MONTRÉAL - Jonathan Beaulieu-Bourgault n'est pas du genre à promettre que le Canada va se qualifier pour la Coupe du monde de 2014. Ce serait d'ailleurs un pari fort risqué compte tenu que notre sélection nationale n'a participé qu'une seule fois à la phase finale, en 1986.

Le Montréalais de 22 ans a toutefois laissé entendre que la troupe dirigée par Stephen Hart allait jouer du soccer attrayant à l'occasion des qualifications pour le Mondial dans la zone CONCACAF. Celles-ci s'amorceront dès vendredi pour le Canada, qui affrontera alors Sainte-Lucie au stade BMO, à Toronto.

Suivra ensuite un match le 6 septembre à Bayamon, Porto Rico. Il s'agira du deuxième affrontement d'une série de six à l'occasion du tournoi rotation auquel participe le Canada d'ici le mois de novembre. La formation canadienne devra terminer au sommet du groupe D, qui comprend aussi Saint-Kitts-et-Nevis, pour accéder au tour suivant en CONCACAF.

«On a un bon système et les joueurs cherchent à bien l'appliquer. On veut y aller pour la victoire, aller de l'avant en mettant l'accent sur la possession du ballon, pas seulement rester derrière et essayer de marquer en contre-attaque», a expliqué Beaulieu-Bourgault, cette semaine, au cours d'un entretien avec La Presse Canadienne depuis Toronto. «C'est ce que les entraîneurs essaient de nous inculquer, de ne pas avoir peur.

«Tout le monde est optimiste», a dit Beaulieu-Bourgault des chances du Canada d'obtenir son billet pour le Mondial au Brésil. «On sait qu'on a une bonne équipe et qu'on peut aller loin dans les qualifications. On va y aller match par match. Pour l'instant, on se prépare pour vendredi.»

Selon l'ancien des Lakers du Lac St-Louis qui évolue en Allemagne depuis 2006, les chances de succès du Canada sont en partie attribuables à la rivalité à l'interne qu'on retrouve au sein de la sélection.

«Il y a des batailles pour tous les postes, des avants jusqu'au gardien, a-t-il affirmé. Plusieurs joueurs ont une expérience de haut niveau, en Europe ou en Amérique du Nord, et derrière, il y a plusieurs jeunes de qualité qui poussent.»

Pour l'instant, Beaulieu-Bourgault fait partie de cette dernière catégorie de joueurs. Réserviste à l'occasion de la Gold Cup disputée plus tôt cet été, il devrait l'être encore vendredi. Hart ne lui avait encore donné aucune indication à ce sujet, cette semaine, mais compte tenu qu'il n'a été rappelé qu'après la blessure survenue à Olivier Occéan, un autre Québécois, il faut s'attendre à ce que le milieu défensif joue un rôle de soutien.

Ce qui ne veut pas dire que la présence de Beaulieu-Bourgault à Toronto sera inutile. Après avoir joué pour les sélections canadiennes U-17, U-20 et U-23, il n'en est encore qu'à ses premiers pas avec l'équipe senior, au sein de laquelle il compte quatre sélections pour l'instant. Il en est encore au stade où il emmagasine une précieuse expérience.

«J'ai encore un peu de classes à faire, a-t-il reconnu. C'est sûr que tout joueur aimerait jouer, mais j'y vais camp par camp. Je cherche à m'améliorer un peu plus à chaque jour.»

Tout en restant à l'affût des occasions de briller qui pourraient se présenter à lui.

Un recul qui fait avancer

C'est un peu la même approche qu'il adopte présentement dans le cadre de sa carrière européenne. Sous contrat jusqu'à la fin de la présente saison avec le SC Preussen Münster, en troisième division d'Allemagne, il commencera à explorer en janvier les occasions d'améliorer son sort.

Joueur peu utilisé lorsqu'il appartenait au FC St. Pauli, Beaulieu-Bourgault est utilisé à profusion à sa deuxième campagne avec son nouveau club, même s'il est l'un de ses plus jeunes membres.

Après avoir flirté sans succès avec la première division quand il était à St. Pauli, le Montréalais de six pieds a accepté cette rétrogradation avec un club d'une division inférieure dans le but de «reculer de deux pas pour mieux remonter».

Il est peut-être en voie de remporter son pari puisque Preussen Münster lutte présentement pour une promotion en deuxième division.

«Les dirigeants du club m'ont convaincu d'y aller en me disant qu'ils allaient bâtir une équipe de premier plan, a expliqué Beaulieu-Bourgault. C'est sûr que ça faisait un peu mal à l'orgueil la saison dernière, mais j'ai connu une bonne saison, le club a accédé à la troisième division, et là on est au quatrième rang.»

En jouant régulièrement, Beaulieu-Bourgault a amélioré ses chances d'être repéré par le dépisteur d'un club de premier plan.

«À force de jouer 90 minutes à chaque semaine, je me sens plus à l'aise. La prise de décision est plus rapide. Et j'ai appris à gérer mes matchs. Ce n'est pas comme lorsque tu arrives dans les 20 dernières minutes d'un match, et que tu n'as qu'à tout donner sans réfléchir, a-t-il dit. Je gagne en maturité, je le sens.»

Ces progrès sont attribuables en partie au style de jeu de Preussen Münster, qui permet à Beaulieu-Bourgault de se mettre en valeur.

«Parfois je suis le seul milieu défensif, même s'il arrive qu'on soit deux. Je fais beaucoup de 'box to box' en travaillant fort en défense, mais aussi en alimentant nos milieux offensifs à droite et à gauche, a-t-il expliqué. Sur nos ailes, ça va vite. Ça doit passer par les milieux centraux alors j'ai beaucoup de touches de ballon.»

L'Impact... en théorie

En théorie, Beaulieu-Bourgault aimerait bien s'aligner un jour avec l'Impact. Mais il est clair qu'à son âge, alors que sa carrière est encore en pleine ascension, il n'y pense pas encore.

«C'est comme les jeunes qui aimeraient jouer pour le Canadien... C'est toujours une fierté de représenter ta ville. Je suis un gars de Montréal et c'est sûr que ça ferait plaisir d'y jouer. Mais présentement je suis content de mon sort en Europe et j'aime bien ça là-bas. On verra ce que l'avenir me réserve.»