L’essentiel du tournoi de qualification olympique était là : gagner le billet pour Rio et assurer au Canada une troisième participation consécutive aux Jeux. L’essentiel a été fait vendredi dernier, et de brillante façon devant un Costa Rica vaillant, mais dépassé devant la domination canadienne. Une fois ce billet en poche, il restait une ultime rencontre pour boucler le tournoi, la finale contre les États-Unis, une équipe que le Canada n’a pas vaincue depuis mars 2001, à la coupe Algarve du Portugal,  quand il avait remporté le match de groupe 3-0.

Une ultime rencontre, donc, qui n’était pas sans ramener quelques douloureux souvenirs à la mémoire. Cette défaite amère en demi-finale des jeux Olympiques de Londres remportée par les Américaines 4-3 en surtemps a laissé quelques plaies à vif qu’on aurait bien aimé cicatriser dans ce dernier match. Mais après une première mi-temps où le Canada a bien paru, quoi que les meilleures chances de marquer aient été américaines, la deuxième fut moins convaincante. La pression américaine a fait reculer les Canadiennes et un vent de panique a soufflé sur la défense. Plus d’approximation, moins d’actions tranchantes, le danger venait de partout.

Et c’est sur une mauvaise sortie de la gardienne Stéphanie Labbé (Erin McLeod laissée au repos pour soigner une vieille blessure à un genou) que le premier but est survenu. C’était là l’aboutissement inévitable d’une longue séquence de domination. Autant le début du match avait été brillant pour les Canadiennes, autant ce retour de la mi-temps aura été en demi-teinte. Continuant de jouer très bas, le Canada encaissait son deuxième but huit minutes plus tard.  Les États-Unis ont donc remporté, sans grande surprise, ce cinquième tournoi de qualification olympique, le cinquième à être tenu depuis que le soccer féminin est au programme des Jeux. Lors de la première édition en 1996, les huit meilleures équipes de la Coupe du monde précédente avaient été sélectionnées automatiquement.

Le tournoi olympique de Rio promet d’être fascinant et les Canadiennes feront partie des équipes à surveiller. Si John Herdman a fait tourner sa formation dans le tournoi de qualification, voulant donner un peu d’expérience à tout le monde, on a aussi vu qu’il pouvait s’appuyer sur un noyau solide de joueuses expérimentées qui auront beaucoup appris de la Coupe du monde l’an dernier. Christine Sinclair a encore montré qu’elle est une meneuse de premier ordre. Durant ce tournoi, elle a dépassé l’Américaine Mia Hamm au total de buts internationaux et est maintenant sur la piste d’une autre Américaine, Abby Wambach qui en totalise 184. Sinclair, 161 buts,  vise jouer encore jusqu’à la prochaine Coupe du monde en 2019 en France, l’objectif est donc très réaliste.

Autour de Sinclair, on retrouve les Bélanger, Tancredi, Wilkinson, Matheson, Scott, Chapman, Schmidt, Buchanan, Lawrence qu’on a toutes pu admirer à la Coupe du monde l’été dernier. À ces joueuses maintenant aguerries, même si Kadeisha Buchanan n’a que 20 ans, se sont jointes quelques jeunes très talentueuses comme Nichelle Prince et Rebecca Quinn, auteures de trois buts chacune contre le Guatémala et Gabrielle Carle, de Québec,  qui a aussi marqué son premier but international, à son deuxième départ en carrière. Et il ne faut pas oublier Jessie Fleming, 18 ans, qui avait eu de très beaux passages en Coupe du Monde l’an dernier et qui a déjà,  à son actif, 24 présences avec l’équipe nationale. En défense, Herdman pourra aussi compter sur Shelina Zadorsky qui a fait bonne impression.

Neuf équipes sont déjà qualifiées pour Rio, soit le Brésil (pays hôte), la Colombie, la France, l’Allemagne, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, la Nouvelle-Zélande, le Canada et les États-Unis. Les trois autres sortiront du tournoi de qualification de l’Asie, qui placera deux équipes parmi l’Australie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et la Corée du Nord, et du tournoi de qualification Europe où une équipe parmi les Pays-Bas, la Norvège, la Suède et la Suisse ira rejoindre la France et l’Allemagne qualifiées grâce à leur classement en Coupe du monde.

D’ici Rio, le Canada aura l’occasion de peaufiner son jeu et de gagner encore en expérience au tournoi d’Algarve au début mars, où seront cependant absentes les Américaines, tenantes du titre.

John Herdman vise un podium olympique. La compétition sera féroce, les adversaires redoutables, mais le Canada a de bons atouts et si tout le monde reste en forme et en santé, on peut se laisser à rêver d’une médaille…