Montréal - Il n'y a eu ni impact, ni chute, ni faux mouvement, juste cette douleur très nette. Avant même d'avoir consulté les médecins, la skieuse acrobatique Stéphanie St-Pierre savait trop bien ce qui venait de se passer : rupture complète du ligament croisé antérieur, sa troisième en carrière.

« Ç'a juste lâché » a expliqué la bosseuse jointe chez elle à Victoriaville, à son retour de Deer Valley où elle s'est blessée en descente d'entraînement. « J'étais en parfait contrôle et c'est ça qui est épeurant. »

Troublant parce qu'il y a moins d'un an elle était opérée au genou gauche. « J'ai encore beaucoup de douleur dans ce genou. » Dire qu'elle a compensé ne serait pas mentir, toutefois, une condition génétique la prédispose à ce type de blessure. « Je suis très flexible, mes ligaments sont hyperlaxes. Lorsqu'ils sont étirés au maximum, ils lâchent. »

« Ma mère, qui était présente en Utah, m'a dit : « excuse-moi de t'avoir construite comme cela. »

Le moral à la bonne place

Stéphanie St-Pierre sait trop bien ce qui l'attend. Sa saison est terminée et quatre gros mois de réadaptation lui pendent au bout du nez. À un an des Jeux olympiques de Vancouver, elle pourrait faire une croix sur son rêve de concourir chez elle, ce qu'elle refuse. « Patience, dit-elle. Je prends les journées une à la fois, même si je me dis que ça n'a pas de bon sens ce qui m'arrive. Après ma première opération - subie en 2004 -, je skiais après quatre mois. » Et c'est ce qui lui permet de croire en ses chances à une participation olympique. La saison prochaine, elle comptera sur huit étapes de Coupes du monde pour tenter de ravir une des quatre places disponibles au sein de l'équipe olympique. « Ça sera difficile, mais c'est toujours possible », estime l'athlète de 23 ans.

Entrevoir la fin

Si elle pense aux Jeux olympiques, St-Pierre est aussi capable de voir au-delà de l'événement. « Si on me dit que je ne pourrai marcher à 40 ans, c'est certain que je vais arrêter. Le choix ne sera pas difficile. J'ai seulement 23 ans, je veux vivre d'autres passions. Je veux avoir une qualité de vie. »

Pour occuper ses longues journées, la skieuse a choisi de terminer ses études collégiales pendant cette pause obligée.

Stéphanie St-Pierre sera opérée le 20 février par le docteur Marquis à l'Hôtel-Dieu de Québec.