Bus mitraillé du Togo : trois morts
Soccer samedi, 9 janv. 2010. 08:54 jeudi, 12 déc. 2024. 22:45
LUANDA - Le mitraillage du bus du Togo a fait deux morts, l'entraîneur adjoint et le chargé de communication, décédés samedi matin, a affirmé à l'AFP un membre de la délégation de la CAF présente à Cabinda.
"Le chargé de communication Stanislas Ocloo et l'entraîneur adjoint Abalo Amelete ont rendu l'âme à quatre heures au petit matin", a dit Kodjo Samlan, chargé de presse pour le Togo par la CAF (Confédération africaine) et arrivé samedi matin à Cabinda avec la délégation de la CAF.
Le gardien de la délégation togolaise, Kossi Agassa, aurait aussi confirmé la mort du chauffeur du bus sur les ondes d'une radio française, ce qui porte le bilan à trois décès.
Un premier bilan délivré par la Fédération togolaise, qui parlait de neuf blessés parmi les joueurs et les officiels de l'équipe.
La délégation du Togo a été mitraillée vendredi alors qu'elle passait en bus la frontière entre le Congo-Brazzaville et l'Angola. Cette attaque a été revendiquée par le Front de libération de l'enclave de Cabinda (FLEC), qui milite depuis 1975 pour l'indépendance de cette bande de terre enclavée entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Congo-Brazzaville.
Le gardien du Togo à l'hôpital
Le gardien togolais Kodjovi Obilalé, blessé par balles vendredi dans l'attaque contre le bus de son équipe dans l'enclave angolaise de Cabinda, est arrivé samedi après-midi à Johannesburg pour y être hospitalisé, a-t-on appris de sources concordantes.
"Nous avons été appelé la nuit dernière pour évacuer deux membres de la délégation (...) vers l'Afrique du Sud", a déclaré à l'AFP le Dr Fraser Lamond, directeur régional de l'entreprise International SOS, spécialisée dans l'évacuation médicale.
"Les deux souffraient de graves blessures par balles et malheureusement l'un d'eux est mort avant l'arrivée des ambulances aériennes", a-t-il précisé.
"Le second patient est arrivée à 17H00 (15H00 GMT) à Johannesburg et est en route pour l'hôpital Mill Park" une grande clinique privée située dans le centre de la ville, a poursuivi le Dr Lamond.
Le gardien Kodjovi Obilalé, touché par une balle au rein, "va être transféré en Afrique du Sud pour y recevoir des soins, mais il est sorti d'affaire", avait déclaré précédemment à l'AFP depuis Cabinda le milieu de terrain togolais Thomas Dossevi.
Le départ d'Obilalé pour l'Afrique du Sud avait été confirmé sur la radio France Info par Kossi Agassa, le gardien titulaire du Onze togolais.
L'Algérie sous le choc
Le président de la Fédération algérienne de football Mohamed Raouraoua s'est dit "bouleversé" par l'attaque meurtrière la veille contre le bus de l'équipe togolaise près de la frontière entre le Congo et l'Angola, a indiqué samedi la fédération.
Dans un message transmis à son homologue togolais Memene Seyi, M. Raouraoua se déclare "bouleversé" par "l'attaque terroriste barbare dont a fait l'objet, vendredi, le bus de la délégation togolaise en route pour l'Angola pour prendre part à la Coupe d'Afrique des nations 2010 en Angola", précise la FAF.
M. Raouraoua exprime "sa profonde sympathie à la Fédération togolaise et son président" à qui il présente ses condoléances et souhaite "un prompt rétablissement aux blessés".
Moins d'inquiétudes
Les équipes du groupe B de la Coupe d'Afrique des nations basées à Cabinda (Côte d'Ivoire, Burkina Faso et Ghana) n'ont pas exprimé d'inquiétudes auprès de la Confédération africaine (CAF), a-t-on appris samedi auprès de celle-ci au lendemain du mitraillage du car du Togo.
"Les équipes sont là (à Cabinda), il n'y a pas eu de note discordante", a dit à l'AFP Constant Omari, membre du comité d'organisation de la CAN (Cocan) et président de la Fédération congolaise (RDC).
"Nous n'avons pas reçu de sentiments d'inquiétude de la part des équipes, a-t-on confirmé de source CAF proche du dossier. On entend beaucoup de choses et de rumeurs, mais la seule piste étudiée, c'est la poursuite de la CAN".
"Il y a de la compassion, mais en terme de récrimination, ce n'est pas la CAF, a assuré M. Omari. La CAF continue à appliquer le programme et les autorités souveraines du pays prennent les mesures adéquates concernant la sécurité".
"Quand Marc-Vivien Foé est mort, la compétition a continué", a-t-il aussi remarqué, en allusion au décès du milieu de terrain camerounais à 28 ans après s'être écroulé lors d'un match de la Coupe des Confédérations, le 26 juin 2003 à Lyon.
Concernant un éventuel retrait du Togo, M. Omari a dit qu'il encourait dans ce cas-là "des sanctions prévues par le règlement". Ce sera au comité exécutif de la CAF de se prononcer sur ce sujet, a-t-on précisé de source proche du dossier.
La compétition se déroulera comme prévu
La Coupe d'Afrique des nations se déroulera comme prévu en Angola à partir de dimanche, mais sans l'équipe du Togo, rappelée par son gouvernement samedi soir, les "Eperviers" déplorant deux morts dans leur encadrement après le mitraillage de leur bus vendredi.
Le match d'ouverture, dimanche, Angola-Mali, va se dérouler dans une drôle d'ambiance: la délégation togolaise a été victime vendredi d'un mitraillage qui a fait deux morts, le chargé de communication Stanislas Ocloo et l'entraîneur adjoint Abalo Amelete, selon un nouveau bilan fourni à l'AFP par un membre de la délégation de la CAF qui s'est rendue sur place samedi matin, Kodjo Samlan.
Des incertitudes persistaient samedi quant au nombre exact de victimes. M. Samlan n'a pas confirmé le décès d'un chauffeur annoncé la veille par le Fédération togolaise, une mort qui n'était pas non plus confirmée par la télévision togolaise ni par la CAF dont le président Issa Hayatou s'est rendu sur place.
Le gardien togolais Kodjovi Obilalé, blessé dans le mitraillage, est arrivé samedi après-midi à Johannesbourg dans un "état stable" pour y être hospitalisé, selon des sources concordantes.
En état de choc, les joueurs togolais, comme Thomas Dossevi et leur capitaine Emmanuel Adebayor, ne souhaitaient pas disputer le tournoi. Le gouvernement togolais a livré en fin d'après-midi l'annonce que tous attendaient: les joueurs sont rappelés à Lomé.
"Nous ne pouvons pas continuer dans cette circonstance de drame la compétition de la CAN", a déclaré à Lomé le porte-parole du gouvernement Pascal Bodjona. Le sélectionneur du Togo, Hubert Velud, avait ainsi confié à l'AFP: "On part dimanche matin, mais on ne sait pas encore à quelle heure".
Pas de sanction
Samedi en fin de soirée, la CAF n'avait cependant "reçu aucune demande (de la part du Togo de se retirer), et la cellule de la CAF sur place non plus", a relevé Moustpaha Fahmi, son secrétaire général.
"La décision vous appartient et à vous seuls", a déclaré M. Hayatou, parti à Cabinda à la rencontre des Togolais, ajoutant: "Si vous choisissez de quitter la compétition, nous comprendrons votre décision et nous l'accepterons". La CAF a aussi assuré qu'il n'y aurait pas de sanctions (prévues par les règlements en cas de forfait). M. Hayatou a également rendu visite aux autres délégations du groupe B (Côte d'Ivoire, Ghana et Burkina Faso) pour les réconforter.
Thomas Dossevi a vertement critiqué la CAF: "On est tous un peu choqués: on se demande pourquoi la CAN se déroule à Cabinda. Comment peut-on organiser un tournoi dans un pays en guerre?"
La CAF a néanmoins affirmé avoir reçu "toutes les assurances d'un renforcement des mesures de sécurité, sur tous les sites de compétition, réclamé par les différentes délégation" et décidé de "maintenir les matches du groupe B à Cabinda".
Quant à la compétition concernant le groupe B lui-même, M. Fahmi a précisé: "En cas de retrait du Togo, et c'est déjà arrivé dans le passé, le groupe B se jouera avec trois équipes, faute de temps pour le remplacer". Les Eperviers devaient entrer en lice lundi.
Déception pour l'Angola
L'Angola a pris le risque d'organiser une partie de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN-2010) dans l'enclave séparatiste de Cabinda pour prouver que le pays était stabilisé, mais l'attaque meurtrière vendredi contre l'équipe du Togo a ruiné ses plans.
Depuis la fin d'une longue guerre civile (1975-2002), l'ancienne colonie portugaise est soucieuse de se présenter sous son meilleur jour pour attirer les investisseurs étrangers et financer sa reconstruction.
Les autorités ont organisé en septembre 2008 des élections législatives -les premières depuis 1992- qui ont légitimé le pouvoir du parti aux rênes du pays depuis l'indépendance, donnant plus de 80% des voix au Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA).
En décembre, Luanda a accueilli un sommet de l'Opep et la CAN devait parachever ce processus de normalisation.
"Ce tournoi était comme un bal des débutantes pour l'Angola qui devait y fêter son entrée dans le monde", estime Paula Roque, analyste à l'Institut des Etudes sécuritaires (ISS) de Johannesburg.
À deux jours du coup d'envoi, des séparatistes de l'enclave de Cabinda (nord) ont balayé ces efforts en mitraillant le convoi de la sélection togolaise qui arrivait dans la province.
Les images des joueurs en pleurs, devant l'hôpital de Cabinda, ont fait le tour du monde, rappelant que "l'Angola a aussi ses points faibles", selon Mme Roque.
Cette attaque est une "sonnette d'alarme tardive mais néanmoins sérieuse" à l'attention du gouvernement, ajoute Rafael Marques, journaliste angolais et militant des droits de l'Homme.
"Il y a toujours eu cette crainte qu'un incident ne survienne pendant la CAN, et que la tenue de matches à Cabinda soit risquée", estime-t-il. "Le gouvernement était censé prendre des mesures de sécurité, mais il ne l'a pas fait."
De toutes façons, selon lui, "les vrais problèmes du Cabinda" sont ailleurs, avec un "taux de chômage très élevé et le manque de justice sociale et économique". "Tant que ce ne sera pas résolu, les problèmes continueront", dit-il.
L'enclave angolaise de Cabinda, coincée entre le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo (RDC), est très riche en pétrole mais la population locale n'en profite pas.
Plusieurs mouvements indépendantistes, dont le Front de libération de l'enclave de Cabinda (Flec) qui a revendiqué l'attaque de vendredi, recrutent grâce à ce mécontentement.
En 2006, Luanda a signé un accord de paix avec un responsable du Flec, Antonio Bento Bembe, et prétend depuis que la province est pacifiée. Mais une partie du Flec a dénoncé cet accord et continué de revendiquer des attaques.
"Les accrochages ont continué, mais je pense que l'Angola croyait sérieusement qu'il ne se passerait rien pendant la compétition", dit Paula Roque.
Selon elle, les forces armées angolaises sont très professionnelles. "Ce sont les mieux entraînées de la région", juge-t-elle en avançant deux possibles explications à l'attaque: "soit les services de renseignements ont mal évalué le risque. Ou bien le Flec a saisi une opportunité sans planifier son action."
"Peut-être que les forces de sécurité angolaises ont sous-estimé le pouvoir de nuisance du Flec", reconnaît aussi M. Bento Bembe, devenu ministre des droits de l'Homme, dans un entretien à l'AFP.
Alex Vines, du groupe de réflexion londonien Chatham House, semble pencher pour l'autre option. Pour lui, l'équipe du Togo s'est jetée dans la gueule du loup "en passant par la forêt tropicale de Mayombe, où les séparatistes les plus radicaux du Flec sévissent depuis des décennies."
Le Brésil condamne l'attaque
Le Brésil a condamné samedi l'attaque contre l'autocar de l'équipe nationale du Togo à son arrivée en Angola, où elle venait disputer la Coupe d'Afrique des nations.
"Le gouvernement brésilien condamne de manière véhémente l'attentat perpétré par des séparatistes de l'enclave de Cabinda, en Angola, contre le véhicule qui transportait la sélection nationale de soccer du Togo", déclare le ministère brésilien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Il déplore également que "des athlètes et des événements sportifs soient visés par des actes de violence destinés à défendre des causes politiques".
Le Brésil, qui s'est rapproché ces dernières années des pays d'Afrique lusophone comme l'Angola, organisera le Mondial-2014 sur l'ensemble de son territoire et les Jeux olympiques 2016 à Rio de Janeiro.
Le soccer est le sport roi au Brésil, dont la sélection a remporté cinq titres mondiaux.
L'autocar de la sélection du Togo a été mitraillé alors qu'il franchissait la frontière entre le Congo-Brazzaville et l'Angola, où débute dimanche la CAN-2010.
"Le chargé de communication Stanislas Ocloo et l'entraîneur adjoint Abalo Amelete ont rendu l'âme à quatre heures au petit matin", a dit Kodjo Samlan, chargé de presse pour le Togo par la CAF (Confédération africaine) et arrivé samedi matin à Cabinda avec la délégation de la CAF.
Le gardien de la délégation togolaise, Kossi Agassa, aurait aussi confirmé la mort du chauffeur du bus sur les ondes d'une radio française, ce qui porte le bilan à trois décès.
Un premier bilan délivré par la Fédération togolaise, qui parlait de neuf blessés parmi les joueurs et les officiels de l'équipe.
La délégation du Togo a été mitraillée vendredi alors qu'elle passait en bus la frontière entre le Congo-Brazzaville et l'Angola. Cette attaque a été revendiquée par le Front de libération de l'enclave de Cabinda (FLEC), qui milite depuis 1975 pour l'indépendance de cette bande de terre enclavée entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Congo-Brazzaville.
Le gardien du Togo à l'hôpital
Le gardien togolais Kodjovi Obilalé, blessé par balles vendredi dans l'attaque contre le bus de son équipe dans l'enclave angolaise de Cabinda, est arrivé samedi après-midi à Johannesburg pour y être hospitalisé, a-t-on appris de sources concordantes.
"Nous avons été appelé la nuit dernière pour évacuer deux membres de la délégation (...) vers l'Afrique du Sud", a déclaré à l'AFP le Dr Fraser Lamond, directeur régional de l'entreprise International SOS, spécialisée dans l'évacuation médicale.
"Les deux souffraient de graves blessures par balles et malheureusement l'un d'eux est mort avant l'arrivée des ambulances aériennes", a-t-il précisé.
"Le second patient est arrivée à 17H00 (15H00 GMT) à Johannesburg et est en route pour l'hôpital Mill Park" une grande clinique privée située dans le centre de la ville, a poursuivi le Dr Lamond.
Le gardien Kodjovi Obilalé, touché par une balle au rein, "va être transféré en Afrique du Sud pour y recevoir des soins, mais il est sorti d'affaire", avait déclaré précédemment à l'AFP depuis Cabinda le milieu de terrain togolais Thomas Dossevi.
Le départ d'Obilalé pour l'Afrique du Sud avait été confirmé sur la radio France Info par Kossi Agassa, le gardien titulaire du Onze togolais.
L'Algérie sous le choc
Le président de la Fédération algérienne de football Mohamed Raouraoua s'est dit "bouleversé" par l'attaque meurtrière la veille contre le bus de l'équipe togolaise près de la frontière entre le Congo et l'Angola, a indiqué samedi la fédération.
Dans un message transmis à son homologue togolais Memene Seyi, M. Raouraoua se déclare "bouleversé" par "l'attaque terroriste barbare dont a fait l'objet, vendredi, le bus de la délégation togolaise en route pour l'Angola pour prendre part à la Coupe d'Afrique des nations 2010 en Angola", précise la FAF.
M. Raouraoua exprime "sa profonde sympathie à la Fédération togolaise et son président" à qui il présente ses condoléances et souhaite "un prompt rétablissement aux blessés".
Moins d'inquiétudes
Les équipes du groupe B de la Coupe d'Afrique des nations basées à Cabinda (Côte d'Ivoire, Burkina Faso et Ghana) n'ont pas exprimé d'inquiétudes auprès de la Confédération africaine (CAF), a-t-on appris samedi auprès de celle-ci au lendemain du mitraillage du car du Togo.
"Les équipes sont là (à Cabinda), il n'y a pas eu de note discordante", a dit à l'AFP Constant Omari, membre du comité d'organisation de la CAN (Cocan) et président de la Fédération congolaise (RDC).
"Nous n'avons pas reçu de sentiments d'inquiétude de la part des équipes, a-t-on confirmé de source CAF proche du dossier. On entend beaucoup de choses et de rumeurs, mais la seule piste étudiée, c'est la poursuite de la CAN".
"Il y a de la compassion, mais en terme de récrimination, ce n'est pas la CAF, a assuré M. Omari. La CAF continue à appliquer le programme et les autorités souveraines du pays prennent les mesures adéquates concernant la sécurité".
"Quand Marc-Vivien Foé est mort, la compétition a continué", a-t-il aussi remarqué, en allusion au décès du milieu de terrain camerounais à 28 ans après s'être écroulé lors d'un match de la Coupe des Confédérations, le 26 juin 2003 à Lyon.
Concernant un éventuel retrait du Togo, M. Omari a dit qu'il encourait dans ce cas-là "des sanctions prévues par le règlement". Ce sera au comité exécutif de la CAF de se prononcer sur ce sujet, a-t-on précisé de source proche du dossier.
La compétition se déroulera comme prévu
La Coupe d'Afrique des nations se déroulera comme prévu en Angola à partir de dimanche, mais sans l'équipe du Togo, rappelée par son gouvernement samedi soir, les "Eperviers" déplorant deux morts dans leur encadrement après le mitraillage de leur bus vendredi.
Le match d'ouverture, dimanche, Angola-Mali, va se dérouler dans une drôle d'ambiance: la délégation togolaise a été victime vendredi d'un mitraillage qui a fait deux morts, le chargé de communication Stanislas Ocloo et l'entraîneur adjoint Abalo Amelete, selon un nouveau bilan fourni à l'AFP par un membre de la délégation de la CAF qui s'est rendue sur place samedi matin, Kodjo Samlan.
Des incertitudes persistaient samedi quant au nombre exact de victimes. M. Samlan n'a pas confirmé le décès d'un chauffeur annoncé la veille par le Fédération togolaise, une mort qui n'était pas non plus confirmée par la télévision togolaise ni par la CAF dont le président Issa Hayatou s'est rendu sur place.
Le gardien togolais Kodjovi Obilalé, blessé dans le mitraillage, est arrivé samedi après-midi à Johannesbourg dans un "état stable" pour y être hospitalisé, selon des sources concordantes.
En état de choc, les joueurs togolais, comme Thomas Dossevi et leur capitaine Emmanuel Adebayor, ne souhaitaient pas disputer le tournoi. Le gouvernement togolais a livré en fin d'après-midi l'annonce que tous attendaient: les joueurs sont rappelés à Lomé.
"Nous ne pouvons pas continuer dans cette circonstance de drame la compétition de la CAN", a déclaré à Lomé le porte-parole du gouvernement Pascal Bodjona. Le sélectionneur du Togo, Hubert Velud, avait ainsi confié à l'AFP: "On part dimanche matin, mais on ne sait pas encore à quelle heure".
Pas de sanction
Samedi en fin de soirée, la CAF n'avait cependant "reçu aucune demande (de la part du Togo de se retirer), et la cellule de la CAF sur place non plus", a relevé Moustpaha Fahmi, son secrétaire général.
"La décision vous appartient et à vous seuls", a déclaré M. Hayatou, parti à Cabinda à la rencontre des Togolais, ajoutant: "Si vous choisissez de quitter la compétition, nous comprendrons votre décision et nous l'accepterons". La CAF a aussi assuré qu'il n'y aurait pas de sanctions (prévues par les règlements en cas de forfait). M. Hayatou a également rendu visite aux autres délégations du groupe B (Côte d'Ivoire, Ghana et Burkina Faso) pour les réconforter.
Thomas Dossevi a vertement critiqué la CAF: "On est tous un peu choqués: on se demande pourquoi la CAN se déroule à Cabinda. Comment peut-on organiser un tournoi dans un pays en guerre?"
La CAF a néanmoins affirmé avoir reçu "toutes les assurances d'un renforcement des mesures de sécurité, sur tous les sites de compétition, réclamé par les différentes délégation" et décidé de "maintenir les matches du groupe B à Cabinda".
Quant à la compétition concernant le groupe B lui-même, M. Fahmi a précisé: "En cas de retrait du Togo, et c'est déjà arrivé dans le passé, le groupe B se jouera avec trois équipes, faute de temps pour le remplacer". Les Eperviers devaient entrer en lice lundi.
Déception pour l'Angola
L'Angola a pris le risque d'organiser une partie de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN-2010) dans l'enclave séparatiste de Cabinda pour prouver que le pays était stabilisé, mais l'attaque meurtrière vendredi contre l'équipe du Togo a ruiné ses plans.
Depuis la fin d'une longue guerre civile (1975-2002), l'ancienne colonie portugaise est soucieuse de se présenter sous son meilleur jour pour attirer les investisseurs étrangers et financer sa reconstruction.
Les autorités ont organisé en septembre 2008 des élections législatives -les premières depuis 1992- qui ont légitimé le pouvoir du parti aux rênes du pays depuis l'indépendance, donnant plus de 80% des voix au Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA).
En décembre, Luanda a accueilli un sommet de l'Opep et la CAN devait parachever ce processus de normalisation.
"Ce tournoi était comme un bal des débutantes pour l'Angola qui devait y fêter son entrée dans le monde", estime Paula Roque, analyste à l'Institut des Etudes sécuritaires (ISS) de Johannesburg.
À deux jours du coup d'envoi, des séparatistes de l'enclave de Cabinda (nord) ont balayé ces efforts en mitraillant le convoi de la sélection togolaise qui arrivait dans la province.
Les images des joueurs en pleurs, devant l'hôpital de Cabinda, ont fait le tour du monde, rappelant que "l'Angola a aussi ses points faibles", selon Mme Roque.
Cette attaque est une "sonnette d'alarme tardive mais néanmoins sérieuse" à l'attention du gouvernement, ajoute Rafael Marques, journaliste angolais et militant des droits de l'Homme.
"Il y a toujours eu cette crainte qu'un incident ne survienne pendant la CAN, et que la tenue de matches à Cabinda soit risquée", estime-t-il. "Le gouvernement était censé prendre des mesures de sécurité, mais il ne l'a pas fait."
De toutes façons, selon lui, "les vrais problèmes du Cabinda" sont ailleurs, avec un "taux de chômage très élevé et le manque de justice sociale et économique". "Tant que ce ne sera pas résolu, les problèmes continueront", dit-il.
L'enclave angolaise de Cabinda, coincée entre le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo (RDC), est très riche en pétrole mais la population locale n'en profite pas.
Plusieurs mouvements indépendantistes, dont le Front de libération de l'enclave de Cabinda (Flec) qui a revendiqué l'attaque de vendredi, recrutent grâce à ce mécontentement.
En 2006, Luanda a signé un accord de paix avec un responsable du Flec, Antonio Bento Bembe, et prétend depuis que la province est pacifiée. Mais une partie du Flec a dénoncé cet accord et continué de revendiquer des attaques.
"Les accrochages ont continué, mais je pense que l'Angola croyait sérieusement qu'il ne se passerait rien pendant la compétition", dit Paula Roque.
Selon elle, les forces armées angolaises sont très professionnelles. "Ce sont les mieux entraînées de la région", juge-t-elle en avançant deux possibles explications à l'attaque: "soit les services de renseignements ont mal évalué le risque. Ou bien le Flec a saisi une opportunité sans planifier son action."
"Peut-être que les forces de sécurité angolaises ont sous-estimé le pouvoir de nuisance du Flec", reconnaît aussi M. Bento Bembe, devenu ministre des droits de l'Homme, dans un entretien à l'AFP.
Alex Vines, du groupe de réflexion londonien Chatham House, semble pencher pour l'autre option. Pour lui, l'équipe du Togo s'est jetée dans la gueule du loup "en passant par la forêt tropicale de Mayombe, où les séparatistes les plus radicaux du Flec sévissent depuis des décennies."
Le Brésil condamne l'attaque
Le Brésil a condamné samedi l'attaque contre l'autocar de l'équipe nationale du Togo à son arrivée en Angola, où elle venait disputer la Coupe d'Afrique des nations.
"Le gouvernement brésilien condamne de manière véhémente l'attentat perpétré par des séparatistes de l'enclave de Cabinda, en Angola, contre le véhicule qui transportait la sélection nationale de soccer du Togo", déclare le ministère brésilien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Il déplore également que "des athlètes et des événements sportifs soient visés par des actes de violence destinés à défendre des causes politiques".
Le Brésil, qui s'est rapproché ces dernières années des pays d'Afrique lusophone comme l'Angola, organisera le Mondial-2014 sur l'ensemble de son territoire et les Jeux olympiques 2016 à Rio de Janeiro.
Le soccer est le sport roi au Brésil, dont la sélection a remporté cinq titres mondiaux.
L'autocar de la sélection du Togo a été mitraillé alors qu'il franchissait la frontière entre le Congo-Brazzaville et l'Angola, où débute dimanche la CAN-2010.