C’est le 2 décembre 2020 que tout a basculé.

 

Alors qu’on se demandait comment planifier les visites familiales d’un premier Noël en temps de Covid, Radio-Canada sortait une bombe. L’Impact de Montréal prévoyait changer son nom et deviendrait le Montréal FC.

 

La première portion de la nouvelle frappait dans le mille. Pour la deuxième, on avait échappé les pièces de Scrabble par terre.

 

Avec le recul, on peut dire que c’était le début de la fin pour le premier président embauché à l’externe par l’organisation.

 

L’avant

 

Le rebrand et tout ce qui a suivi peuvent vite faire oublier que l’arrivée de Kevin Gilmore étaient accueillie à bras ouverts en janvier 2019. Le simple fait que Joey Saputo quittait les opérations quotidiennes du club était considéré comme un pas important vers une nouvelle ère.

 

Ensuite venait un discours qui détonnait avec celui du passé.

 

Avant 2019, on blâmait régulière le public, le Montréal Inc., la ville et j’en passe pour les insuccès du club ou un manque de buzz. Gilmore, lui, constatait plutôt que l’identité du club n’était pas bien définie et qu’on avait pris le marché pour acquis lors du passage en MLS.

 

Pour une première fois, on semblait être prêts à se regarder dans le miroir et apporter des améliorations, plutôt que de pointer l’autre du doigt.

 

Le nouveau président affirmait également que les décisions de l’organisation ne seraient plus dictées par les émotions du moment, mais bien par un plan et une vision à plus long terme. Enfin!

 

L’après

 

Les réactions virulentes à la présentation du 14 janvier ont semblé traumatisantes pour Kevin Gilmore. Qu’on soit d’accord ou non avec ses décisions, on ne peut qu’imaginer l’effet de telles critiques sur la personne et sa famille.

 

Bonne idée de ramener le nom de l'Impact?

Au final, la fracture a été nette et tout le monde s’est braqué.

 

J’ignore si c’était sa volonté ou celle des propriétaires, mais la communication régulière de 2019/2020 s’est envolée en fumée. Pourtant, ce ne sont pas les sujets chauds qui manquaient depuis 10 mois.

 

Rebrand, rapatriement d’une équipe délocalisée en Floride, retrait de la candidature de Montréal pour la Coupe du Monde 2026, bannissement des Ultras, projets d’améliorations au Stade Saputo...

 

La situation était peut-être différente à l’interne mais de l’extérieur, plusieurs personnes demandaient un leadership plus important.

 

En ce sens, les propriétaires auraient pu sortir pour enlever un peu de chaleur au président lorsque ça s’est mis à déraper. Après tout, ils ont bien donné leur autorisation pour des décisions majeures comme le changement d’identité et l’exclusion des Ultras.

 

Conclusion

 

Se contenter de lyncher Gilmore ne servirait à rien. Ce serait une énorme erreur de penser que son départ et un éventuel retour de l’Impact arrangerait tout comme par magie.

 

Ce serait passer à côté d’une précieuse leçon que le club tarde à apprendre.

 

La vraie conclusion à tirer de la dernière année n’est pas spécifique au président ou au rebrand. Elle s’applique à l’entreprise dans son ensemble depuis des années (voire toujours).

 

Le club a et a toujours de profondes lacunes de communication.

 

C’est parce qu’il communique mal que les gens s’y sentent toujours plus critiqués qu’appréciés, que ses supporters ne se sentent pas entendus et qu’il y a tant d’embrouilles avec les anciens.

 

Il n’y a pas si longtemps, les mêmes frustrations existaient du côté technique. Puis, Olivier Renard est arrivé. Malgré ses principes forts, on sent toujours le directeur sportif à l’écoute et soucieux d’expliquer pour être compris plutôt qu’avoir raison.

 

À mes yeux, c’est ce qui a le plus manqué du côté business au cours des dix derniers mois. Le dialogue.

 

C’est aussi la clé des succès de l’entreprise dans les mois et années à venir.

 

La suite

 

Il sera facile d’utiliser le changement d’identité pour définir le règne de Kevin Gilmore. Je préfère toutefois y voir le moment où le club s’est doté d’un organigramme digne des ambitions que nourrissent les propriétaires.

 

En ce sens, on pourra toujours lui dire merci.

 

Le prochain président (ou la prochaine présidente) fera certainement de même avant de se plonger dans les dossiers chauds. Revenir à l’Impact ? Ramener les Ultras ? Quelles rénovations faire au Stade Saputo?

 

Le fait qu’une recherche soit déjà en cours pour trouver un successeur devrait d’ailleurs rassurer les supporters qui doutaient que le club était en ville pour rester.

 

Une étude de marché pour améliorer le stade et des démarches pour trouver un nouveau président ne vont pas de pair avec des intentions de quitter.