Avant-match CF Montréal c. Toronto FC

Le mot nouveauté rime avec fébrilité et curiosité. Or, les amateurs de soccer du Québec sont sans doute fébriles et curieux de voir comment la première mouture du CF Montréal se tirera d'affaires en 2021, après tous les changements apportés au sein de l'équipe au cours des derniers mois.

Les nouveautés vont bien au-delà du nom et du logo. On les percevra, d'abord, le long de la ligne de touche avec Wilfried Nancy, dans le rôle d'entraîneur-chef, et Laurent Ciman et Jason Di Tullio, qui reviennent dans le giron de l'organisation montréalaise à titre d'adjoints.

On les verra aussi au sein d'une formation qui a dit au revoir à neuf joueurs de l'édition 2020, incluant Bojan, Maximiliano Urruti, Orji Okwonkwo, Jukka Raitala, Rod Fanni et Anthony Jackson-Hamel, et souhaité la bienvenue à dix autres qui évoluaient ailleurs l'année dernière. C'est notamment le cas du milieu de terrain Djordje Mihailovic, des défenseurs Zorhan Bassong, Kamal Miller et Kiki Struna, ainsi que des attaquants Erik Hurtado et Bjorn Johnsen.

Plusieurs de ces joueurs devraient être du premier rendez-vous officiel de la saison 2021, samedi après-midi contre le Toronto FC au stade de l'Inter Miami CF, le domicile du CF Montréal pendant au moins les trois premiers matchs du calendrier local.

Un défi

Avec autant de sang neuf, une question s'impose: combien de temps faudra-t-il à Nancy et à ses adjoints pour faire fonctionner à l'unisson des joueurs qui auront passé tout juste deux semaines ensemble pendant le camp d'entraînement, en raison de tournois internationaux et des quarantaines obligatoires liées à la pandémie?

La rencontre de samedi et celle qui suivra deux semaines plus tard contre le Crew de Columbus, les champions en titre de la Coupe MLS, pourraient y apporter un début de réponse.

Lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne à quelques jours du départ de l'équipe vers la Floride, Nancy paraissait d'ailleurs pleinement conscient de l'ampleur de la tâche qui l'attend. Toutefois, on sentait aussi qu'il avait hâte de réunir tous les éléments de son groupe, anciens et nouveaux, pour imprégner le CF Montréal de sa touche personnelle tout en maintenant une certaine continuité avec 2020.

« L'année dernière avec Thierry (Henry), de bonnes choses ont été mises en place. Cette année, je vais continuer dans la même direction, en ajoutant certaines choses. C'est sûr que cette année, il y a beaucoup plus de nouveaux joueurs, donc, il faut que l'interaction entre les joueurs prenne, et ça, ça prend du temps. Il va falloir que l'on trouve les bons outils pour que les joueurs soient capables de bien performer ensemble. Ça, c'est le plus gros défi », a reconnu Nancy.

Profondeur

Dans un contexte idéal, le Français de 44 ans aurait remplacé Henry et pris en charge une équipe identique à celle qui s'est taillé une place dans les séries éliminatoires de la MLS lors de la dernière rencontre du calendrier régulier, le 8 novembre. Ainsi, une forme de familiarité au sein du groupe aurait été au rendez-vous.

Toutefois, le directeur sportif Olivier Renard a cru nécessaire d'apporter des changements à une formation qui n'a gagné que huit de ses 23 matchs en MLS en 2020 et qui a concédé dix buts de plus qu'elle en a marqués.

Ces changements, affirme l'entraîneur-chef, apporteront de la profondeur à l'équipe et accentueront sa marge de man?uvre sur les lignes de côté.

« L'année dernière, on s'est rendu compte qu'il nous manquait des joueurs à des positions. Cette année, que ce soit au niveau des défenseurs, des milieux ou des attaquants, nous avons deux, voire trois joueurs à chaque position. Du coup, ça va me laisser le choix, en fonction des matchs, pour faire des rotations, pour changer des choses sur l'aspect du jeu, sur l'aspect tactique », souligne Nancy.

Si cette profondeur peut permettre au CF Montréal de couper le nombre de buts encaissés, Nancy aura atteint l'un de ses objectifs. Avec 43 buts accordés, la formation montréalaise a été la plus généreuse dans l'Association Est en 2020 et s'est classée au 23 rang parmi les 26 clubs du circuit Garber.

« J'aime que mon équipe soit capable de causer un problème à l'adversaire, qu'elle soit capable d'attaquer mais aussi de défendre. Je ne peux pas dissocier l'attaque et la défense, parce que ça marche ensemble. J'ai envie d'une équipe qui aime jouer, qui aime défendre aussi, qui est très agressive. Une équipe qui aime jouer, c'est une équipe qui aime poser des problèmes à l'adversaire. »

Adversité

Devant toute l'incertitude entourant le CF Montréal en 2021, une chose est sûre : le club devra encore jouer des matchs loin du stade Saputo et s'entraîner loin du Centre Nutrilait.

« Je vais dire aux joueurs, et les joueurs sont déjà préparés à ça, que pour l'instant, même les matchs à la maison sont des matchs à l'extérieur. Nous restons concentrés sur l'objectif qui est de rencontrer l'opposition et d'essayer de battre cette opposition-là, tout simplement », a rappelé Nancy.

Dans le meilleur des scénarios, l'équipe jouera une première partie à Montréal en juin. Et si des spectateurs devaient être admis dans le stade, ce retour ne sera que plus agréable, note l'entraîneur-chef.

« Nous avons juste hâte à une chose: de revenir à la maison et de jouer à la maison. Et même s'il n'y aura pas beaucoup de spectateurs - j'espère qu'il y en aura quand même et que le gouvernement ouvrira un peu les portes -, ce qu'on veut, c'est revenir chez nous et jouer un match de football normal, ou presque normal, devant nos fans, d'avoir des émotions et de donner des émotions à nos fans. »