Depuis près de 20 ans, les Ultras et le XI Montréalais entretiennent une relation qui menace constamment de basculer vers la confrontation. Cette relation amour haine semble avoir atteint un point de non-retour mercredi matin.

 

Par voie de communiqué, le CF Montréal a annoncé que la section 132 du Stade Saputo serait fermée pour une période indéterminée. Dans la foulée, les groupes de supporters qui y détiennent des billets ont également été bannis de tous les événements au stade.

 

Les raisons évoquées?

 

« Des agissements répétés de violence, d’agression verbale et physique, d’intimidation et de vandalisme, ainsi que l’utilisation fréquente de fumigènes, de dispositifs incendiaires et autres items pyrotechniques non autorisés. »

 

Si la section 132 est fermée pour une période indéterminée, le bannissement des groupes de supporters qu’on y trouve, lui, semble définitif.

 

Voilà l’élément le plus triste de l’histoire.

 

Bien avant Drogba

 

À la fondation des Ultras en 2002, l’équipe jouait au Centre Claude-Robillard, Patrice Bernier ne s’était pas encore envolé pour l’Europe et Joey Saputo venait de sauver l’organisation de la faillite.

 

Ce noyau dur était derrière le club bien avant l’inauguration du Stade Saputo, l’arrivée du club en MLS ou la signature de Didier Drogba.
 

Avec autant d’énergie, de temps et d’argent investis à encourager leur équipe d’un bout à l’autre du continent, il est compréhensible que ces supporters se sentent trahis. D’abord par le rebrand et maintenant par cette décision d’exclure leurs groupes du stade.

 

Les supporters doivent tout de même assumer qu’un certain nombre d’entre eux ont une constante volonté de tester les limites de l’autorité. Une limite qui a été atteinte et dépassée depuis le retour du club à Montréal en juillet.

 

Qui se ressemble s’assemble

 

Les Ultras se définissent comme la voix et l’âme du Stade Saputo. Ils visent plutôt juste. Dans l’immédiat, le stade ne sera tout simplement pas le même sans eux. J’ajouterais tout de même que cette voix est très revendicatrice et l’âme assez cynique.

 

Ce ne sont pas de mauvais traits en soit, mais à la longue ça peut devenir lourd.

 

Attention, je ne fais pas porter l’entière responsabilité aux Ultras. En fait, je crois qu’ils sont un parfait produit de leur environnement.

 

Pendant des années, le club était tout aussi revendicateur et cynique. Quand ce n’était pas du manque de buzz pour la Ligue des Champions ou de l’emplacement du stade «loin du centre-ville», c’est du manque de soutien du Montréal Inc. et des médias dont se plaignait la haute direction de l’Impact.

 

Plus de reconnaissance

 

Le club et les Ultras sont comme un vieux couple qui a oublié l’importance de se dire je t’aime de temps en temps. Tôt ou tard, si on ne se sent pas apprécié et valorisé,  l’amertume fini par s’installer. Depuis des lunes, on a l’impression que les deux s’endurent et mènent un combat plutôt qu’une vie commune.

 

En raison des plus récents incidents au stade, le CF Montréal a décidé de tirer la plug sur cette relation devenue dialogue de sourds. Une décision qui se défendra toujours puisqu’elle place la sécurité de son public au cœur de sa décision.

 

Était-ce opportuniste? Je ne saurais dire.

 

Aurait-il été possible de sanctionner sévèrement les individus responsables ou donner un ultimatum public avant de faire tomber le couperet sur la section au complet? Probablement.

 

Pour que le club soit prêt à sacrifier un des deux poumons de son stade et des revenus importants, il ne croyait clairement plus à la possibilité de travailler ensemble avec les supporters de cette portion du stade.

 

Le CF Montréal prend tout un pari. Celui de pallier, à terme, l’absence des Ultras au Stade Saputo. Pas la moitié d’une mission.

 

La suite

 

Je souhaite sincèrement que les Ultras et le club puissent s’assoir et trouver le moyen de ramener ces groupes de supporters dans les gradins.

 

Je suis cependant conscient que rien ne pointe vers ce genre de réconciliation. Reste à savoir ce qui adviendrait de la section 132 si les Ultras n’y retournaient jamais.

 

Personnellement, j’espère toujours une section exclusivement réservée aux fans de 12 à 17 ans. Un espace où les jeunes peuvent s’approprier le stade et développer une culture de supporters aux racines fortes qu’ils pourraient transplanter à une autre section du stade à l’âge adulte.