MONTRÉAL – Le premier affrontement entre le CF Montréal et le Forge d’Hamilton avait été épique. Le second ne passera pas à l’histoire.

L’année dernière, le duel entre les deux équipes s’était décidé tard aux tirs de barrage sur un but du gardien montréalais Sebastian Breza. Pour la revanche, le plus grand suspense aura concerné la couleur du maillot qu’allait porter la mère de Mathieu et David Choinière, deux frères qui s’affrontaient pour la première fois chez les professionnels.

Avec une formation qui comptait sur un seul des titulaires qui avaient affronté Real Salt Lake quelques jours plus tôt, le CF Montréal a amorcé la défense de son titre de champion canadien en filant vers une victoire facile de 3-0 mercredi soir au Stade Saputo. Il a ainsi pris rendez-vous dans le carré d’as avec Toronto FC, qui s’était déjà qualifié pour la demi-finale la veille à Halifax. Le choc entre les deux rivaux aura lieu à une date qui reste à déterminer entre le 21 et le 23 juin.

Pendant que Djordje Mihailovic et Romell Quioto profitaient d’un congé réparateur, ce sont Sunusi Ibrahim et Matko Miljevic qui ont pris en charge le département offensif d’un onze frais et très dispos. Le premier a plié le match avec un tour du chapeau dans les 50 premières minutes, l’autre a été le complice de chacun de ses trois buts.

« À l’entraînement, les entraîneurs et même mes coéquipiers, parfois, me disent que je dois apprendre à mieux finir mes occasions parce que je rate souvent près du but, a réagi Ibrahim après la victoire. L’année dernière, j’ai raté beaucoup de chances. Alors ce soir, j’espère que c’est le début de quelque chose. J’espère que les buts vont continuer de venir. »

Les locaux ont contrôlé plus de 60 % de la possession du ballon et ont dirigé 17 tirs vers le gardien Triston Henry, dernier rempart d’une équipe sans ambition apparente. À lui seul, Ibrahim en a laissé partir cinq et les a tous cadrés.

Une seule des cinq propositions du Forge a touché le cadre. James Pantemis, qui retrouvait ses poteaux pour la première fois depuis le 23 octobre, n’a à peu près rien eu à dire dans l’histoire du match avant qu’une frappe de David Choinière ne le force à sauter pour protéger la partie supérieure de son filet en fin de soirée.

« On a joué notre pire période en trois ans et demi en première demie, a tranché l’entraîneur du Forge, Bobby Smyrniotis, après le massacre. On ne peut pas se présenter pour ce genre de match et ne pas y mettre plus d’énergie qu’on l’a fait ce soir. Ça prenait de l’énergie, ça prenait du mouvement et on n’avait rien de tout ça. J’aimerais pouvoir vous dire pourquoi, mais c’est ce qui est arrivé. »

« Elle est très dure à expliquer, honnêtement, se désolait David Choinière. On avait un plan de match. On a essayé de l’exécuter et ça n’a aucunement marché. On essayait de presser, on était en retard sur pratiquement tous les ballons. Ils étaient en surnombre au milieu à chaque fois qu’ils trouvaient un joueur. Un mi-temps dure à expliquer. »

« Peut-être qu’ils ont joué leur pire demie parce qu’on a été très bons avec le ballon, a suggéré l’entraîneur montréalais Wilfried Nancy. Ils ont commencé le match d’une certaine façon, après ils ont essayé de s’ajuster ça on ne leur a pas donné la chance de le faire. C’est pour ça que ça a été difficile. Honnêtement, de la façon dont on a joué ce soir en termes de concepts offensifs, c’est normal qu’ils aient eu de la difficulté. »

« Le début de quelque chose », souhaite Ibrahim

Dès qu’il avait appris, mardi, le rôle qui lui serait confié pour ce match de milieu de semaine, Ibrahim avait saisi l’importance de se montrer à la hauteur de la confiance placée en lui.

« Quand je suis retourné à la maison après l’entraînement, je me suis dit que je devais être meilleur, que je devais marquer. Depuis que j’étais revenu de ma maladie [NDLR : il a contracté la malaria en début de saison], j’avais joué dans trois ou quatre matchs et je n’avais toujours pas de but. Je m’étais mis au défi d’en marquer un ce soir. Finalement, j’en ai eu trois. »

Ibrahim a laissé un indice du genre de soirée qu’il avait dans les jambes dès la deuxième minute. Propulsé derrière la défense par un long ballon de Mathieu Choinière, le Nigérian a facilement gagné sa course pour se présenter seul devant Henry, qui lui a refusé l’accès au but grâce à une sortie bien calculée.

Scénario similaire à la 14e minute et cette fois, Ibrahim n’a pas raté son coup. À l’extrémité d’une combinaison plein axe amorcée par Joel Waterman et Miljevic, le héros du jour a commencé à écrire son histoire en trouvant l’ouverture entre les jambes du cerbère.

À la 22e, Miljevic et Kei Kamara ont découpé le bloc défensif somnolent du Forge dans la surface de réparation. Le vétéran attaquant s’est retenu de tirer et il avait une bonne raison de le faire. À sa droite, Ibrahim s’amenait libre de toute couverture. La finition a été un jeu d’enfant.

« « Quand j’ai marqué ce deuxième but, James m’a dit que je devais absolument en mettre un troisième, même si l’équipe en avait déjà cinq ou six. Il disait qu’il sentait que ça allait arriver », a révélé le jeune de 19 ans.

Ibrahim a complété le tableau en mettant la tête sur un coup franc tiré par Miljevic au retour des vestiaires. Il a quitté le match une dizaine de minutes plus tard, cédant sa place à la recrue Jojea Kwizera.

« Quand j’ai réussi, James m’a regardé et m’a dit : ‘Qu’est-ce que je t’avais dit, hein?’ », a conclu celui qui avait inscrit quatre buts en quelque 900 minutes à son arrivée à Montréal la saison dernière.

« Sunu, c’est un jeune, très jeune, et à l’entraînement il travaille bien mais il a besoin qu’on le pousse tout le temps pour qu’il continue à répéter et se mettre en danger, a relativisé Nancy. Aujourd’hui, ça récompense le travail qu’il fait et le fait qu’il accepte qu’on soit derrière lui à le chicoter de temps en temps. »

Le CF Montréal conclura une semaine chargée samedi en recevant la visite du FC Cincinnati.