Mes résultats ne sont malheureusement pas nécessairement là pour le prouver, mais je suis très satisfait de la façon dont s'est amorcé mon dernier droit vers les Jeux olympiques en fin de semaine dernière avec les deux descentes de Calgary.

Surtout qu'en sortant du lit pour la première des deux journées de compétition, vendredi, je ne savais même pas si j'allais être en mesure de prendre le départ. Je m'étais pincé le ménisque dans un genou dans les jours précédents et la douleur était épouvantable. J'étais incapable de plier ma jambe et j'avais une descente de bosses à faire!

Sérieusement, ça a été l'une des journées les plus difficiles de ma vie. Il n'y a rien qui ne m'est pas passé par la tête. Je me demandais si mon genou était complètement bousillé et j'ai craint que mon rêve olympique soit détruit. Mais j'ai pris énormément de drogues (légales, on s'entend!) dans l'espoir de remédier à la situation et j'ai non seulement été capable de participer aux qualifications, mais j'ai pris le cinquième rang.

Ça s'est un peu moins bien déroulé en finale. Quand je suis arrivé dans le pitch, j'ai fait face-à-face avec la bosse sur laquelle je m'étais blessé. J'aurais dû placer mes skis à travers la piste et aller dans le trou, mais c'est de cette façon que je m'étais fait mal et quand je suis arrivé devant la bosse en finale, je n'ai pas été capable de le faire. Je me suis sauvé, dans le fond. J'ai envoyé mes skis en ligne droite sur la bosse et ça a fait en sorte que j'ai pris trop de vitesse pour le reste du parcours.

Ça a été ma façon de me protéger et dans le fond, j'ai bien fait parce que ça m'a permis de prendre part à la course du lendemain. C'était une bonne décision de ma part.

Samedi, j'ai terminé au dixième rang, mais j'ai vraiment offert une superbe performance.

J'étais le sixième à descendre pour les qualifications du matin. J'ai bien fait et je pensais bien m'être classé parmi les cinq premiers, mais je suis tombé en onzième place. À partir de cette position, je n'ai pas été capable de me faire justice en finale. Pourtant, j'ai vraiment réussi l'une des mes meilleures courses à vie. Tellement que lorsque je suis arrivé en bas, j'ai levé les bras au ciel et j'étais convaincu d'en avoir fait assez pour gagner.

Mais il y avait encore beaucoup de compétiteurs au sommet de la montagne et tout le monde s'est surpassé après moi. Tandis que j'ai joué ma descente très safe pour ne pas compromettre mes chances de qualifications olympiques avec une 15e ou une 16e place, mes adversaires ont pris beaucoup de risques et ont été récompensés.

Ça paraissait que j'allais moins vite, que je n'étais pas aussi engagé que les autres finalistes, pour qui c'était vraiment do or die. J'ai été efficace, mais ça paraissait que je n'essayais pas de mourir sur la piste. J'ai finalement dû me contenter d'une dixième place.

La journée de samedi fut très spéciale. Tous les gens qui ont été témoins de la course s'entendaient pour dire que c'était l'une des plus belles épreuves de la Coupe du monde de l'histoire de notre sport. Le calibre était extrêmement relevé, la piste était d'une qualité incroyable et les compétiteurs ont vraiment tout donné. Toutes les conditions étaient réunies et ça a donné un spectacle grandiose et mémorable.

Malgré des résultats mitigés, je dresse un bilan positif de cette fin de semaine. J'ai bien skié et ma blessure au genou est déjà chose du passé.

Et les Olympiques dans tout ça

Avec les résultats que je détiens en banque, si j'arrêtais de skier aujourd'hui jusqu'à l'annonce de la formation de l'équipe canadienne de ski acrobatique pour les Jeux olympiques, je rentrerais probablement sur la fesse, dans le meilleur des scénarios.

Ce n'est évidemment pas ce que je veux. Je tiens à rentrer par la porte d'en avant et je vais m'en assurer en allant chercher un podium la semaine prochaine à Deer Valley. Je vise un top 5, rien de moins.

C'est sur cette piste mythique et très exigeante que j'ai remporté ma première médaille à vie sur le circuit de la Coupe du Monde. Il y a trois ans, je suis monté sur le podium avec Vincent Marquis. J'y ai aussi connu de moins bonnes années, mais celles-là, je dois les oublier!

Le parcours de Deer Valley convient beaucoup plus aux skieurs comme moi. Les sauts sont eu peu moins importants et sa très longue partie du milieu me permet de mettre le pied sur l'accélérateur pour gagner du temps sur mes rivaux. J'ai hâte de voir ce que je pourrai y faire.

Je suis encouragé par mes récentes performances. Mon ski est là. Je m'en vais vers les Jeux avec une belle progression et c'est parfait.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.