MONTRÉAL – Depuis le jour où il s’est fait connaître par les partisans du CF Montréal, Bjorn Johnsen projette l’image d’un homme équilibré et réfléchi, un bourlingueur cultivé doublé d’un sacré bon vivant. Il faudra plus qu’une léthargie de quelques centaines de minutes pour l’en éloigner.

Quelques jours après une première titularisation dont il est rentré bredouille, l’attaquant de 29 ans a dédramatisé le passage à vide que traverse son équipe. Le CF MTL a été blanchi à ses deux dernières sorties et est sans but à ses 228 dernières minutes de jeu.

« C’est encore tôt, la saison commence à peine et je ne pense pas qu’on ait un problème, a plaidé Johnsen à la veille d’un match de milieu de semaine contre l’Inter Miami CF. On essaie de nouvelles combinaisons et comme je l’ai dit auparavant, au soccer, tout est une question de rythme. »

Depuis le début de la saison, l’entraîneur-chef Wilfried Nancy privilégie un schéma tactique à deux attaquants. Romell Quioto est le seul joueur à avoir débuté les quatre matchs du nouveau calendrier à cette position. Mason Toye, Erik Hurtado et Johnsen se sont séparé le travail à ses côtés. De ce trio, seul Toye avait un peu de vécu au sein de l’organisation montréalaise à l’ouverture du camp d’entraînement.

« Je suis nouveau dans l’équipe et comme je suis parti en équipe nationale, je n’ai pas eu de présaison complète avec mes coéquipiers, poursuit Johnsen. Je n’ai pas pu établir de connexion avec Romell, Erik, Mason ou Lassi [Lappalainen]. C’est difficile de trouver un rythme avec tout le monde en si peu de temps. Mais on voit une progression. »

« Il n’a vraiment aucun poids sur nos épaules. On se sent bien ensemble et on sent qu’on s’améliore de jour en jour », insiste le Danois.

Johnsen a débuté les trois premiers matchs de la saison sur le banc. Chaque fois, il a obtenu une poignée de minutes en tant que substitut et a exercé une influence modeste sur le cours du jeu. Son nom a été inscrit sur le onze partant pour la première fois samedi contre les Whitecaps de Vancouver. Encore là, sa performance en a laissé plusieurs sur leur appétit.

Le longiligne buteur a obtenu sa meilleure occasion d’ouvrir son compteur à la 29e minute, quand il a envoyé un tir à bout portant dans les gants du gardien Maxime Crépeau. Il s’agissait de son premier tir cadré dans l’uniforme montréalais.

Le reste de son match a été une succession de gestes précipités et d’occasions ratées. La plus flagrante est survenue sur une descente avec Quioto, lorsque Johnsen a ignoré l’appel du Hondurien sur sa gauche pour armer une frappe qui est allée mourir loin de sa cible.

Des statistiques qui parlent

Les deux joueurs ont finalement été remplacés à la 58e minute. Nancy a notamment justifié sa décision en déplorant un manque de rythme, ajoutant qu’il souhaitait voir son équipe être « plus chirurgicale devant le but ».

« Évidemment, c’est beaucoup plus facile de critiquer quand on regarder à la télé, a répondu Johnsen a un collègue qui lui a demandé de décortiquer ses ratés avec Quioto. C’est beaucoup plus facile de voir toutes les options quand on a une vue d’ensemble. Je ne vois pas tout quand je suis sur le terrain! »

Au sujet de la passe qu’il n’a négligé de faire à Quioto, Johnsen a ajouté : « J’ai pris une décision. Romell et moi nous parlons constamment sur le terrain, on communique en espagnol et je crois qu’il a compris ce que j’avais en tête quand il m’a refilé le ballon au tout début de la séquence. Et il a eu ses occasions de prendre lui-même un tir durant la partie. »

Pour ce qui est de la séquence où il a été frustré par Crépeau, Johnsen a admis qu’il lui revenait de faire fructifier des opportunités de cette qualité.

« Mais il y en aura d’autres et je le prends avec un grain de sel, a-t-il ajouté. C’est à moi de me regarder dans le miroir, d’aller chercher l’avis de mes entraîneurs et de continuer à m’améliorer afin que la prochaine occasion du genre se retrouve au fond du but. »

« Mes statistiques parlent pour elles-mêmes, a dit celui qui revendique 86 buts en 238 matchs chez les professionnels. Elles disent que je peux marquer sur ce genre d’opportunités. »

Le jeu des comparaisons

La timide entrée en matière de Johnsen fait contraste avec l’éclat affiché par Mason Toye avant qu’une blessure ne le tienne à l’écart du jeu. Le natif du New Jersey a marqué de superbe façon dans chacun des deux matchs qu’il a débutés, élevant la barre pour quiconque allait devoir combler son absence.

Johnsen assure toutefois qu’à son âge, et avec son vécu, le bon rendement d’un coéquipier avec qui il est en compétition pour des minutes de jeu ne risque pas de l’énerver.

« Je ne m’en fais pas vraiment avec ce que font les autres. Je m’occupe de moi-même et je crois que présentement, on est tous heureux, peu importe qui marque les buts, parce que l’équipe fait bien. Le match contre Toronto était important, alors que ça soit Mason ou Romell ou un autre qui marque, ça n’a pas d’importance. »

« Personnellement, je n’en suis plus au point où je dois me mettre en valeur ou monter les échelons pour essayer d’attirer l’attention du Real Madrid. Je sais ce dont je suis capable et je ne me mets aucune pression parce que quelqu’un d’autre marque des buts. La pression que je ressens m’est imposée par moi-même, et peut-être un peu par ma femme, mais certainement pas des buts de Mason! »