Même si leur réputation n'est plus à faire en ski de fond, on pourrait voir un nombre inhabituellement élevé de Norvégiens sur le podium lors les deux prochaines semaines.

Alors que les championnats du monde de ski nordique se mettent en branle jeudi à Falun, en Suède, la Norvège domine son sport national comme rarement auparavant, ayant remporté les deux tiers des épreuves de la Coupe du monde cette saison.

La domination est telle que certains autres pays sont ouvertement inquiets. Ils ne peuvent plus rivaliser avec la puissance scandinave. Et si la Norvège devait monopoliser le podium aux championnats du monde, cela aurait pour effet de contrarier le pays hôte, la Suède, son grand rival scandinave.

Mais les Norvégiens, avec en tête la sextuple championne olympique Marit Bjoergen chez les femmes et le fougueux Petter Northug sur les hommes, sont désireux de gâcher la fête.

« Les championnats sont toujours spéciaux et, dans ce cas, c'est très spécial parce qu'ils se déroulent en Suède », a déclaré Northug, sacré champion du monde à neuf reprises et qui apprécie toujours attiser la rivalité avec ses voisins scandinaves.

Et les deux prochaines semaines pourraient se transformer en cauchemar pour les amateurs suédois si la tendance récente se poursuit. En 30 épreuves de la Coupe du monde cette saison _ sans compter les épreuves à étapes _ la Norvège compte 20 victoires, 18 deuxièmes places et 14 troisièmes positions. Les deuxièmes meilleures équipes, la Suède et la Russie, ont trois victoires chacune.

Il n'est guère étonnant que des skieurs comme le Polonais Justyna Kowalczyk, double champion olympique et ancien vainqueur de la Coupe du monde, en ont un peu marre.

« Les Norvégiens aiment le ski de fond plus que quiconque dans le monde mais, en même temps, ils tuent le sport, a écrit Kowalczyk dans une chronique pour le journal polonais Gazeta cette saison. Ce n'est plus possible de compétitionner à leur niveau. »

Alex Harvey, de Saint-Ferréol-les-Neiges, médaillé d'argent samedi au sprint style classique d'Cstersund, s'estime en bonne forme et pourrait brouiller les cartes à ces mondiaux. Harvey compte deux podiums cette saison en Coupe du monde, après une deuxième place à la poursuite de 15 kilomètres style classique pendant le Tour de ski au début de l'année.

Les succès norvégiens constituent même un problème pour le sport. Les cotes d'écoute à la télévision en Allemagne, en Italie et en France ont tous chuté ces dernières années, tandis que les sports d'hiver comme le ski alpin et le biathlon sont devenus plus populaires. Alors que l'Américain Kikkan Randall s'est révélé l'un des meilleurs sprinters ces dernières années, le sport ne retient guère l'attention aux États-Unis.

L'une des seules vedettes non-norvégiennes est le Suisse Dario Cologna, qui sera de nouveau un candidat au podium à Falun. L'une des rares athlètes féminines qui pourraient défier les Norvégiens est la Suédoise Charlotte Kalla, victorieuse d'un 10 km style libre lors de la dernière compétition de Coupe du monde avant les mondiaux. Elle a devancé Bjoergen par plus de 30 secondes dans cette course _ c'était la première fois en cinq ans que la Norvégienne perdait un 10 km style libre en Coupe du monde.

« C'est toujours bon de recevoir un avertissement. C'est un rappel qu'il ne suffit pas de prendre le départ pour obtenir des médailles », a reconnu Bjoergen.

En tout, des médailles seront décernées dans 12 épreuves de ski de fond au programme des mondiaux - six chez les hommes et autant chez les dames - quatre au combiné nordique et cinq au saut à ski, dont la compétition mixte par équipes.