé a réalisé de nouvelles marques personnelles sur les parcours d’entraînement de course à pied au cours de l’été.
Un endroit où la différence sera notable sera la dernière étape du Tour de ski, qui consiste en l’ascension de l’Alpe Cermis, une montée pentue de 3,6 kilomètres avec des pointes d’inclinaison à 28 pour cent. Au cours des dernières éditions du Tour, l’athlète de 27 ans faisait l’impasse sur cette étape, même s’il était bien placé au classement général provisoire. Si tout se déroule comme prévu, il sera cette fois au départ de l’étape en janvier prochain.
« Je commence la saison avec une meilleure forme et je pourrai maintenant faire certains parcours qui ne me convenaient pas dans le passé. Je pourrai me battre à armes égales. »
À sa première épreuve de la saison, une course FIS présentée à Gällivare (Suède) la fin de semaine dernière, Harvey a pris le deuxième rang du 15 km style libre.
« Les données recueillies cet été sont très motivantes pour cet hiver. Avant, il ne finissait pas le Tour de ski à cause de la longue montée. Il sera plus compétitif tout le temps, c’est sûr », ajoute Bouchard. « Il est à maturité et il est dans ses bonnes années. Jusqu’en 2018, ce sont les années où il sera au top de sa carrière. »
Leader à sa façon
Double médaillé aux Championnats du monde de l’an dernier et neuvième au classement final de la Coupe du monde, Alex Harvey ne se voit pas comme l’unique leader de l’équipe canadienne, même si c’est lui qui a obtenu les meilleurs résultats au cours des dernières saisons.
« Devon (Kershaw) et moi sommes les co-leaders de l’équipe. Même si ça ne va pas bien pour lui depuis quelques saisons, Devon est toujours fort à l’entraînement l’été. C’est lui qui nous donne le plus de fil à retordre. Il s’entraîne en Norvège et il plante tous les Norvégiens à l’entraînement. »
Ses coéquipiers sprinters Len Valjas et Jesse Cockney excellent dans les entraînements de vitesse et le vétéran Ivan Babikov demeure un bon grimpeur, surtout en style libre.
« Tout le monde amène un aspect différent à l’entraînement et cela me pousse. Quand c’est le temps de pousser, tu ne peux jamais y aller à 95 pour cent. Sinon, tu acceptes de te faire battre, sauf que ce n’est pas vraiment dans mes gênes. »
Lorsqu’il rejoint les plus jeunes au Centre national d’entraînement Pierre-Harvey, Alex Harvey a un impact concret auprès de la relève comme le constate son entraîneur.
« C’est plus facile pour les plus jeunes de comprendre ce qu’est un athlète de haut niveau parce qu’ils ont un exemple dans l’équipe. Je n’ai pas à leur démontrer et il s’entraîne avec tous les jeunes juniors et de moins de 23 ans. Alex n’a pas un statut différent de ses coéquipiers et c’est comme ça qu’il joue son rôle de leader. »
« Si on fait huit intervalles, ils vont essayer de me battre dans les deux premiers, mais peut-être en payer le prix plus tard. Ça me donne un challenge. C’est bon pour eux et c’est bon pour moi », conclut Harvey.