COLOGNE (AFP) - L'Angleterre, avec un bilan quasi-immaculé, s'est hissée en 8e de finale du Mondial de soccer, où elle croisera dimanche l'Equateur, mais elle a vécu mardi face à la Suède une soirée qui pourrait hypothéquer son avenir (2-2), les soucis offensifs et défensifs s'accumulant.

En une minute, de sombres nuages ont terni le ciel anglais. Le temps qu'il fallut à Michael Owen pour se blesser: sur sa première touche de balle, l'attaquant de Newcastle a vu son genou droit partir.

Fin de Mondial pour Owen selon la Fédération anglaise (FA), qui a officialisé mercredi le forfait largement prévisible.

Newcaslte, le club du joueur en Angleterre, a précisé par la voix de son président Freddie Shepherd qu'Owen souffrait d'une "rupture du ligament croisé antérieur du genou droit".

Plus tôt dans la journée, la chaîne britannique Sky Sports avait évalué le repos forcé du joueur à cinq mois.

La consternation était visible sur tous les visages. Car pour chacun, l'équipe n'est pas la même sans le troisième meilleur buteur anglais de l'histoire (36 buts en 80 sélections), quand bien même était-il loin d'être au meilleur de sa forme.

Alors que Wayne Rooney revient juste d'une blessure, les deux hommes n'auront été associés qu'une minute.

L'Angleterre dispose donc pour seuls attaquants de Rooney, encore à court de forme, Peter Crouch, qui a tout à prouver, et Theo Walcott, 17 ans et aucun match de Championnat joué.

La décision de Sven-Goran Eriksson de n'emmener que quatre attaquants, laissant au pays Jermain Defoe ou Darren Bent, prend tout son relief. S'il a pléthore de milieux, le sélectionneur a peu d'options devant, d'autant qu'il lui sera désormais chaque fois plus difficile de lancer Walcott.

Pari

"Si vous parlez des autres options, nous avons beaucoup de joueurs qui peuvent occuper ce poste de deuxième attaquant, se défend bien le Suédois. Nous avons Theo Walcott, que nous n'avons pas encore vu, nous avons Joe Cole et Steven Gerrard. Tous les deux ont marqué des buts fantastiques. Alors je ne suis pas inquiet du tout pour ça."

Mais derrière cette face bravache, Eriksson est bien conscient que le pari Walcott pourrait bien ne jamais lui être pardonné. Il lui reste à prier que Rooney, incisif pour sa première titularisation mais encore juste physiquement, retrouve rapidement ses sensations.

Ces soucis ne sont pas les seuls pour le sélectionneur, qui a regardé, désespéré, sa défense se désagréger face aux Suédois en seconde période. Les deux buts scandinaves sont venus sur des corners et chaque phase arrêtée a fait passer de longs frissons dans les dos anglais.

"Nous les avons laissés jouer de longs ballons vers notre surface et nous avons souffert, a constaté Eriksson. Mais je ne sais pas pourquoi nous avons souffert comme ça. Si nous voulons aller plus loin, nous devons mieux défendre sur les coups de pied arrêtés."

Risque

"Je sais que la Suède est une grosse, forte et physique équipe, mais nous aussi, a-t-il ajouté. Nous aurions dû mieux défendre et nous devons le faire avant le match de dimanche". L'Angleterre peut même se satisfaire d'avoir été sauvée deux fois par la transversale, encore après des corners.

Volontiers cités parmi les meilleurs défenseurs centraux au monde, Rio Ferdinand et John Terry ont sombré, accompagnés par tous leurs coéquipiers. L'entrée de Sol Campbell à la place d'un Ferdinand blessé aux adducteurs n'a pas amené plus d'autorité.

Le meilleur défenseur du Mondial 2002, incontestablement sur le déclin, peut même être jugé coupable sur le deuxième but suédois. Une situation là encore guère rassurante.

Mercredi, Ferdinand et Gary Neville, qui a manqué les deux derniers matches pour une blessure à un mollet, ont passé des scanners donnant des "nouvelles positives". Mais aucune précision n'a été donnée sur la durée de leur éventuelle indisponibilité.

Eriksson ayant pris le risque de ne pas emmener d'autre latéral droit que Neville, le poste est occupé par l'irréprochable Jamie Carragher. Mais celui-ci aurait sans doute été une solution plus rassurante que Campbell à son poste originel devant l'Equateur, si jamais Ferdinand n'avait pas récupéré à temps.