Certains ne croient plus à la France "black-blanc-beur"
Soccer jeudi, 6 juil. 2006. 15:26 mercredi, 11 déc. 2024. 04:23
PARIS (AFP) - Huit ans après la Coupe du Monde de 1998 et huit mois après les émeutes de novembre, la ferveur autour de l'équipe de France de soccer reste intacte, mais le mythe de la France "Black-Blanc-Beur" semble ne plus convaincre tout le monde.
"En 1998, on a martelé le thème de la France black-blanc-beur. Tout le monde l'a épousé mais rien n'a changé. Aujourd'hui, plus personne ne peut y croire. Les gens sont contents que l'équipe de France soit forte mais cela reste au niveau sportif", estime Eugène-Henri More, maire adjoint PCF en charge de la jeunesse et des sports à La Courneuve (région parisienne).
L'élection présidentielle de 2002 et les émeutes de novembre 2005 sont passées par là, et avec elle une certaine prise de conscience des jeunes de banlieue: "Eux ne parlent pas de la France black-blanc-beur. Ils ironisent plutôt sur le thème de l'immigration choisie, en disant: 'Heureusement qu'on a laissé entrer un arabe, sinon, il n'aurait jamais eu de fils'" (en faisant allusion à Zinedine Zidane, NDLR).
Pour certains jeunes d'origine maghrébine comme Samir, de l'association de Dammarie-les-Lys (région parisienne) "Bouge qui bouge", le fait que Zidane soit l'homme-clé des victoires françaises est même un "pied de nez à la France qui ne les reconnaît pas".
désillusion
"La France black-blanc-beur ça n'existe pas. Les jeunes maghrébins savent qu'en France on ne les considérera jamais comme des vrais citoyens, et c'est pour ça que certains arborent des drapeaux algériens plutôt que des drapeaux français", affirme-t-il.
Témoin de cette désillusion, Saïd Benhamou, du Collectif partisan citoyen des banlieues de Montreuil (région parisienne). "En 1998, on avait de l'espoir. On y croyait à ce truc (de black blanc beur). Mais la société française est néo-colonialiste et profondément raciste. Elle ne permet pas aux jeunes d'origine immigrée de briller ailleurs que dans le football, l'humour ou la musique, et elle n'accepte que ceux qui la font gagner".
Et de souligner le "grand écart entre la façon dont les Thuram, les Zidane sont adulés et la façon dont nous autres - jeunes de banlieue - sommes perçus et vivons".
Les victoires françaises de 2006 ont été suivies comme en 1998 de scènes de liesse et de joie collective, toutes nationalités et toutes couleurs de peau confondues. Mais la tension entre supporteurs, notée par certains observateurs, et les agressions, certaines à l'arme blanche, montrent peut-être que sous la communion apparente les tensions communautaires et sociales qui se sont exprimées en novembre restent à vif.
"une escroquerie"
"C'est vrai que le Mondial rapproche les gens. Hier, place Saint-Jean à Melun, on a même trinqué avec des gens d'extrême-droite. Mais que restera-t-il de tout ça lundi ?", s'interroge Samir.
La ferveur qui s'exprime les soirs de match est en effet sans lendemain, analyse le sociologue Sébastien Roché, chercheur au CNRS et enseignant à l'Institut d'études politiques de Grenoble.
"En France, on n'a pas de difficulté à reconnaître les très grandes performances sportives des noirs. Ce n'est pas pour autant un levier pour lutter contre les discriminations. Le soir de la victoire, on partage quelque chose mais après on revient à la vie quotidienne: difficultés dans les quartiers, problèmes de discrimination".
"L'expression black blanc beur a été récupérée par les politiques, et c'est un peu une escroquerie", conclut-il.
"En 1998, on a martelé le thème de la France black-blanc-beur. Tout le monde l'a épousé mais rien n'a changé. Aujourd'hui, plus personne ne peut y croire. Les gens sont contents que l'équipe de France soit forte mais cela reste au niveau sportif", estime Eugène-Henri More, maire adjoint PCF en charge de la jeunesse et des sports à La Courneuve (région parisienne).
L'élection présidentielle de 2002 et les émeutes de novembre 2005 sont passées par là, et avec elle une certaine prise de conscience des jeunes de banlieue: "Eux ne parlent pas de la France black-blanc-beur. Ils ironisent plutôt sur le thème de l'immigration choisie, en disant: 'Heureusement qu'on a laissé entrer un arabe, sinon, il n'aurait jamais eu de fils'" (en faisant allusion à Zinedine Zidane, NDLR).
Pour certains jeunes d'origine maghrébine comme Samir, de l'association de Dammarie-les-Lys (région parisienne) "Bouge qui bouge", le fait que Zidane soit l'homme-clé des victoires françaises est même un "pied de nez à la France qui ne les reconnaît pas".
désillusion
"La France black-blanc-beur ça n'existe pas. Les jeunes maghrébins savent qu'en France on ne les considérera jamais comme des vrais citoyens, et c'est pour ça que certains arborent des drapeaux algériens plutôt que des drapeaux français", affirme-t-il.
Témoin de cette désillusion, Saïd Benhamou, du Collectif partisan citoyen des banlieues de Montreuil (région parisienne). "En 1998, on avait de l'espoir. On y croyait à ce truc (de black blanc beur). Mais la société française est néo-colonialiste et profondément raciste. Elle ne permet pas aux jeunes d'origine immigrée de briller ailleurs que dans le football, l'humour ou la musique, et elle n'accepte que ceux qui la font gagner".
Et de souligner le "grand écart entre la façon dont les Thuram, les Zidane sont adulés et la façon dont nous autres - jeunes de banlieue - sommes perçus et vivons".
Les victoires françaises de 2006 ont été suivies comme en 1998 de scènes de liesse et de joie collective, toutes nationalités et toutes couleurs de peau confondues. Mais la tension entre supporteurs, notée par certains observateurs, et les agressions, certaines à l'arme blanche, montrent peut-être que sous la communion apparente les tensions communautaires et sociales qui se sont exprimées en novembre restent à vif.
"une escroquerie"
"C'est vrai que le Mondial rapproche les gens. Hier, place Saint-Jean à Melun, on a même trinqué avec des gens d'extrême-droite. Mais que restera-t-il de tout ça lundi ?", s'interroge Samir.
La ferveur qui s'exprime les soirs de match est en effet sans lendemain, analyse le sociologue Sébastien Roché, chercheur au CNRS et enseignant à l'Institut d'études politiques de Grenoble.
"En France, on n'a pas de difficulté à reconnaître les très grandes performances sportives des noirs. Ce n'est pas pour autant un levier pour lutter contre les discriminations. Le soir de la victoire, on partage quelque chose mais après on revient à la vie quotidienne: difficultés dans les quartiers, problèmes de discrimination".
"L'expression black blanc beur a été récupérée par les politiques, et c'est un peu une escroquerie", conclut-il.