Le nouvel entraîneur-chef du CF Montréal Hernán Losada est condamné à gagner

Les changements d'entraîneur dans le merveilleux monde du sport professionnel s'inscrivent généralement dans un contexte bien particulier : une équipe sombre dans l'abîme et la direction est désespérément à la recherche d'une solution pour s'extirper du marasme. Rinse and repeat.

C'était assurément la formule préconisée par le CF Montréal lorsqu'il était connu sous le nom de l'Impact pendant ses premières années en MLS. Jesse Marsch, Marco Schällibaum, Frank Klopas, Mauro Biello, Rémi Garde ainsi que Wilmer Cabrera se sont succédé à un rythme que même le directeur des programmes d'une station de radio trouverait exagéré. Thierry Henry et Wilfried Nancy sont quant à eux partis de leur plein gré, mais leur règne n'a pas vraiment été plus long.

Malgré tout, le vice-président et chef de la direction sportive Olivier Renard a révélé jeudi qu'il y avait eu énormément d'intérêt pour le poste laissé vacant par Nancy. De nombreux agents l'ont contacté afin de promouvoir la candidature de leur protégé. Renard a finalement arrêté son choix sur l'ancien entraîneur-chef de Beerschot, en Belgique, et de D.C United Hernán Losada.

L'arrivée de Losada s'effectue résolument dans une période de transition pour le CF Montréal. Après avoir connu la meilleure saison régulière de son histoire en MLS, l'équipe a brillamment su tirer profit de l'intérêt envers certains de ses joueurs pour les transférer sous d'autres cieux.

Ainsi, le milieu offensif Djorde Mihailovic, l'arrière droit Alistair Johnston et le milieu central Ismaël Koné, notamment, poursuivront leur carrière avec l'AZ Alkmaar (Pays-Bas), le Celtic de Glasgow (Écosse) et Watford (Angleterre). Pour les remplacer, Renard s'est tourné vers le défenseur central George Campbell (Atlanta) et l'arrière droit Aaron Herrera (Real Salt Lake).

D'autres joueurs qui font déjà partie du CF Montréal sont également appelés à occuper un rôle plus significatif au sein de la formation et il s'agit d'un projet qui enchante visiblement Losada.

« Le club est reconnu pour le développement des jeunes joueurs, pour donner une opportunité aux jeunes de l'académie, a expliqué Losada en conférence de presse. Les trois-quatre dernières années ont été exceptionnelles à ce chapitre. L'histoire de Koné en est une très belle preuve. »

Mais est-ce seulement les athlètes qui ont le droit de rêver aux équipes nationales ou encore aux grands clubs européens? Aux dires de Renard, la réponse est non, même si le président Gabriel Gervais avait précédemment avoué vouloir amener de la stabilité au poste d'entraîneur.

« J'ai toujours perçu Wilfried comme si c'était un joueur, a avoué Renard. C'est quelqu'un qui s'est formé à notre académie et s'il performe avec le Crew à Columbus, ce sera tant mieux. »

Gervais aurait pu faire les gros yeux, mais au contraire, il a semblé immédiatement inspiré par les propos de son chef de la direction sportive. « Il ne faut pas oublier que la moyenne de la durée des mandats des entraîneurs dans la ligue est de deux ou trois ans, a rappelé le président.

« Les gens sont aujourd'hui beaucoup moins portés à faire carrière longtemps au sein d'une même entreprise. C'est vrai dans le sport, mais également dans les autres sphères de la société comme celle où j'évoluais avant. L'idée, pour convaincre Hernán, c'était de lui faire comprendre la riche histoire de notre club, nos visions, nos valeurs… que nous sentions la même énergie. »

Losada n'a pas nécessairement eu le temps de parler de ses projets d'avenir, étant davantage contraint à défendre son bilan mitigé à Washington, mais il a néanmoins eu le temps de parler de son penchant pour l'attaque et de son désir de présenter un club compétitif sur le terrain.

Sauf qu'il s'agit déjà d'un énorme contrat, puisque Renard a admis lui-même que les résultats feront foi de tout. Dans le fond, il sait trop bien que pour « revivre les mêmes sensations avec un stade plein », le CF Montréal est condamné à gagner. Peu importe les joueurs sur le terrain.