Bilan général: la première médaille d'or pour la Grèce
Soccer lundi, 5 juil. 2004. 11:26 samedi, 14 déc. 2024. 18:47
LISBONNE (AFP) - A cinq semaines des Jeux olympiques d'Athènes, la Grèce s'est adjugée la première médaille d'or et a provoqué la surprise, dimanche à Lisbonne, en remportant l'Euro-2004 de soccer, grâce à son collectif, au terme d'un tournoi passionné à défaut d'être passionnant.
La victoire de la Grèce ne souffre néanmoins d'aucune discussion.
Les hommes de l'Allemand Otto Rehhagel ont en effet battu deux fois le Portugal, lors du match d'ouverture (2-1) et en finale (1-0), devancé l'Espagne (1-1) dans la première phase comme ils l'avaient fait en qualification, battu le champion en titre, la France (1-0), en quart puis le grand favori, la République Tchèque (1-0), en demi-finale.
Pourtant, comme au Mondial-2002, même si la finale Brésil-Allemagne (2-0) avait permis de sauver les apparences, l'Euro-2004 a été marqué par un nivellement par le bas des valeurs, en raison notamment des performances décevantes des grandes nations.
Usés
Une finale entre deux pays classés respectivement, au début du tournoi, aux 20e (Portugal) et 34e (Grèce) places par la Fédération internationale (FIFA), illustre les problèmes que rencontrent les grandes sélections pour récupérer à temps leurs joueurs usés par une saison interminable dans les meilleurs clubs du Vieux continent.
Consciente du problème, ne serait-ce que pour offrir aux télévisions un produit qui assure un audimat record, l'Union européenne de soccer (UEFA) a décidé d'engager une grande réflexion pour essayer de sensibiliser les Fédérations sur l'importante vitrine que sont les équipes nationales. Ce n'est pas la Grèce, qui n'avait jamais remporté un titre majeur, qui dira le contraire.
Cet Euro-2004, riche en couleurs, a quand même connu plusieurs moments forts, aussi bien sur le plan émotionnel que sportif, et toujours dans une ambiance de connaisseurs passionnés.
Sur le plan strictement comptable, cette XIIe édition est dans la bonne moyenne avec 77 buts marqués, soit une moyenne de 2,48 buts par rencontre, dont 64 buts lors de la première phase où l'on a enregistré un seul gros score (Suède-Bulgarie, 5-0).
Cette première partie de l'Euro a d'ailleurs été marquée par deux matches qui resteront dans les annales.
C'est tout d'abord l'ancien champion d'Europe, la France, qui a fait illusion en s'imposant contre l'Angleterre (2-1) avec deux buts de Zinédine Zidane, sur des coups de pied arrêtés, dans les trois minutes de temps additionnel. Cela ne devait pourtant être qu'un feu de paille pour la deuxième nation au classement FIFA qui a perdu ses deux titres en deux ans.
Mais c'est sans doute le 19 juin, à Aveiro, que s'est disputé le match le plus plein de cet Euro, entre la République Tchèque et les Pays Bas (3-2). Qualité de jeu, renversement de situation, exploits individuels, maîtrise collective: les deux équipes ont offert à cette occasion un festival qui aurait mérité une finale.
Dernier favori
Lors de cette 1re phase, l'Italie a été la seule équipe invaincue a être éliminée au 1er tour (1 victoire et 2 nuls) en raison d'un nul entre la Suède et le Danemark (2-2) qui ne prêtait pourtant pas le flanc à la moindre suspicion.
La suspension pour trois matches de la vedette Francesco Totti, pour un crachat détecté par la vidéo, n'est sans doute pas étrangère à cette contre-performance des finalistes de l'édition 2000.
L'Allemagne, à la recherche d'un fonds de jeu et d'un buteur, et l'Espagne, où Inaki Saez n'a pas trouvé la bonne alchimie, ont également quitté l'Euro par la petite porte.
L'Angleterre, avec un David Beckham transparent (un penalty et un tir au but manqués), n'est guère allée plus loin. Elle a été sortie en quarts de finale par le Portugal au terme d'une époustouflante série de tirs au but conclue par un tir victorieux du gardien portugais Ricardo, un des nombreux jokers de Luiz Felipe Scolari, dont la sélection avait fait hurler le Portugal... avant l'Euro.
Les Portugais venant également à bout des Pays-Bas en demi-finale, notamment grâce à un but tout en finesse technique de Maniche (2-1), tout le monde misait alors sur une finale Portugal-République Tchèque, le dernier favori en course et seule équipe invaincue du tournoi.
Mais c'était sans compter sur le sélectionneur allemand des Grecs, Otto Rehhagel, pour qui "seule la victoire est belle". En trois ans, ce Helenio Herrera (ex-entraîneur espagnol de l'Inter, inventeur du "Catenaccio") du XXIe siècle a bâti une équipe en allant à la pêche aux quatre coins de l'Europe. Avec pour but de récupérer et motiver des joueurs de talent qui, à l'image du défenseur Dellas, fréquemment remplaçant à l'As Rome, sont souvent mal voire pas utilisés.
Marathon
Les Tchèques, comme la France en quarts de finale, sont ainsi venus s'engluer dans le double rideau défensif de Rehhagel, passé maître dans l'art de faire déjouer ses adversaires en paralysant ses points forts.
Un but en argent de Dellas (le premier et le dernier en compétition d'équipes nationales), reprenant de la tête un corner au premier poteau - alors que les Tchèques n'avaient pas encaissé le moindre but sur corner en deux ans - scellait le sort du dernier favori.
Les coéquipiers de Nedved, blessé en première période, n'ont eu que le titre de meilleur buteur de Milan Baros (5 buts) pour se consoler de ce nouvel échec.
En finale, le Portugal, à l'image d'un Cristiano Ronaldo paralysé par l'enjeu, n'a lui pas supporté la pression. Pourtant, Scolari, fort des leçons du match d'ouverture, avait aligné cinq nouveaux joueurs par rapport au 12 juin. Mais les Grecs étaient intouchables.
Ils ont répondu aux actions désordonnées des Portugais par un marquage individuel impitoyable au service d'un collectif parfaitement rodé. Le but de la tête d'Angelos Charisteas est finalement venu récompenser l'équipe la plus réaliste de l'Euro.
Mais réalisme a rarement rimé avec plaisir.
Tandis que les instances du soccer européen faisaient un peu grise mine, le Portugal avait la gueule de bois lundi matin. Comme pour oublier leur déception, certains médias portugais titraient dès lundi sur la signature de Giovanni Trapattoni à Benfica.
Ainsi, la vie continue. Les Russes, seuls vainqueurs des nouveaux champions d'Europe (2-1), ont déjà repris leur Championnat. Les phases préliminaires des Coupes d'europe de clubs ont également débuté.
Et dans le fond, c'était un peu normal que des Grecs s'imposent dans le marathon du soccer professionnel.
La victoire de la Grèce ne souffre néanmoins d'aucune discussion.
Les hommes de l'Allemand Otto Rehhagel ont en effet battu deux fois le Portugal, lors du match d'ouverture (2-1) et en finale (1-0), devancé l'Espagne (1-1) dans la première phase comme ils l'avaient fait en qualification, battu le champion en titre, la France (1-0), en quart puis le grand favori, la République Tchèque (1-0), en demi-finale.
Pourtant, comme au Mondial-2002, même si la finale Brésil-Allemagne (2-0) avait permis de sauver les apparences, l'Euro-2004 a été marqué par un nivellement par le bas des valeurs, en raison notamment des performances décevantes des grandes nations.
Usés
Une finale entre deux pays classés respectivement, au début du tournoi, aux 20e (Portugal) et 34e (Grèce) places par la Fédération internationale (FIFA), illustre les problèmes que rencontrent les grandes sélections pour récupérer à temps leurs joueurs usés par une saison interminable dans les meilleurs clubs du Vieux continent.
Consciente du problème, ne serait-ce que pour offrir aux télévisions un produit qui assure un audimat record, l'Union européenne de soccer (UEFA) a décidé d'engager une grande réflexion pour essayer de sensibiliser les Fédérations sur l'importante vitrine que sont les équipes nationales. Ce n'est pas la Grèce, qui n'avait jamais remporté un titre majeur, qui dira le contraire.
Cet Euro-2004, riche en couleurs, a quand même connu plusieurs moments forts, aussi bien sur le plan émotionnel que sportif, et toujours dans une ambiance de connaisseurs passionnés.
Sur le plan strictement comptable, cette XIIe édition est dans la bonne moyenne avec 77 buts marqués, soit une moyenne de 2,48 buts par rencontre, dont 64 buts lors de la première phase où l'on a enregistré un seul gros score (Suède-Bulgarie, 5-0).
Cette première partie de l'Euro a d'ailleurs été marquée par deux matches qui resteront dans les annales.
C'est tout d'abord l'ancien champion d'Europe, la France, qui a fait illusion en s'imposant contre l'Angleterre (2-1) avec deux buts de Zinédine Zidane, sur des coups de pied arrêtés, dans les trois minutes de temps additionnel. Cela ne devait pourtant être qu'un feu de paille pour la deuxième nation au classement FIFA qui a perdu ses deux titres en deux ans.
Mais c'est sans doute le 19 juin, à Aveiro, que s'est disputé le match le plus plein de cet Euro, entre la République Tchèque et les Pays Bas (3-2). Qualité de jeu, renversement de situation, exploits individuels, maîtrise collective: les deux équipes ont offert à cette occasion un festival qui aurait mérité une finale.
Dernier favori
Lors de cette 1re phase, l'Italie a été la seule équipe invaincue a être éliminée au 1er tour (1 victoire et 2 nuls) en raison d'un nul entre la Suède et le Danemark (2-2) qui ne prêtait pourtant pas le flanc à la moindre suspicion.
La suspension pour trois matches de la vedette Francesco Totti, pour un crachat détecté par la vidéo, n'est sans doute pas étrangère à cette contre-performance des finalistes de l'édition 2000.
L'Allemagne, à la recherche d'un fonds de jeu et d'un buteur, et l'Espagne, où Inaki Saez n'a pas trouvé la bonne alchimie, ont également quitté l'Euro par la petite porte.
L'Angleterre, avec un David Beckham transparent (un penalty et un tir au but manqués), n'est guère allée plus loin. Elle a été sortie en quarts de finale par le Portugal au terme d'une époustouflante série de tirs au but conclue par un tir victorieux du gardien portugais Ricardo, un des nombreux jokers de Luiz Felipe Scolari, dont la sélection avait fait hurler le Portugal... avant l'Euro.
Les Portugais venant également à bout des Pays-Bas en demi-finale, notamment grâce à un but tout en finesse technique de Maniche (2-1), tout le monde misait alors sur une finale Portugal-République Tchèque, le dernier favori en course et seule équipe invaincue du tournoi.
Mais c'était sans compter sur le sélectionneur allemand des Grecs, Otto Rehhagel, pour qui "seule la victoire est belle". En trois ans, ce Helenio Herrera (ex-entraîneur espagnol de l'Inter, inventeur du "Catenaccio") du XXIe siècle a bâti une équipe en allant à la pêche aux quatre coins de l'Europe. Avec pour but de récupérer et motiver des joueurs de talent qui, à l'image du défenseur Dellas, fréquemment remplaçant à l'As Rome, sont souvent mal voire pas utilisés.
Marathon
Les Tchèques, comme la France en quarts de finale, sont ainsi venus s'engluer dans le double rideau défensif de Rehhagel, passé maître dans l'art de faire déjouer ses adversaires en paralysant ses points forts.
Un but en argent de Dellas (le premier et le dernier en compétition d'équipes nationales), reprenant de la tête un corner au premier poteau - alors que les Tchèques n'avaient pas encaissé le moindre but sur corner en deux ans - scellait le sort du dernier favori.
Les coéquipiers de Nedved, blessé en première période, n'ont eu que le titre de meilleur buteur de Milan Baros (5 buts) pour se consoler de ce nouvel échec.
En finale, le Portugal, à l'image d'un Cristiano Ronaldo paralysé par l'enjeu, n'a lui pas supporté la pression. Pourtant, Scolari, fort des leçons du match d'ouverture, avait aligné cinq nouveaux joueurs par rapport au 12 juin. Mais les Grecs étaient intouchables.
Ils ont répondu aux actions désordonnées des Portugais par un marquage individuel impitoyable au service d'un collectif parfaitement rodé. Le but de la tête d'Angelos Charisteas est finalement venu récompenser l'équipe la plus réaliste de l'Euro.
Mais réalisme a rarement rimé avec plaisir.
Tandis que les instances du soccer européen faisaient un peu grise mine, le Portugal avait la gueule de bois lundi matin. Comme pour oublier leur déception, certains médias portugais titraient dès lundi sur la signature de Giovanni Trapattoni à Benfica.
Ainsi, la vie continue. Les Russes, seuls vainqueurs des nouveaux champions d'Europe (2-1), ont déjà repris leur Championnat. Les phases préliminaires des Coupes d'europe de clubs ont également débuté.
Et dans le fond, c'était un peu normal que des Grecs s'imposent dans le marathon du soccer professionnel.