LISBONNE (AFP) - Les Portugaises ont succombé à la passion du soccer à l'occasion de l'Euro-2004, et sont aussi nombreuses que les hommes à trembler pour la sélection lusitanienne, qui affronte la Grèce en finale dimanche, et à suivre les matchs.

Partout, dans la rue, dans les stades, devant les écrans géants, les Portugaises, souvent habillées et maquillées aux couleurs du Portugal (rouge et vert), crient, prient, se rongent les ongles et se comportent comme tout bon supporteur de soccer.

"Remplace-moi cet incapable", criait mercredi Inès, une jeune étudiante portugaise, après une occasion manquée de Pauleta. Assise devant un écran de télévision, elle assistait avec des amis à la demi-finale Portugal-Pays-Bas (2-1), fumant cigarette sur cigarette tant la tension était grande.

Selon Initiative, une entreprise analysant les audiences et les investissements publicitaires de l'Euro-2004, le public féminin a considérablement augmenté. Le nombre de femmes regardant les matchs de l'Euro-2004 à la télévision est en hausse de 42% par rapport au précédent Championnat d'Europe des nations.

Concernant les matchs de la sélection lusitanienne, elles sont aussi nombreuses que les hommes à encourager Figo et ses coéquipiers, indique encore l'étude.

Identification

"Dans leur grande majorité, les femmes ne sont pas vraiment intéressées par le soccer. En ce moment, leur comportement et leurs encouragements sont davantage la marque d'un soutien et d'une identification à la nation portugaise", a expliqué Joao Nuno Coelho, sociologue spécialisé dans les comportements liés au soccer.

Rosa Costa est l'une de ces supportrices qui ne comprenait pas grand chose au "foot" avant le début de l'Euro. Aujourd'hui, affirme-t-elle, elle est capable de citer les noms des 23 joueurs et leur poste.

"Miguel et Ricardo Carvalho sont les meilleurs défenseurs d'après moi", indiquait-elle mercredi, avant la demi-finale Portugal-Pays-Bas. "J'ai été entraînée par l'euphorie autour de l'équipe. Mon mari et mes fils m'ont initiée au foot", expliquait-elle.

Pour M. Coelho, cette adhésion "massive" des supportrices portugaises à la sélection lusitanienne, est certes un "phénomène nouveau" mais qui ne durera que le temps d'un tournoi.

"Peut-être que certaines se sont découvert une vraie passion pour le foot qui se prolongera après la fin de l'Euro. Mais beaucoup, dès la semaine prochaine, arrêteront de s'intéresser au ballon rond", estime-t-il.

"Corps musclés"

La "fin de la fête" explique la retombée prévisible de l'intérêt pour le soccer , selon le sociologue. "Certaines se sont passionnées pour l'Euro également en raison de sa dimension festive, d'autant qu'il se déroule au Portugal".

Pour la psychologue Pilar Del Rio, citée par la revue masculine Maxima, l'intérêt pour Figo et ses coéquipiers est également lié, du moins chez les supportrices les plus jeunes, au sexe, "symboliquement représenté par les corps musclés, poilus, énergiques et ruisselants de sueur" des joueurs.

Quelles que soient les raisons de cet engouement, les Portugaises se sont appropriées l'Euro et déclinent le drapeau portugais sous toutes les formes dans leur tenue vestimentaire.

A chaque match du Portugal, elles n'hésitent pas à arborer le drapeau lusitanien drapé en paréo ou noué sur la tête façon pirate. Plus sexy, certaines nouent l'écharpe autour de leur poitrine ou utilisent le drapeau en tunique. D'autres se vernissent les ongles aux couleurs de la "Selecçao".

"Tous les moyens sont bons pour montrer notre soutien aux joueurs et les mener jusqu'à la victoire", affirmait mercredi la jeune Inès, maquillée en vert et rouge, une écharpe du Portugal autour du cou et de la ceinture.